Onmyoji - Celui qui parle aux demons Vol.1 - Actualité manga

Onmyoji - Celui qui parle aux demons Vol.1 : Critiques

Onmyouji

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 21 Avril 2011

ertains titres semblent voués à un échec commercial en France, et ce dès la couverture ou les premières pages. Maintenant, est-ce la faute du titre lui-même ? Parfois oui, parfois non. Par exemple, le genre dit « yôkai » n’est guère vendeur en francophonie, malgré les qualités de bien des titres sur la question. Sans doute est-ce parce qu’il s’agit d’une forme de culture trop japonaise, trop traditionnelle, et moins ludique et immersive derechef à certains égards. Si « Onmyôji, celui qui parle aux démons » est une forme de manga « yôkai », la série a néanmoins un statut plus ou moins particulier, qui ne s’adresse pas obligatoirement aux fans du genre, mais qui a malheureusement peu de chance de trouver un large écho dans le paysage francophone…

« Onmyôji, celui qui parle aux démons » est à l’origine une série de romans de l’écrivain Baku Yumemakura, et qui prend place durant la période Heian, c’est-à-dire la période considérée comme une forme d’apogée de la culture japonaise. À travers ses écrits, il nous conte la vie d’Abe-no-Seimei, un onmyôji légendaire. Figure historique qui semble être très célèbre dans son pays d’origine, et fait l’objet de nombreuses légendes et adaptations littéraires, il est quasiment inconnu chez nous. Cependant, le mystère qui l’entoure nous donne inévitablement envie d’en savoir plus une fois que ce nom est parvenu à nos oreilles. En effet, le terme « onmyôji » est par contre légèrement plus familier à certains dans le paysage manga francophone. Hao, le grand méchant de Shaman King, est lui-même un onmyôji redoutable, et plus récemment, dans Nura, le Seigneur des yôkai, une des héroïnes descend d’une famille célèbre d’onmyôji.

D’un point de vue plus « réaliste », les onmyôji sont des sortes d’exorcistes, chargés de protéger la capitale et autres points sensibles des attaques des esprits maléfiques. Des personnes de haut-rang, s’il en est. Cependant, ici, oubliez la notion d’action trépidante lors d’exorcisme façon shônen, Seimei est un être qui exorcise les démons avec classe, certes, mais sans effets grandiloquents. Il sait garder son sang-froid et sa répartie en toute occasion. Rien ne lui semble impossible, et sa connaissance des arts occultes et des habitants des ténèbres semble inépuisable. Mais il n’a rien de lisse pour autant, et son esprit alerte, moqueur et ironique lui causera parfois bien des ennuis. Pour faire naître un sentiment d’empathie envers le titre, il est aussi important que le lecteur ait une personne à qui s’identifier dans ce monde de démons, et qui n’ait pas peur de poser des questions. Nous avons ainsi Hiromasa, un musicien de haut-rang à la cour impériale, et ami proche de Seimei. S’il fallait le comparer à une autre figure littéraire célèbre, ce serait sans doute le docteur Watson, l’assistant bien connu de Sherlock Holmes. En effet, grâce à sa présence, Seimei est bien obligé d’expliquer des détails plus techniques sur les affaires qui lui sont présentées, ce qui aide évidemment le lecteur a saisir les différents enjeux. De plus, la relation entre les deux êtres apporte une excellente dynamique au manga, avec souvent des touches d’humour bien venues.

La première chose qui frappera le lecteur, c’est la sophistication certaine du dessin de l’auteure du manga, Reiko Okano. D’une grande élégance, qui pourrait sembler froide par moment, elle possède nulle doute un trait parfaitement adapté au propos et au rythme de l’histoire. D’une érudition fantastique, la série est aussi remarquable au niveau des détails historiques. Que ce soit au niveau des vêtements ou des coutumes de l’époque. Elle est aussi très riche en explications sur la voie du yin et du yang, les différentes coutumes, les détails sur l’époque,… Il va sans dire qu’on apprend énormément sur une période du Japon peu représentée dans les mangas en francophonie, à la lecture d’un tome d’Onmyôji.
Cependant, attention, le titre reste très accessible, notamment parce que le rythme est bien balancé entre explication et action, et que la narration permet de ne jamais s’y perdre dans l’histoire. Seul petite difficulté, les noms à rallonge des personnages ainsi que les visages qui se ressemblent un peu tous. Mais une fois habitué, aucun problème ne vient entraver notre lecture.

Du côté de l’édition française, il s’agit d’un sans faute de la part d’Akata-Delcourt. Il faut dire que la mangaka semble très impliquée dans la publication de son titre dans nos contrées, et cela s’en ressent sur le soin apporté à l’édition. On trouve aussi nombre de bonus en fin de tomes, tels des cartes ou des explications sur les grandes périodes historiques ou les religions. Maintenant, il est indéniable que le prix est élevé, mais il le vaut bien, pour tout le soin et à l’attention aux détails au titre. Sans oublier que le prix est encore bien inférieur à ce qu’il devrait être normalement, si on compte le peu de ventes potentielles et le prix de la licence sans doute assez élevé, étant donné l’aura de la série dans son pays d’origine.

La série est tellement dense qu’il est difficile d’en résumer ses composantes en une simple chronique… Terminons donc par cette question : au final, à qui s’adresse ce titre ? Personnellement, je dirais à ceux qui cherchent à étendre leur connaissance de façon ludique sur la culture japonaise, à ceux qui n’ont pas peur de faire un effort à la lecture d’un manga, et ceux qui ne cherchent pas qu’un simple divertissement. Car « Onmyôji, celui qui parle aux démons » est un titre qui ne se lit pas à la va-vite. Il se savoure bien installé dans un fauteuil, il s’imprègne petit à petit dans notre esprit. Il est très difficile de lire un tome de cette série sans prendre son temps, au risque de passer complètement à côté de l’ambiance. Titre atypique mais accessible, d’une richesse folle mais très divertissant aussi, Onmyôji mérite indéniablement qu’on lui laisse une chance. Alors si vous voulez montrer que le public francophone a bon goût, n’hesitez pas à vous essayez à Onmyôji, celui qui parle aux démons. Et si vous n’êtes pas convaincu par ce premier tome, rendez-vous au suivant pour mieux cerner pourquoi il s’agit d’une série et d’un univers fascinants, à bien des égards.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Sorrow
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs