Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 17 Juin 2025
Jeune homme devenu l'agent de contrôle de 303 au sein de PGT, 505 doit en réalité énormément à celui dont il a la charge, et c'est ce que toute la première moitié de ce deuxième volume va nous inviter à comprendre en nous plongeant dans les souvenirs de celui qui, à l'origine, s'appelle Jiri. Des souvenirs qui s'étendent depuis leur première rencontre, alors que Jiri n'était qu'un petit garçon élevé dans des croyances funestes et abandonné en forêt, jusqu'au présent du récit où la complicité des deux personnages est alors pleinement exposée, en passant par une brève colocation dans une cabane abandonnée qu'ils ont rénovée ensemble, et par certaines rencontres décisives à l'image de celle de Sumihito.
Dans un premier temps, Sakana Sakatsuki captive par sa manière poétique de remonter le fil des souvenirs de Jiri, en éclairant parfaitement tout l'impact que 303 a pu avoir sur lui au fil du temps, en ouvrant considérablement son monde auparavant très étriqué, en lui apprenant à exprimer son ressenti, ses ses sentiments et ses désirs, en lui permettant de se confier... le tout dans une infinie douceur, mais aussi avec tout ce qu'il faut aussi de nouvelles informations et de mystères supplémentaires autour de 303. Pourquoi ne dort-il jamais ? Quelle est cette photo dont il prend tant soin ? Quel est son rapport avec les baies rogues et les forêts de tobias ? Pourquoi semble-t-il fuir la compagnie des gens ? Pourquoi voyage-t-il, dans le fond ? Et finalement, qui est-il vraiment ? Si de nombreux éléments de réponses continuent de soigneusement se dévoiler sous la plume fine de Sakatsuki, d'autres entretiennent encore une part nébuleuse qui fascine de plus belle.
La suite de cet épais volume d'environ 250 pages n'est pas en reste, quand bien même 303 s'y offre des vacances sans doute bien méritées, lui permettant de profiter des derniers instants d'un monorail-couchette lui ayant apporté au fil du temps beaucoup de choses minimes mais précieuses, puis lui offrant l'occasion de concevoir des lampes de lecture et de se rapprocher un peu de Fifi, cette collègue qui semble le détester. Et quand notre héros reprend ses missions de préservation culturelle, c'est pour accompagner, sur une planète déjà endormie, les derniers moments d'éveil d'une jeune fille qui est en pleine germination et qui va donc bientôt connaître inévitablement le sommeil sans réveil, avec tout ce que ça implique de mélancolie, de douceur et de derniers instants dont il faut soigneusement profiter.
Au fil de tout ceci, Sakatsuki continue d'évoquer avec soin et impact beaucoup de sujet universels et très humains: les croyances, les relations, les sentiments, la transmission, la mémoire, le souvenir, le rapport à la mort, le besoin de profiter du moindre instant avant qu'il ne disparaisse et de préserver les choses "inutiles" qui ne le sont peut-être pas tant que ça... le tout dans une tonalité poétique déjà vue dans le premier volume et qui continue d'être sublimée par un très beau travail graphique, avec notamment son lot de designs faussement naïfs, de compositions spatiales contemplatives, de contrastes noir/blanc ou encore de jeux de lumière. Ainsi, Ce deuxième opus confirme allègrement tout le charme déjà vu dans le premier tome, et fort logiquement le troisième volume devrait continuer dans cette veine au vu des retrouvailles très intrigantes ayant lieu dans les dernières pages.