Notre été éphémère Vol.1 - Actualité manga
Notre été éphémère Vol.1 - Manga

Notre été éphémère Vol.1 : Critiques

Kimi to Tsuzuru Utakata

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 19 Décembre 2023

Ce mois de décembre 2023 est particulièrement important pour la collection Yuri des éditions Meian qui accueillent pas moins de quatre titres. À côté de "I'm in Love with the Villainess", "Anémone flamboyante" et "The Moon on a Rainy Night", c'est la série "Notre été éphémère" de l'autrice Yuama qui nous parvient.

Deuxième série de l'artiste spécialisée dans le yuri, elle fut publiée entre 2020 et cette année dans la revue Comic Yurihime des éditions Ichijinsha, sous l'intitulé original "Kimi to Tsuzuru Utakata", et totalise 6 volumes. À côté, la mangaka a participé a des projets participatifs tels que des anthologies. Nous la découvrons donc en France avec sa série la plus longue, potentiellement la plus développée, et donc la plus intéressante.

Shizuku Hoshikawa est une lycéenne particulièrement introvertie, qui ne se sociabilise pas et qui ne veut surtout pas créer de liens. Elle culpabilise aujourd'hui de fautes commises autrefois, ce qui la pousse à renoncer à tout lien avec autrui. Néanmoins, elle s'est trouvé un passe-temps dans l'écriture, bien qu'elle souhaite renoncer à son roman une fois celui-ci achevé.
Contre toute attente, le fameux écrit tombe entre les mains de Kaori Asaka, une jeune fille bien plus dynamique qui tombe à la fois sous le charme du roman et de son autrice. Seulement, Shizuku n'a pas l'inspiration pour pousser l'écriture au-delà de cette première expérience. Afin de lui en procurer, Kaori lui fait une surprenante proposition : sortir ensemble et nouer une relation amoureuse factice.

Il règne un climat très particulier dans ce premier volume, comme si le plus profond désespoir se confrontait à l'optimisme incarné. C'est en tout cas ce que propose le début de cette romance entre lycéennes signée Yuama. Dans cette amorce, tout semble tourner autour de la noirceur de Shizuku, qui va se trouver désamorcer par le tempérament plus positif de Kaori, jusqu'à créer une relation assez improbable tant celle-ci semble dépassée par l'improbabilité de sa création. Tout comme la malheureuse héroïne, difficile de croire à cette union forgée beaucoup trop vite, et volontairement. Ce premier opus n'a d'ailleurs pas pour but de dépeindre une douce romance adolescente qui suinte l'apaisement du printemps, même si une certaine candeur vient marquer quelques échanges entre les deux concernés. Car petit à petit, Shizuku se montre encline à accepter Kaori, jusqu'à ce que leurs rencontres s'apparentent peu à peu à de vrais rendez-vous amoureux.

Mais dans quel but ? Comment changer un personnage aussi négatif que Shizuku ? Et d'ailleurs, pourquoi cette dernière s'auto-persuade de ne mériter aucune considération ? Cet état d'esprit plus que pessimiste marque une part de l'ambiance de l'ouvrage, et a totalement de quoi nous désarçonner. Cette mentalité tranche totalement de celle de Kaori, à tel point que la mangaka a choisi de représenter les deux protagonistes différemment dans leurs physionomies. Ainsi, si la grande taille de Shizuku va de pair avec sa négativité sans limite, le gabarit plus chétif de sa "petite amie" crée un contraste légitime, et qui semble s'atténuer au fil de l'évolution de leur relation.

Malgré ça, difficile de rester insensible à l'état d'esprit de ce premier volet. Les discours profondément sombres de la principale concernée semblent plonger le récit dans le pathos, ce qui a de quoi pousser le lecteur à se forger très rapidement un a priori tout aussi négatif. Car si le récit tient à en faire des caisses, autant rendre claires les raisons qui poussent l'héroïne à penser ainsi. Et justement, l'habilité de ce premier tome est de dévoiler la raison assez tardivement, et de contrebalancer cette information avec une autre révélation. En quelques mots seulement, les enjeux de la série basculent complètement. Shizuku, cette fille qu'on aimerait voir penser de manière plus positive, n'a plus forcément notre empathie, tandis qu'on demande à voir quelques bribes de ce fameux passé, et de découvrir comment des informations auront du poids dans le devenir du petit couple. C'est particulièrement habile dans le schéma, même si cela amène d'autres ambitions beaucoup plus complexes à tenir pour l'autrice.

En ce qui concerne sa patte, Yuama présente une narration assez cadrée et des traits particulièrement précis et sans fioritures. Au-delà de ses airs sages, le style répond bien au cadre du récit, très particulier, tout en révélant des planches plus aérées quand il s'agit de symboliser Shizuku et Kaori, dans leurs oppositions comme dans leurs rapprochements.

Le premier tome de "Notre été éphémère" a largement de quoi nous peser dans son ambiance tantôt morne, tantôt douce, pour mieux nous déstabiliser sur sa révélation finale. C'est pourquoi l'envie de pousser la lecture plus loin est bien là, d'autant plus que la série est aujourd'hui achevée. Le sujet présenté étant sensible, la suite prendra peut-être quelques risques, mais on attend de voir ce que la mangaka a à dire là-dessus.

Côté édition, Meian reste dans ses conceptions d'ouvrages solides, le tout étant appuyé ici par la traduction de Morgane Paviot habile pour retranscrire les jeux d'ambiance, et par le l'adaptation graphique propre du Studio Pullo.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs