Noces de Lala (les) Vol.1 : Critiques

Lala no Kekkon

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Septembre 2023

Très récemment, à la fin du mois d'août, les éditions Noeve Grafx ont annoncé le lancement, dès le début de ce mois de septembre, d'une nouvelle collection qui est nommée Y² et qui mettra en avant la diversité amoureuse. Ce sont pas moins de deux mangas estampillés yaoi qui viennent de marquer les débuts de cette collection, et pour cette inauguration l'éditeur a jeté son dévolu sur deux mangakas dont la réputation n'est plus à faire. Avec Monotone Blue, on a une oeuvre qui marque effectivement le retour dans notre langue du talentueux et si unique Nagabe, artiste mondialement célébré pour son chef d'oeuvre L'Enfant et le Maudit, mais à qui l'on doit aussi les récits boy's love Le patron est une copine et The Wize Wize Beasts of the Wizarding Wizdoms, tous parus aux éditions Komikku. Mais c'est l'autre oeuvre de lancement qui nous intéresse dans ces lignes, à savoir Les noces de Lala, une série comptant actuellement 5 volumes au japon et pour laquelle on retrouve Tamekou, autrice des boy's love Rêve de Coucou et You're my Sex Star (sortis en France aux éditions Hana) mais aussi de la série Mon petit ami genderless pour laquelle elle fut invitée en France par les éditions Akata en décembre dernier. De son nom original Lala no Kekkon (dont le titre français est une traduction littérale), l'oeuvre est en cours dans son pays d'origine depuis 2017 dans le Be x Boy, magazine emblématique de l'éditeur libre.

L'histoire nous plonge dans un monde fictif où une jeune fille du nom de Lala a été promise par son père à Wolsey, le fils d'une riche famille marchande. Les noces viennent tout juste d'avoir lieu, et le mariage s'apprête déjà à être consommé, comme le veut la tradition. Mais dans ce contexte, une surprise de taille pourrait bien attendre Wolsey: ce n'est aucunement Lala, qui est dans sa chambre et qu'il vient d'épouser, mais son frère jumeau Ramdane ! En effet, Lala, amoureuse d'un autre, ne voulait aucunement de se mariage forcé, si bien que Ramdane a décidé de se faire passer pour elle afin de lui laisser l'occasion de fuir avec son bien-aimé. la suite du plan est censée être assez simple pour le gentil frangin: se débarrasser de Wolsey, fuir à son tour et revoir sa soeur, n'en déplaise à leur père qui, de toute façon, les a "vendus" pour empêcher la faillite de la famille. Mais rien ne va se passer comme prévu sous le joug d'un Wolsey qui avait peut-être bien prévu son coup...

Commençons par l'évidence, à savoir la beauté du dessin de Tamekou, autrice qui nous avait déjà particulièrement charmés sur Rêve de Coucou et mon petit ami genderless: tout en offrant des designs de personnages assez clairs, épuré et plutôt élégants, la dessinatrice, comme à son habitude, travaille bien leur allure, leur style vestimentaire, et étant donné que son histoire se déroule dans un pays fictif elle peut s'en donner à coeur joie, avec notamment quelques tuniques à motifs du plus bel effet. Soulignons aussi le soin accordé aux bâtiments et autres décors, ainsi que le soin de l'autrice dans le découpage ainsi que dans le rendu des scènes érotiques, ces dernières étant bien présentes tout en évitant d'être très explicites.

C'est en étant porté par ces qualités que se présente un début de récit assez intrigant, en particulier à partir du moment où se dévoile le plan réel de Wolsey et l'identité de la personne qu'il voulait vraiment épouser, et cela nous amène à un point d'intérêt précis, à savoir l'ambiguïté de ce personnage. Car si Wolsey a, mine de rien, monté tout un petit stratagème pour parvenir à ses fins, puis montre certains comportements plutôt déplacés en forçant un peu son "épouse" entre autres, le fait est qu'il montre aussi, à plusieurs reprises, des sentiments sincères qui perdurent depuis l'enfance, sentiments si forts qu'il s'oppose même à son père très froid quand il est questions de certaines choses comme lui donner un héritier. Et la sincérité de cet amour se ressent également dans les moments érotiques eux-mêmes, puisque Wolsey, loin de rechercher son propre plaisir, ne pense qu'à en apporter à Ramdane...

Forcément, dans tout ça, on a un Ramdane assez chamboulé puisqu'il ne se serait jamais attendu à cette tournure. Malgré ses réticences initiales à l'égard de Wolfrey qu'il menace de tuer avant de fuir, sa peur de le voir s'en prendre à Lala s'il fait quelque chose, et la façon dont son "mari" rejette son ami d'enfance Tashi, notre héros reste intrigué par certaines attentions de cet homme, par ses sentiments sincères, et même par sa faculté à lui faire ressentir du plaisir sans qu'il puisse résister... Et c'est en jonglant en permanence sur la définition floue de cette relation (amour profond, ou extrême possessivité narcissique ?) que Tamekou distille, petit à petit, quelques autres éléments susceptibles d'enrichir également l'oeuvre autour de la famille de Wolsey et de ce pays.

Dans l'immédiat, on a donc un premier volume convaincant, qui installe efficacement le petit univers ainsi que la relation principale ambiguë, sous un dessin facilement séduisant et travaillé.Il n'y a plus qu'à attendre de voir comment l'oeuvre se développera, mais on est confiants au vu de la longueur de l'oeuvre au Japon et de sa popularité bien établie.

Concernant l'édition française, on retrouve les standards de Noeve Grafx avec une traduction très convaincante d'Aurélie Brun, un lettrage soigné de la part d'Emma Poirrier, un papier bien souple et suffisamment opaque permettant une qualité d'impression honnête malgré quelques légers moirages, une première page en couleurs sur papier glacé, une jaquette proche de l'originale japonaise tout en bénéficiant d'un léger relief avec vernis sélectif sur les textes... Enfin, l'indication de la collection Y² se fond bien au reste sur la jaquette en étant lisible sans être trop marquée. Et on appréciera l'indication de public en quatrième de couverture (par exemple, Les noces de Lala, plus érotique, possède la mention pour public averti, là où Monotone Blue est indiqué pour tous publics).


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs