Noces des Lucioles (les) Vol.1 : Critiques

Hotaru no Yomeiri

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 16 Octobre 2024

Oreco Tachibana est une autrice à la carrière toute jeune, qui remonte à 2018 avec "Promise Cinderella", et qui a pourtant acquis une solide notoriété, y compris sur les réseaux sociaux. Depuis, l'artiste n'a jamais chômé, achevant sa première œuvre en 16 volumes, et publiant dans la foulée des histoires courtes et des nouvelles séries, dont un certain "Hotaru no Yomeiri".

En cet automne 2024, l'éditeur Glénat dynamise sa collection shôjo (bien que les types éditoriaux disparaissent des dos et des cartouches de la maison grenobloise) avec l'arrivée en fanfare d'Oreco Tachibana dans son catalogue. Ce sont les deux titres les plus emblématiques de l'artiste qui nous sont ainsi proposés en simultanée, dont "Promise Cinderella" et ce fameux "Hotaru no Yomeiri", publié chez nous sous le titre francophone "Les Noces des Lucioles". Au Japon, le titre est en cours depuis 2023 sur la plateforme multigenres et multitypes Manga One de la maison Shôgakukan ainsi que sur l'application Ura Sunday, deux biais de prépublication numériques sur lesquels "Promise Cinderella" a autrefois fait son bonhomme de chemin.

Le récit nous transporte au début du XXe siècle, dans le Japon du passé. Satoko Kirigaya est une belle jeune femme issue d'une famille renommée, et a donc tout pour trouver un bon parti. Hélas, sa santé la distingue du commun des mortels. Satoko est de nature fragile, si bien que les médecins sont certains qu'elle ne vivra pas vieille. Bien conscient de son état, elle est néanmoins décidée à se marier et à préserver l'honneur de sa lignée. Mais son destin se montre encore plus capricieux lorsqu'elle est capturée par des bandits. Face à un assassin aussi jeune que sadique, elle joue son va-tout et lui propose de l'épouser. En la sauvant et en acceptant sa main, alors le criminel, qui répond au nom de Shinpei Goto, pourra obtenir tout ce qu'il souhaite. Mais leur histoire sera semée d'embuches, et la liberté de Satoko ne sera pas si facilement acquise pour autant...

Avec son début de manga, Orecho Tachibana dépeint ce qui aurait pu être un pue drame historique et romantique, poignant et grave. Pourtant, et là est l'originalité de l'approche, le premier volume des Noces des Lucioles se dote d'une étonnante alchimie entre le drame d'un côté, et la comédie de l'autre. Ainsi, si le destin de Satoko est des plus graves tandis que sa rencontre avec son "fiancé" assassin pourrait faire peser sur elle une vraie épée de Damoclès, la mangaka contrebalance toute idée de pathos par un traitement parfois décalé du "couple", voire avec un certain zeste d'humour. Une légèreté que l'on doit au tempérament très particulier de Shinpei, parfois presque enfantin, et de la manière dont l'héroïne prendra le dessus en tant que femme donc le meurtrier semblera s'éprendre bien plus qu'elle n'y comptait à l'origine.

Pour apprécier ce cocktail, il faut laisser à l'ouvrage le temps de mettre en place ses ingrédients, d'abord en développant la situation de l'héroïne avant de créer quelques péripéties qui conduisent à la rencontre entre ces deux êtres si opposés. C'est véritablement au troisième chapitre que l'on peut commencer à apprécier leur binôme, assez particulier et décalé, voire peut-être même dérangeant pour certains. C'est pourtant la dernière phase de l'opus qui permet d'y voir plus clair sur la manière dont leurs destins seront abordés. En se posant après une riche entrée en matière, l'amorce aborde des développements plus sensibles du côté de Shinpei, qui pouvait être irritant jusque là, tandis qu'une vraie évolution du caractère et de la détermination de Satoko se profile, ainsi qu'une intention de décortiquer le cadre social d'époque, ses disparités comme ses injustices qui ont donné naissance à des laissés pour compte. Le manga montre déjà une jolie petite profondeur qui ne demande qu'à être développée, donnant à la série en cours d'Oreco Tachibana un vrai potentiel pour devenir une très belle œuvre sur le long terme. Celle-ci ayant atteint les 5 volumes au Japon et étant donné la longueur du manga précédent de son artiste, on ne peut que lui souhaiter la longévité.

Et si on veut croire au potentiel du récit, c'est aussi pour le style d'Oreco Tachibana qui présente une vraie singularité. Nuancé, celui-ci tourne autour d'une narration tantôt grave et tantôt comique, aux côtés de personnages dessinés finement et dont les expressions traduisent toujours les intentions de ton du scénario. Preuve de son expérience, la mangaka propose aussi quelques compositions inspirées et pertinentes pour retranscrire les différentes petites richesses évoquées. L'artiste en a indéniablement sous le coude, et on comprend qu'elle ai su faire mouche auprès de son lectorat. Pour quelqu'un qui découvre ainsi "Les noces des Lucioles" et adhère à sa proposition, l'envie de se plonger dans "Promis Cinderella" sera tentante, d'autant plus que la série est longue, et donc à même de fournir un scénario travaillé bien que dans un style différent, et achevée. Concernant votre serviteur, il ne lui en faut pas plus pour avoir l'envie de découvrir l'œuvre d'Oreco Tachibana dans toute sa richesse.

Concernant l'édition, Glénat offre un travail soigné, conjuguant son traditionnel papier fin (certes un poil transparent) à une couverture d'un bel effet grâce à son matériel mat. Une fabrication tout à fait correcte, donc, tandis que la traduction de Mathilde Vaillant amène une bonne immersion dans le récit tant la disparité des tonalités se ressent. Côté lettrage, le Studio Charon offre un bon boulot et garantit un certain confort de lecture.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs