Père & Fils Vol.3 - Actualité manga
Père & Fils Vol.3 - Manga

Père & Fils Vol.3 : Critiques

Chichi Kogusa

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 25 Août 2016

Les quelques jours où Torakichi est tombé malade lui ont fait prendre conscience d'une chose. Une chose que l'inquiétude de Shiro à l'idée de perdre son père n'a fait que renforcer : s'il veut pouvoir concilier son travail d'herboriste et son rôle de père, il doit lâche un peu de lest, moins se tuer à la tâche. Ainsi a-t-il accepté ce qu'il n'avait jamais fait avant : confier une partie de ses clients à ses collègues Yuzuru et Chiharu. Cela fait, c'est une autre décision importante qu'il prend : à l'approche des fêtes de fin d'année, Shiro et lui vont rentrer au village. Ce village où l'attend fermement sa soeur Tatsumi. Ce village où il a grandi avec ses amis. Ce village où il a vécu, quand il n'était pas sur les routes, avec Shiori...

Ce tome s'ouvre sur une figure importante de l'oeuvre : Tatsumi, la soeur stricte et sévère de Torakichi. Il se refermera également quasiment sur elle, après nous avoir permis de mieux la cerner, de mieux comprendre la réelle forme de bienveillance que cette femme forte possède derrière ses allures sévères. Régulièrement évoquée dans les deux premiers tomes comme celle ayant pris en charge Shiro quand Torakichi l'a laissé derrière lui, Tatsumi est enfin mise en lumière, on la ressent bien en tant que pilier pour ses frères, ses enfants, ses neveux, et l'on suit ça avec beaucoup d'intérêt, mais aussi d'amusement tant son caractère peut faire des étincelles.
Mais Tatsumi est loin, très loin d'être la seule figure du tome mise en avant. Car forcément, revenir au village implique pour Torakichi beaucoup de choses. Voir ressurgir une grande vague de souvenirs de sa défunte aimée sitôt la porte de leur ancienne maison ouverte. Retrouver son frère Kanoe et son beau-frère Soma, ainsi que son neveu Kota et sa nièce Sanako. Retrouver ses amis d'enfance Kaya et Hana qui sont eux-mêmes en train de vivre une épreuve difficile...

Tous ces personnages sont au coeur du volume, participent chacun à sa réussite et à son charme. Soma et Kanoe forment un duo amusant, encore plus quand Tatsumi les reprend, mais cela ne les empêchera de montrer à leur manière des signes de bienveillance. Kota et Sanako s'avèrent joliment complémentaires dans leur caractère opposé (le premier est plutôt calme et perspicace, la deuxième est beaucoup plus fonceuse), et montreront envers Shiro un beau comportement, un peu comme des frères et soeur protecteurs. Quant à Kaya et Hana, les amis d'enfance de Torakichi aujourd'hui mari et femme dans la tourmente, ils sont sûrement ceux qui amènent le plus de choses dans le tome : des visions de l'enfance de Torakichi dans le village, puis de l'époque où Shiori est arrivée et de la façon dont elle s'est adaptée... et surtout du drame ayant amené sa mort, une mort où Kaya, pendant toutes ces années, n'a cessé de se sentir coupable à tort. Sur ce dernier point,  Mi Tagawa aborde avec force le sentiment de culpabilité, mais aussi la douleur de Kaya de ne pas réussir à avoir d'enfant, ainsi que ce que tout cela implique sur sa relation avec Hana. L'un des enjeux du tome sera alors de permettre au couple de se ressouder, notamment en se remémorant les jeux de l'enfance.

Au fil de tous ces personnages différents que l'on découvre avec beaucoup de plaisir tant ils sont bien campés, Tagawa s'intéresse peut-être un peu moins à l'herboristerie, par contre elle excelle dès qu'il s'agit de profiter de ce retour au village pour peaufiner ses deux personnages principaux.
Pour Torakichi, qui retrouve devant lui Tatsumi à qui il avait soudainement repris Shiro, l'heure est venue de montrer qu'il a bien changé et qu'il tient son rôle de père à coeur, mais l'occasion nous est aussi donnée de mieux comprendre pourquoi, à l'époque du décès de Shiori, il avait choisi de partir sans son fils. Une jolie preuve que Mi Tagawa n'oublie rien du développement tout en finesse de ce père encore mal assuré, mais aimant et faisant de son mieux.
Shiro, lui, reste ce petit garçon adorable que l'on connaît déjà, avec ses frimousses et ses sourires innocents naturellement attendrissants. Le bout de chou confirme lui aussi qu'il grandit, pleure beaucoup moins qu'avant, prend son courage à deux mains pour ne pas gêner son père et pour lui rendre à sa manière son amour. La découverte plus approfondie de sa naissance, de son enfance avec sa mère ou avec ses neveu et nièce, des moments passés avec un père qui avait alors un peu de mal à aller vers lui quand il rentrait, du soin qu'a eu Tatsumi à le prendre en charge dans les moments les plus durs... sont autant d'éléments montrant toute la valeur qu'il a pour son entourage.
Enfin, le personnage le mieux mis en valeur dans ce tome est sans doute celle qui n'est pourtant plus là, Shiori. A travers les souvenirs partagés, les focus sur des personnages comme Tatsumi ou Kaya, et le petit ange Shiro qu'elle a laissés derrière elle, elle imprègne constamment les pages de sa présence, et est celle qui constamment soude comme une grande famille l'entourage de Torakichi et Shiro.

La justesse de Mi Tagawa dans sa narration et dans l'expression de ses personnages reste exemplaire, et à cela il faut ajouter le soin apporté aux quelques événements plus traditionnels ainsi qu'aux décors de ce paisible village plongé dans un hiver à la fois froid (de par son climat) et chaleureux (de par ses personnages).

On ressort à nouveau de la lecture chamboulé, sans doute plus encore que dans les deux premiers tomes. Troisième tome, et troisième pépite pour Père & Fils, qui confirme plus que jamais toute sa beauté.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs