Persona 4 Vol.10 : Critiques

Sôji et les siens se précipitent dans le monde derrière la télé afin de sauver Nanako des griffes de Namatame, le suspect principal de la série de meurtres et de kidnapping. L'affrontement ne se fait pas attendre quand le criminel absorbe les shadows des alentours pour devenir une puissante entité qui, par ses pouvoirs, parvient à manipuler Sôji. Dans ces conditions, le groupe parviendra-t-il à sauver Nanako à temps ?

Après une série d'épisodes davantage centrés sur le quotidien des personnages, le manga Persona 4 est entré dans une phase plus sérieuse et intense, qui prépare le récit pour son segment final. Après ce dixième tome, il ne restera donc que trois opus avant le fin mot de l'histoire, ce qui se ressent par les enjeux dépeints par cette suite.

Le train train gentillet des jours de Sôji a donc pris fin tandis que le coupable semble s'être dévoilé, ce qui conduit à un combat inéluctable contre lui. Mais comparé aux arcs précédents, le drame est plus prononcé ici, ce par l'importance que revêt Nanako, innocente fillette qui ne pourra résister aussi longtemps que ses amis dans ce monde parallèle hostile. Ceci couplé à la présence d'un Namatame incohérent et insondable, ce qui pousse le lecteur à se questionner de mille façons, et on obtient une première partie de tome nerveuse dans la course contre la montre qu'elle installe.

Et il serait assez difficile de parler de la suite sans évoquer la moindre progression du scénario. Fidèle à l'intrigue du jeu d'origine, Shûji Sogabe renoue avec la tranche de vie, tout en nous laissant dans une permanente incertitude quant à la suite des événements. Car rien n'est encore joué, ne serait-ce parce qu'il reste bien des mystères à résoudre, la traque du criminel n'étant pas une fin en soit. A ceci s'additionne une enjeu supplémentaire : Un étrange brouillard qui semble s'abattre sur Inaba, une brume digne de celle du monde de derrière les écrans... L'ensemble peut paraître assez confus tant il est difficile, pour l'heure, de savoir où tut ça va nous mener, aussi les trois derniers volets auront pour tâche d'implanter toutes les justifications lourdes de sens, présentes dans les jeux.

Celles et ceux qui auraient eu tendance à sous-estimer le manga Persona 4 apprécieront donc un tome dix beaucoup plus dense et intense, ne serait-ce pour son caractère dramatique poignant de bout en bout. Dans cette optique, l'auteur fait un excellent travail d'adaptation, retranscrivant à la fois les éléments des jeux au moment opportun, tout en intégrant des idées complètement inédites. C'est le cas du développement de Sôji, le protagoniste n'ayant aucun background dans le soft d'Atlus (puisqu'il est l'avatar anonyme du joueur). Sa psychologie est ici construite et cohérente par rapports aux thèmes de Persona 4 et à ses personnages, ce qui permet même à l'artiste de puiser dans quelques ajouts de la version « Golden » pour enrichir ses interactions.

Sans aucun doute, Shûji Sogabe nous offre le meilleur tome de son adaptation à ce jour. Parce que l'intrigue est plus intense et que l'auteur la transpose de manière rythmée, reconstruisant le jeu comme un superbe puzzle, avec d'agréables instants de narrations, ce dixième volume s'impose comme une excellente lecture de bout en bout. Place maintenant aux trois derniers tomes, ceux qui donneront tout son sens à l'intrigue du manga.