Nos temps contraires - Je ne te laisserai pas mourir Vol.3 - Actualité manga
Nos temps contraires - Je ne te laisserai pas mourir Vol.3 - Manga

Nos temps contraires - Je ne te laisserai pas mourir Vol.3 : Critiques

Kimi o Shinasenai tame no Monogatari

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 20 Mai 2021

Chronique 2 :

Quand elle n'est pas avec Arata et Tara qui prennent soin d'elle comme pourraient le faire des parents, la jeune malade de daphné Gigi est loin de vivre un quotidien épanoui... tout comme, d'ailleurs, ses semblables dont fait partie son amie Marie: à cause de leur maladie les vouant à une mort précaire, ces enfants sont à peine voire ne sont pas du tout considérés comme des humains, notamment à cause de leur incapacité à pouvoir servir de partenaires de reproduction un jour. Alors, en plus d'Arata qu'elle voit comme un papa de substitution, l'énergique, joviale et attachante petite fille jette son dévolu sur Caesar, qu'elle voit comme un idéal, un rêve: celui, sans doute naïf, de devenir un jour sa partenaire.

Mais Caesar est lui-même très convoité: le néotène de New York Cocoon, issu d'une puissante famille, se voit régulièrement proposer des prétendantes par ses parents, alors même qu'il semble surtout désireux d'aller plus loin dans sa relation avec son propre partenaire secondaire, Louis. Mais l'artiste de Paris Cocoon a sa propre vision des relations, relation au sein desquelles il ne peut aucunement oublier l'authentique amour qu'il a eu pour Gion, la belle malade de daphné morte il y a déjà 18 ans.

Et Arata et Tara, dans tout ça ? Eh bien, toujours marqué par le sort d'une Gion qui a décidément uni plus que tout nos 4 néotènes, Arata poursuit ses recherches pour mettre au point son système de survie dédié aux malades de daphné. Mais à force, il pourrait finir par frôler des choses qui ne plairaient aucunement à la société futuriste mise en place... Quant à la jeune femme de Dehli Cocoon, quand bien même son cher Arata a réaffirmé l'intérêt qu'il lui porte, elle reste troublée, et l'est encore plus quand le statut de "reproductrice parfaite" que lui impose cette société la rattrape de façon assez tendue.

Ces différentes pistes croquées en parallèle dans le volume, elles viennent toutes consolider les thématiques installées jusqu'à présent dans la série, thématiques tournant beaucoup autour des relations humaines, de la place complexe voire compliquée de l'amour véritable au sein d'une telle société où la prospérité de l'espèce humaine domine tout le reste. On a alors des personnages qui, plus d'une fois, se confrontent dans leur vision des choses parfois assez différentes, en serait-ce qu'au travers de la petite altercation entre Louis et Tara qui a beaucoup de choses à dire. Mais tout ceci permet également d'approfondir encore un peu plus les liens de ces personnages ainsi que, parfois, certains éléments de leur passé: la façon dont la relation Caesar/Louis a été impactée par Gion, le secret que la grand-mère d'Arata au autrefois confié à son petit-fils...

Dans l'ensemble, le tome est alors assez posé et plutôt bavard, pour un résultat généralement très intéressant. Mais en filigranes, on le sent bien, Gin Toriko profite aussi de ses réflexions sur la place des relations dans une telle société, pour esquisser petit à petit une autre vérité encore plus sordide autour de deux personnages en particulier: Lalique et la jeune Marie, qui se font les témoins à la fois nauséabonds et tragiques d'une des pires déviances que peut provoquer une telle société. Après les quelques indices distillés au gré de certaines pages pour susciter le malaise, la toute fin du volume vient alors efficacement marquer avec effroi, autant pour l'action qui s'y passe que pour ses conséquences. Des conséquences profondément injustes et révoltantes, où la morale est bafouée au profit des règles de prospérité humaine imposées par cette société futuriste.

La lecture de Nos temps contraires, malgré quelques longueurs ici, reste alors très intéressante. Gin Toriko tire très bien parti de l'univers qu'elle a imaginé pour pousser ses thématiques, jusqu'à cette fin de tome terrible qui pourrait tout à fait marquer un tournant dans le récit à partir du prochain volume.


Chronique 1 :

Gigi, la daphnéenne qu'Arata a prise sous son aile, doit s’accommoder d'un quotidien confiné, les malades comme elle n'étant même pas considéré comme des êtres humains à part entière. Elle trouve néanmoins une lueur d'espoir, Caesar, sur lequel elle a jeté son dévolu. Mais le néotène a son propre partenaire secondaire : Louis. Leur relation est complexe, le militaire souhaitant que leur relation aille davantage de l'avant.
Séparés par leurs carrière, les quatre néotènes sont pourtant liés par le même spectre, celui de Gion. A sa manière, chacun se montre encore hanté par les événements du passé.

Toujours fascinant dans l'univers que la série pose, Nos temps contraire a proposé deux tomes d'amorces différents mais saisissants à leur manière. Beaucoup de focus sur un univers futuriste où les colonies spatiales sont soumises à des meurs sociétale et des lois régissant les rapports humains, qui marquent à leur manière des personnages qu'on appréciait découvrir dans leurs morales.

Avec ce troisième tome, le programme proposé par Gin Toriko n'est pas si différent du second. Il en est même son parfait prolongement, voire même son aboutissement solide. Mais si Arata était sans doute le centre du volet précédent, lui et des figures secondaires fraichement découvertes, il serait peu dire que Caesar et Louis sont les personnages centraux de cette nouvelle fournée de chapitre, et que leur présence sur la couverture n'a donc rien d'un hasard. C'est donc leur relation qui est dans le viseur de l'intrigue, un aspect que la mangaka écrit avec une superbe finesse entre quiproquos sentimentaux, hésitations relationnelles et complexité humaine résultant du climax du premier tome. L'alchimie entre les deux néotènes est d'une belle finesse, tout étant affaire de dilemmes individuels mais aussi par rapport aux lois qui régissent ce monde futuriste.

Car par les discours de ses personnages et des points de vue divers décortiqués, l’œuvre pousse sans cesse à la réflexion concernant les nouvelles mœurs dictant les rapports entre humains. Sorte de tyrannie des relations, elle présente pourtant quelques aspects positifs. Le discours est donc toujours nuancé, et présenté via des interactions toutes fascinantes tant elles mettent en exergues les relations toujours troubles dans le casting principal de la série. Une écriture qui s'appuie évidemment sur la question des daphnéens dont la place est centrale, la nature des malades agissant comme un véritable leitmotiv pour les héros.

Quant à l'enjeu, c'est toujours en filigrane que celui-ci est présenté. Par certaines ambitions communes des personnages, on sent bien que tout pourrait basculer d'un moment à l'autre, et certains événements clé de ce tome mettent encore une fois la puce à l'oreille. Aussi, l'horreur du système atteint son paroxysme via une relation toute particulière, aussi écœurante qu'immorale, dont la place légitime dans le récit ne saurait être trouvées. Puis, Gin Toriko nous met une véritable baffe en prenant clairement parti concernant les codes de son univers. La fin du tome est grave, tragique et injuste, pointant du doigt une humanité privilégiant sa prospérité plus que sa morale.

Nos temps contraires demeure alors toujours aussi brillant, subtil dans ses discours et ses relationnels, et bouleversant dans quelques unes de ses optiques. La série de science-fiction de Gin Toriko reste une réussite, la fin de ce tome amenant en plus des incertitudes tant on se demande si tout ne pourrait pas basculer suite à certains événements.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

15.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction