Parasites Amoureux Vol.1 - Actualité manga

Parasites Amoureux Vol.1 : Critiques

Koi suru Kiseichû

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 19 Février 2020

Sugaru Miaki est un auteur de romans que nous voyons de plus en plus souvent, en France. C'est d'abord Akata qui présente l'écrivain dans nos contrées, avec son œuvre « Pour trois jours de bonheur, j'ai vendu le reste de ma vie ». C'est aussi ses écrits sur lesquels les éditions Delcourt/Tonkam s'appuient pour lancer une nouvelle collection, vouée à n'être ancrée dans aucune classification précise, et s'élargissant aussi bien aux romans qu'aux mangas.

Ainsi, plusieurs titres que l'on doit, d'une manière ou d'une autre, à Sugaru Miaki lancent le label, en ce mois de février 2020. Côté manga uniquement, ce sont « Pour trois jours de bonheur, j'ai vendu le reste de ma vie » et « Derrière le ciel gris » qui sont proposés. Programme plus vaste pour « Parasites Amoureux », dont le roman comme le premier tome de l'adaptation manga signée Yûki Hotate sont proposés. Manga qui fut lancé en 2018, dans le magazine Shônen Ace de l'éditeur Kadokawa Shoten, pour s'achever en décembre 2019. Trois tomes au total pour cette série courte, mais suffisamment longue pour couvrir, a priori, l’œuvre originale de manière fidèle.

Kengo Kôsaka est un chômeur qui ne sort pas de chez lui, et pour cause. Ce dernier souffre de troubles obsessionnels liés aux parasites, et ne supporte pas le contact avec autrui. Des TOC qui l'ont poussé à s'enfermer chez lui et à nourrir une haine de l'isolation, au point que Kengo ait développé un malware ayant pour but de couper les communications entre appareils mobiles, le soir du réveillon de Noël, ce pour empêcher les couples et proches de se rejoindre.
Sa manœuvre est découverte par un homme mystérieux qui décide de le faire chanter. Pour ne pas être dénoncé aux autorités, Kengo devra s'occuper de Hijiri Sanagi, une adolescente de 17 ans qui ne fréquente plus le lycée. Deux individus souffrants de troubles différents, mais qui se rapprocheront lors de ce rapport forcé, mais qui pourrait devenir de plus en plus sincère au fil du temps...

Parasites Amoureux part sur un postulat de base plutôt étrange, pour ne pas dire lugubre. Sur les premières pages, il est plutôt difficile de prédire le ton qu'abordera le récit. Celui du mystère ? De la mélancolie ? Un peu des deux, mais on est d'abord tenté de privilégier l'aura étrange, notamment parce que les deux protagonistes eux-mêmes arborent des comportement singuliers, tandis que le mystérieux commanditaire de la « mission » n'a rien de très net.

Mais la mise en bouche n'est pas forcément le reflet de l'ensemble du volume. Car petit à petit, des réponses quant aux deux individus que sont Kengo et Hijiri nous sont délivrées, ce qui permet au récit d'aborder un de ses sujets centraux, celui des troubles obsessionnels. Deux personnages incompris par la société, qui ont du mal à se fondre dans la masse, et qui commenceront à aller de l'avant au contact de l'autre. L'intention du scénario se révèle alors percutante, notamment pour un lecteur concerné par le sujet ou dont l'entourage compte un individu souffrant de ce type de comportements. C'est alors que toute l'ambiance douce et mélancolique se met en place, via la complicité toujours plus forte des deux protagonistes, qui se révèleront à chaque fois un peu plus attachants. Le hic viendra de la différence d'âge entre les deux : une dizaine d'années, Kengo ayant 27 ans tandis que Hijiri est encore mineur et lycéenne de surcroit. Fort heureusement, pas de rapport charnels entre les deux personnages. Tout reste très platonique, de manière à situer leur relation sur une échelle presque mystique, ce qui sied parfaitement au récit pour le moment.

On se laisse donc happer par les jours nouveaux vécus par les deux personnages, et toute la tonalité qui s'en dégage. Quelques facilités de temps en temps néanmoins, des quiproquos notamment, mais tant d'éléments qui sont justifiés par les psychologies des deux principaux personnages. On apprécie aussi que le style de la mangaka Yûki Hotate soit totalement adapté. L'artiste dépeint aisément les mines toujours maussades de ses deux personnages, sans pour autant donner l'impression d'un profond pathos. C'est très humain, y compris dans le dessin, et la mise en avant de la météo hivernale renforce toute la mélancolie du titre, du moins pour ce premier opus.

Mais il convient d'évoquer la toute fin du tome, qui risque de marquer un passage vers une atmosphère très différente. Nous n'en dirons pas plus, mais peut-être que Parasites Amoureux prend une fois différente. Après tout, quelques mystères subsistant dans le récit, il fallait certainement une évolution de l'intrigue pour les aborder. Une information capitale est alors communiquée, et ce sera à la suite de la série de développer cet aspect de l’œuvre. Néanmoins, dans les intéressants commentaires de Sugaru Miaki et de Yûki Hotate, des pistes nous sont donnés, et il y a de quoi avoir hâte de découvrir ce que la suite nous réserve, notamment dans la manière dont ces idées seront abordées.

Conte social, d’abord mystérieux puis de plus en plus humain, abordant de manière sincère et sans jugement aucun les troubles obsessionnels, le premier tome de Parasites Amoureux a de quoi marquer. Seule la différence d'âge entre les deux protagonistes fait alors figure de critère pouvant rebuter, sachant que ce premier volet reste très platonique, correspondant parfaitement à son atmosphère douce-amère permanente. Reste à voir ce que les deux derniers tomes donneront, sachant que le roman est publié au même moment, et a de quoi satisfaire les plus impatients.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs