Oeil du loup (l') : Critiques

Ookami no hitomi

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 28 Juillet 2010

On connait Yuji Iwahara pour son excellente série Le Monde de Misaki, et plus anecdotiquement pour Le roi des Ronces ou Nekoten. Mais c’est ici un recueil de nouvelles que nous propose l’auteur, revenant sur ses premiers travaux, ébauches de son talent. C’est donc trois histoires qui se succèdent. La première, très courte, présente l’héritière d’une machine incroyable qui serait capable de contrôler le monde si elle était entre de mauvaises mains. La jeune fille va tout faire pour empêcher l’armée de mettre la main dessus. Extrêmement brouillonne, cette nouvelle développe un concept intéressant mais brouille complètement ses qualités dans une précipitation et un manque de développement conséquent. Ensuite, c’est à une jeune lycéenne que l’on s’intéresse : la nouvelle venue en ville tente de se faire des amies, mais c’est plutôt difficile de recevoir chez soi lorsque l’on abrite un serpent comme animal de compagnie, d’autant plus quand celui a tendance à filer à l’anglaise dans des moments de peur panique. Enfin, la dernière partie du manga s’attarde plus longuement sur l’histoire qui a donné son nom au titre (mais pas son dessin de couverture, qui n’a strictement rien à voir avec aucune des nouvelles proposées). Un adepte des arts martiaux se fait justicier en ville, en se battant contre les organisations criminelles pour venger la mort de sa femme, quitte à se faire passer pour un voyou. Sa particularité ? Il déteste les armes à feu, et ne se bat qu’avec ses poings.

On l’a dit, la première histoire est assez maladroite, les personnages sont peu poussés et l’on peine à s’y intéresser, bien que la dynamique du scénario séduise et nous mette tout de suite dans l’ambiance. La seconde n’a pas grand-chose en commun avec les deux autres, puisqu’elle est plus tranquille et s’attarde d’avantage sur le quotidien d’une lycéenne pas comme les autres, et de son délicieux compagnon reptilien. Enfin, la dernière a plus de charme, par sa narration construite et suivie, bien que là encore le rendu soit très brouillon. Le personnage principal a un semblant d’histoire et des raisons pour se transformer en héros de comics, et la jeune fille qui va l’accompagner renforce son charisme timide en mettant en exergue ses valeurs inébranlables. Ce sont bien des œuvres de jeunesse, et on le comprend très rapidement. Cependant, il est vrai que la lecture est plutôt agréable malgré les nombreuses maladresses, que les idées sont bonnes et que le rendu est intéressant. Ce petit recueil n’a toutefois pas grand intérêt, à part peut être pour les adeptes de l’auteur ou les curieux ayant déjà lu certaines de ses œuvres, puisqu’en le prenant comme un manga détaché de la bibliographie d’Iwahara, il ne reste plus grand-chose de convaincant.

Sous une très jolie couverture qui ne reflète en rien le contenu du manga, on découvre un graphisme ancien et débutant, très chargé et saturant les scènes d’action. L’histoire du serpent reprend un peu ce que l’on connait dans le Monde de Misaki (douceur dans les regards, serpent limite mignon …), mais sinon c’est du grand délire graphique, qui empêche souvent de se concentrer sur l’histoire, voire même d’en comprendre comme il faut les détails (dans la dernière nouvelle par exemple). Ceci dit, on sent tout le potentiel que révèlent ces imperfections, et on apprécie de remarquer l’évolution du style de l’auteur quand on s’intéresse à ses autres travaux. Les visages restent cependant un peu rondouillards pour un tel sérieux dans les actions, et les graphismes les plus réalistes sont très certainement ceux de fin de volume. Enfin, l’édition de Delcourt sert très bien ce one shot, puisque l’adaptation des onomatopées est parfaite (pas de surcharge malvenue), que la traduction est fluide, la tenue en main agréable et les pages suffisamment épaisses, même au regard de la noirceur des dessins du manga. Bref, une lecture pas indispensable mais sympathique si l’on apprécie l’auteur, un bon moment en perspective, sans plus.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs