Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 29 Septembre 2017

"Je t'ai déjà dit que la morale n'existait pas dans "cette" guerre. Femmes ou enfants, peu importe. Il faut tuer, tuer sans pitié. Tu dois remplir ta mission, c'est tout."


Ce quatrième volume s'ouvre sur des premières pages on ne peut plus terribles : huit ans auparavant, pendant "cette guerre", un homme, accompagné de deux colosses masqués, abattit froidement une petite fille en larmes et lui demandant de l'épargner, le tout au pied d'un arbre où gisaient de nombreux cadavres pendus. Cet homme s'appelle Haru Hanekawa, et ses deux acolytes se nomment Tarô et Jirô et prennent soin de cacher leur visage détruit par la guerre. Aujourd'hui, tous trois rentrent tout juste du front de "cette" guerre qui se poursuit toujours en dehors du Japon, et où ils oeuvraient dans la force de protection internationale pour la paix. La nouvelle mission de ces pros de la destruction : accompagner l'équipe en charge d'aller désamorcer la troisième et dernière bombe à azote. Les voici plongeants en mer en compagnie de Kurosaki, du sergent Sakaguchi, de Misaki et, surtout, d'une Neko décidée à tenir sa promesse faite à la fillette de la plage et à Misaki.


Entamant l'avancée vers la dernière bombe, Shinnosuke Kuji séduit toujours autant dans l'atmosphère qu'il est capable d'offrir. Une atmosphère dure, sombre, suffocante, dramatique et dérangeante, qui doit à nouveau beaucoup à sa gestion des décors et des menaces ennemies. Cette fois-ci, la plongée sous-marine ne dure pas longtemps, et c'est dans un espace confiné, mais respirable, non dans l'eau, que la quête dangereuse de la bombe s'effectue. Kuji offre des couloirs asphyxiants et, surtout, une vertigineuse tour métallique à gravir et qu'il dépeint sous divers angles. Le cadre est froid et provoque le malaise, d'autant que les ennemis sont omniprésents, entre les mannequins-drones et les bombes à têtes chercheuses qui vont encore provoquer bien des dégâts...


Dans tout ça, l'auteur livre bien sûr son petit lot d'action, mais il continue avant tout de s'intéresser d'assez près à ses personnages, et ici il y en a deux qui sont particulièrement en vue.


En premier lieu Neko, la jeune fille au comportement félin apparue dans le volume précédent, et qui va avoir droit à tout un flashback au bon moment, car il explique bien des choses sur elle et sur son lien fort avec Misaki. On comprend enfin mieux les origines de sa haine envers quasiment tous les humains, une haine qui trouve des origines horribles, que Kuji a le grand mérite de ne pas montrer de façon insistante, mais simplement via quelques indices : il évoque ce qu'elle a pu subir de la part de son propre père via quelques pages où on la voit effrayée et enchaînée quand elle était enfant, ou encore à travers les cauchemars qu'elle fait. Qui plus est, on comprend enfin mieux pourquoi elle a toujours cet étrange collier autour du cou, et pourquoi elle se comporte comme un chat, les félins ayant longtemps été le seul espoir auquel elle pouvait se raccrocher. Mais surtout, on cerne à quel point Misaki a tenu un rôle important à ses côtés, celui d'une mère de substitution, d'une adulte sur qui elle a pu enfin compter. Enfin, l'auteur profite de ce flashback pour insister encore un peu plus sur l'ambiguïté du commandant Kaiba, qui, si Misaki n'était pas là, serait prêt à exploiter cette pauvre fillette pour sauver de nombreuses autres vies.


On comprend donc tout à fait les raisons poussant tant Nekoi à vouloir protéger Misaki, comme un pacte fait avec elle-même. Mais comme déjà dit, elle n'est pas la seule figure sur le devant dans ce tome, l'autre visage important étant évidemment celui de Haru, tueur froid qui semble dépourvu de sentiments et qui est, avant tout, obsédé par sa mission, quitte à devoir sacrifier les autres. Avec ses piercings, ses yeux grands ouverts et ses pupilles rondes, l'homme inspire l'inquiétude dès la jaquette, et confirme cela dès le début du tome, puis au fil de son avancée vers la bombe où il montre des moments de combat presque suicidaires et fous ainsi qu'un comportement inhumain. Et pourtant, le lecteur finira par découvrir un homme lui aussi très meurtri, au plus profond de lui-même, par tout ce qu'il a dû accomplir pendant "cette" guerre qui l'a anéanti. Mais il devra apprendre à vivre avec le souvenir de tous les gens qu'il a dû tuer, parfois froidement comme la pauvre fillette des premières pages...


On se demande franchement comment Pact se finira dans le prochain volume, mais en attendant, la lecture reste très immersive, grâce à l'ambiance que l'auteur parvient toujours à instaurer et à l'intérêt qu'il porte sur ses principaux personnages.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction