Oshi no Ko Vol.3 : Critiques

Après sa mort, Gorô s'est réincarné en tant qu'enfant de l'idole Ai Hoshino. Après avoir assisté au meurtre de cette dernière, le jeune homme aujourd'hui nommé Aquamarine s'est juré de faire la lumière de ce drame. En quête d'indices qui le mènerait à son père, il accepte de tourner dans une émission de télé-réalité réunissant de jeunes vedettes. Aqua s'apprête alors à assister aux pires drames que peut engendrer cette dimension du show-business. De leur côté, Ruby, la jumelle du héros, et Kana aimeraient fonder leur propre groupe et vont devoir jouer d'astuce pour gagner un début de notoriété...

Après un début à la fois surprenant et captivant, notamment par son propos quasi viscéral contre les dérives du monde du showbusiness et du divertissement, Oshi no Ko avait toute notre attention. Il faut dire que l'écriture habile d'Aka Akasaka couplée au dessin très en phase de Mengo Yokoyari a donné lieu à deux premiers tomes saisissants, si bien qu'on en espère énormément de la série. Avec ce troisième tome, les auteurs nous prouvent de nouveau leur habilité et leur détermination à ne pas lâcher du lest avec leur sujet central.

Alors, une très grosse part de cette suite est dédiée à l'expérience d'Aqua dans une émission de télé-réalité sur le point de virer au cauchemar pour l'un des participants. Après avoir ciblé la question des adaptations live opportunistes, c'est donc un autre aspect de l'industrie du divertissement qui devient la tête de turc du scénariste, et à juste titre. Car après avoir découvert le ton de l'œuvre dans les tomes précédents, on devinait d'avance quel parti-pris prendrait le récit avec ce nouvel arc. Et pourtant, ce troisième tome parvient à faire mouche : Quand bien même on s'attend à ce que des dérives prennent forme sous nos yeux, Mengo Yokoyari se montre assez habile dans son dessin et sa narration pour transcender les diverses émotions que peut générer une séquence si dramatique. L'injustice du milieu couplée à l'absurdité des réseaux fera immédiatement mouche sur un lecteur qui a passé un peu de temps sur ces plateformes, suffisamment assez pour savoir que ces dérives peuvent avoir lieu de différentes manières.

Mais l'intrigue fait encore plus fort dans une véritable dimension-réponse à cette gravité de ton : L'humanité qui peut se dégager de ceux qui ont conscience des travers de l'industrie et de celle du public, et qui ont le pouvoir de faire changer les choses. Après la descente aux enfers d'un certain personnage, le contrepied développé par la suite sonne comme un lueur d'espoir permise par les personnages qui détiennent les armes. La tournure des événements peut paraître presque naïve, mais son caractère touchant est assez sincère pour que le lecteur soit, lui aussi, pris par certains émois.

Plus intéressant encore, c'est bien le développement de ce personnage, au centre du drame, qui vient donner une toute autre couleur aux dernières pages. Au-delà de l'évolution de cette figure, c'est sa relation avec Aqua qui est totalement chamboulée, un moment d'autant plus fort que le manga se met à incarner le piège des caméras, et à parfois nous empêcher de savoir à quel degré les protagonistes font montre de sincérité. Car on garde en tête que l'intrigue d'Oshi no Ko est un vrai jeu de dupe dans lequel le héros est prêt à utiliser tous les artifices de son milieu pour honorer son objectif de vengeance.

Ainsi, quand bien même on regretterait la place très minime octroyée à Ruby et Kana, les auteurs nous offrent un troisième volume saisissant, qui fait office d'ascenseur émotionnel tout en nous captivant par le développement de sa poignée de protagonistes. Avis à celles et ceux qui en sont restés à un premier tome au plot des plus étranges : Oshi no Ko est un thriller social suffisamment fort et pertinent pour qu'on lui laisse une chance.