Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 14 Avril 2025
De nos jours, les esprits se font rares et se concentrent surtout à Kagariya, ville japonaise où évolue le jeune Gakurô. Lycéen, ce dernier a toujours eu le don de voir ces entités. Mais éviter d’attirer ces esprits, il s’est toujours mis en retrait au sein de sa classe. Les choses changent suite à sa rencontre avec Nue, entité à l’apparence de jeune fille, scellée depuis 60 au sommet de l’établissement. Alors qu’un mauvais esprit s’en prend à sa classe, Gakurô accepte l’offre de Nue : sortir de son rôle d’outsider et obtenir le pouvoir de lutter contre ces menaces qu’il a toujours observées et fuies…
Fraîchement lancé chez nous aux éditions Crunchyroll (avec parution simultanée des deux premiers opus), Nue’s Exorcist fait partie de la vague actuelle de mangas du célèbre Shônen Jump. Lancé en 2023, il compte aujourd’hui 9 tomes au Japon, ce qui en fait un titre installé pour lequel un bel avenir est possible. Il s’agit là de la toute première série de son mangaka, Kôta Kawae. Ses débuts sont d’ailleurs tout frais puisqu’il est d’abord distingué en 2022 avec l’histoire courte Nuenchi au sein du Jump.
À première vue, ce volume de démarrage de Nue’s Exorcist n’inspire pas forcément un vent de fraîcheur. Il faut dire que le thème de l’exorciste semble aujourd’hui éculé tant il a été exploité à différentes sauces tandis que des blockbusters récents continuent de jouer la carte des chasseurs d’esprits et de démons. Jujutsu Kaisen est évidemment le plus célèbre, mais votre serviteur préférera citer Twin Star Exorcists ou Make the exorcist fall in love qui développent des approches différentes et sentimentales. Pourquoi, difficile de nier que le manga de Kôta Kawae dégage déjà une couleur appréciable via son ambiance globalement chaleureuse, préférant au drame des péripéties purement scolaires et un goût affiché pour un casting de jolies demoiselles qui entourent le héros. C’est là que la série pourra peut-être proposer sa propre recette, via une formule plus légère qui rappelle davantage des récits des années 90 ou 2000.
Cette proposition passe essentiellement par l’association du jeune héros, Gakurô, avec l’énigmatique et attachante Nue, puis avec un second personnage féminin que nous vous laisserons le loisir de découvrir. Cette combinaison colle très bien avec le rythme habituel des démarrages made in Jump, où les éléments se posent d’abord via des chapitres presque indépendants, ceux-ci insistant énormément sur quelques moments d’action et de comédie scolaire pour une lecture globalement très agréable. Pas de quoi inventer la poudre, c’est un fait, mais le tout est suffisamment bien géré et rythmé pour que le charme opère, sans compter que le mangaka démontre déjà un style qu’il semble maîtriser.
Un univers se met pourtant en place, petit à petit, et surtout dans les derniers chapitres de ce premier ouvrage. Il faut dire que le postulat de base est loin d’être dénué d’intérêt, car si nous sommes dans l’éternel registre de l’exorcisme, l’idée d’un microcosme occulte centré sur la ville des protagonistes est une idée dont pourrait découler une intrigue peut-être plus vaste, d’autant plus que Nue constitue elle-même un morceau de scénario qui doit être développé. Avec quasiment dix volumes au compteur au Japon, on peut penser que l’œuvre a de quoi évoluer de belle manière.
Si Nue’s Exorcist n’est en rien un renouveau, ce premier tome est assez efficace dans son approche un poil rétro pour assurer un moment de lecture prenant, laissant croire à un manga satisfaisant sur le long terme. À voir ce qu’il en sera, aussi on cédera volontiers à la tentation du deuxième tome, publié en même temps que le premier.
Côté édition, Crunchyroll livre son habituel petit format shônen, souple et globalement qualitatif dans sa fabrication. Jean-Benoît Sylvetre signe une traduction convaincante tant elle appuie les couleurs du récit et des personnages, tandis que le lettrage et la maquette proposés par Ledocteurno assurent une lecture épurée et confortable.