Oneira - L'enfant cauchemar Vol.3 : Critiques

Arane et Bastione fuient avec Venus, afin de la mettre en lieu sûr. Mais tandis qu'une altercation éclate entre la mère et sa fille adoptive, cette dernière venant juste d'apprendre la vérité sur sa filiation, les forces du cardinal les rattrapent, et l'affrontement semble inévitable. Arane fonce dans la bataille, espérant laisser une issue à Venus. Mais la jeune femme ne compte pas rester impassible alors que la cité où elle a grandi est en proie au chaos...

Le deuxième tome s'est révélé capital pour comprendre la direction d'Oneira, alors même que les quatre premiers opus de la série sont voués à ne format qu'un prologue. La bonne nouvelle quand on se lance dans la série aujourd'hui, c'est que le succès a permis à Cab et à Federica Di Meo de poursuivre l'aventure au-delà des tomes signés initialement. Une réussite qui mérite d'être soulignée, quand on sait que nombre de titres français/européens ne sont pas reconduits pour faute de ventes.

La fuite en compagnie de Venus, fille adoptive d'Arane dont la mère biologique issue de l'aristocratie fut possédée et tuée par un Cauchemar, se révèle particulièrement houleuse. Non seulement les tensions dans le petit groupe rendent son union particulièrement fragile, mais voilà que la présence de l'ennemi les contraint au combat. Dans la structure proposée, tout semble nous diriger vers une issue dramatique pour le prologue, mais ce sera au quatrième volume d'établir son verdict, et non ce troisième tome qui se révèle intense tant dans son drame que dans son action. Car difficile de rester de marbre face aux tensions entre Arane, Venus et Bastione, de confrontations morales de points de vue qui se défendent et qui mériteraient une discussion posée et ouverte, chose que la tournure des événements ne permet pas dans l'immédiat.

Place alors à une bataille qui ne trouvera son dénouement que dans le tome suivant, un grand combat divisé en deux fronts complémentaires, permettant ainsi aux trois personnages de briller individuellement. Et si les mécaniques de l'univers manquent encore un poil de précision, on se familiarise toujours davantage avec ces concepts, si bien qu'une relecture des deux premiers tomes apparaitra aujourd'hui plus claire. A ceci s'ajoute le trait de Federica Di Meo qui gagne en superbe, avec des planches particulièrement imposantes et où l'artiste peut exprimer librement sa patte. Quand on sait que, de son aveu, elle n'était pas rodée à la dark-fantasy avant Oneira, le constat est d'autant plus surprenant !

Mais outre l'action, c'est bien ce qu'elle raconte qui vient donner la force à un ouvrage qui n'en manquait pourtant pas de base. La séparation d'Arane vis-à-vis de Venus et de Bastione a beaucoup de sens, son isolement sans appui permettant d'exprimer les dualités qui la traversent, opposant son sens de la Justice d'une part et sa détermination à protéger sa fille de l'autre, ce qui la mènerait presque à basculer du côté obscur par certains moments. Quant au front mené par Venus et Bastione, leur combinaison fonctionne particulièrement bien, tandis que le combat en lui-même nous permet de nous familiariser davantage avec la demoiselle qu'on ne connait finalement qu'assez peu. Entre duels épiques et combats tactiques, l'action proposée ici se tient très bien !

Cab et Federica Di Meo nous offrent donc un troisième opus particulièrement intense pour Oneira, récit d'action et de dark-fantasy qui gagne en force petit à petit, par son intrigue comme par l'art de sa dessinatrice. Le prochain tome bouclera le premier arc et, étant donné le climax dantesque du présent ouvrage, il y a de quoi avoir hâte !