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Nos meilleures vies : Critiques

Mahô ga Tsukaenakutemo

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Mars 2021

Avec L'étranger de la plage (qui va être prochainement adapté en film d'animation), L'étranger du Zéphyr et Qualia under the snow, Kanna Kii est une artiste déjà bien connue en France par les amateurs et amatrices de boy's love, qu'elle sait séduire par ses personnages attachants et adorables, ses sujets modernes, ainsi que sa patte visuelle riche, tendre et douce. Mais depuis quelque temps, la mangaka, après avoir aussi oeuvré dans l'animation, a également choisi d'étendre ses activités en dehors du BL concernant le manga, et c'est ainsi que le label Sakka des éditions Casterman a annoncé dès novembre 2019 l'acquisition de sa toute première série non BL.

Initialement prévu en été 2020 sous le titre Even if I can’t use magic, cet ouvrage d'environ 220 pages a finalement été reporté suite à la situation sanitaire, pour sortir en ce mois de mars 2021 sous le nom français Nos meilleures vies. Cette oeuvre a été prépubliée en 2018 dans le magazine Feel Young des éditions Shôdensha (magazine emblématique d'autrices comme Ebine Yamaji ou Erica Sakurasawa) sous le titre Mahô ga Tsukaenakutemo, un titre que l'on peut traduite littéralement par "Même si je ne peux pas utiliser la magie ".

Kishi travaille dans un studio d'animation où il n'est pas spécialement à l'aise: ne se sentant pas spécialement doué ni motivé, il s'en va même souvent sans prévenir, au grand dam du très volontaire Tsugumi qui s'est attaché à lui. Et jour après jour, il songe à démissionner sans forcément le faire, car sinon de quoi vivrait-il, lui qui ne semble jamais avoir eu de rêve précis ?
Chiyo est une jeune femme qui, depuis peu, travaille elle aussi dans ce studio d'animation. Douée en dessin et bossant vite et bien, elle ne fait jamais les choses à moitié et s'est déjà installée comme un élément moteur, au point de peut-être démotiver encore plus Kishi. Pourtant, Chiyo ne semble pas spécialement passionnée par ce qu'elle fait, et garde même toujours un côté très neutre voire peu sociable. On dit d'elle qu'elle habite avec un musicien, et qu'ils sont sûrement en couple, mais qu'en est-il exactement ?
Tama est quelqu'un qui tâche de vivre de sa musique, malgré quelques déconvenues, et même si nombre d'interrogations lui viennent en tête: est-ce son rêve ? Ou alors Tama n'a fait que suivre ses prédispositions liées à ses parents eux-même musiciens ? Quoi qu'il en soit, Tama essaie de faire au mieux pour subsister avec sa musique, tâchant ainsi de poursuivre son train-train quotidien avec celle qui semble être sa petite amie, et retournant dans sa ville natale de Hokkaidô pour y donner un concert.
C'est dans cette ville de province que Tama croise rapidement la route de deux lycéennes mignonnes à croquer, Mayu et Kiki. L'une est une fan absolue d'idols, l'autre pas du tout, mais elles ont pour point commun de s'ennuyer mortellement dans leur ville, et de rêver de gagner Tokyo. En se rendant à la capitale, leur vie pourrait bien changer, notamment pour Kiki qui va voir naître en elle un rêve d'avenir qu'elle n'aurait jamais imaginé.

Nos meilleures vies, c'est l'histoire de tous ces personnages à la fois. Ou, pour être plus précis, un instantané d'une période charnière de leur vie: celle où, encore jeunes, s'apprêtant à quitter le monde adolescent ou alors déjà entrés depuis quelque temps dans le monde adulte, chacun(e) d'eux/elle se confronte aux affres de doutes typiques de la jeunesse contemporaine. Ainsi, chacun(e) a ses propres petits soucis, souvent liées au travail mais pas que: il y en a qui se demandent s'ils ont pris la bonne voie, une qui travaille avec le plus grand sérieux sans forcément avoir la passion en elle, une qui se découvre un rêve qu'elle est bien décidée à atteindre quand un autre semble ne jamais avoir eu de rêves ou les avoir oubliés... Mais il est aussi question de relations, entre passion désillusions amoureuse qui a longtemps perduré, ou relation indéfinissable et n'ayant de toute façon pas besoin d'être définie tant elle coule de source. Enfin, il est également question de se trouver, d'avancer, d'apprendre à évoluer.

Sans forcément entrer dans les détails, Kii Kanna livre un portrait de jeunesse très moderne et, dans le fond, très crédible, ce qui se fait donc sous la forme d'un instantané choral, dans la mesure où tous ces jeunes adultes ou adultes en devenir s'entrecroisent voire s'entrechoquent, le temps ici de visiblement quelques mois. C'est rapide et emballant, car bien rythmé. Et malgré quelques raccourcis narratifs, le propos sonne vraiment juste dans ce portrait de différentes jeunesses qui se frottent à la société adulte d'aujourd'hui. Qui plus est, le style visuelle de l'artiste accompagne impeccablement tout ça: on retrouve pleinement son trait un peu rond, doux et tendre, et son sens du rythme qui donne lieu à quelques instants purs que l'on a envie de garder gravé dans notre esprit, comme ce bisous furtif entre Chiyo et Tama. Et puis, le livre propose l'un des chats les plus cools qu'on ait pu voir dans un manga ces derniers mois.

Après avoir séduit dans le domaine du boy's love, Kii Kanna frappe donc tout aussi juste et joliment avec ce one-shot emballant. De quoi donner naturellement envie de revoir cette talentueuse artiste en France, encore et toujours.

Cette chronique ayant été réalisée à partir d'une épreuve numérique fournie par l'éditeur, pas d'avis sur l'édition.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs