Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 25 Février 2025
Chronique 2 :
Pendant que Kanamori se la coule douce à un festival avec sa copine Remi, les gars qu'il a envoyés au front pour la conquête du lycée Aoba donnent leur maximum. Ainsi, malgré les imprévus liés à Mako, nos deux personnages centraux Gaku et Harumi sont parvenus à sortir vainqueurs de leur affrontement contre Nekoya et Inutsuka, le redoutable, complémentaire et quasiment invincible duo aux bottes de Roku Shiranui. Et à l'heure où ils peuvent fêter leur toute première victoire commune, qui plus est contre un binôme si réputé, ils ne savent pas encore que Kanamori a, en parallèle, déjà enclenché les ultimes hostilités contre son principal rival pour le contrôle d'Aoba: Shiranui a effectivement à peine le temps d'apprendre la défaite de ses deux camarades qu'il voit déjà apparaître devant lui la grande silhouette de Wagatsuma...
Après avoir proposé dans le tome 3 une baston particulièrement prenante et ayant donné un bon aperçu de ce que peut donner l'alliance entre Gaku et Harumi, ce quatrième volume enchaîne alors immédiatement sur la suite logique: un duel qui a tout du combat au sommet pour la conquête du lycée d'Aoba... et que l'on s'attendait donc peut-être à voir un peu plus long, d'autant plus que depuis leur entrée en scène Shiranui et Wagatsuma ont vraiment été installés comme deux figures aussi fortes que charismatique dans leur genre. Et si ce duel montre quand même beaucoup de choses des capacités des deux combattants (surtout de Wagatsuma, que l'on vit enfin à l'oeuvre plus concrètement), s'avère pêchu à souhait et marque quand même bel et bien une évolution dans la hiérarchie du lycée, il n'est tout compte fait qu'une composante parmi d'autres dans ce tome qui, assez rapidement, voit l'auteur se consacrer à l'autre aspect essentiel de son récit: la tranche de vie avec son lot d'humour, qui plus est avec une remise au premier plan du côté familial qui, dans la façon dont il est abordé, ne manque pas de rappeler Retour vers le Futur, référence pleinement assumée de Tetsuhiro Hirakawa.
Tandis que le contexte culturel du début des années 2000 reste malicieusement exploité par le mangaka, surtout avec la mode de la danse para para qui pourrait apparaître délicieusement désuète de nos jours, et que l'humour bat son plein avec son lot d'enjeux amoureux rafraichissants (même si, avouons-le, Harumi et Rin ne sont décidément pas du tout perspicaces quant aux sentiments de Mako pour la jeune fille), de quiproquos sentiments et de nouvelles rivalités pas prises au sérieux (coucou Sakaki), c'est surtout par l'intermédiaire d'un nouveau personnage assez haut en couleurs qu'arrivent, pour Gaku, de nouvelles découvertes sur la jeunesse de Harumi, et par la même occasion de nouvelles hypothèses sur la rencontre de son père avec sa mère Ai qu'il n'a quasiment pas connue puisqu'elle est décédée quand il n'avait que deux ans. Et si tout ça, pour le moment, ne reste que de l'ordre de l'hypothétique, il faut avouer que l'auteur a un don à la fois pour nous intriguer sur cet aspect familial de son histoire, et nous séduire à travers les interactions hautes en couleurs de ses personnages, décidément facilement attachants.
A l'arrivée, on reste sur une lecture entraînante où, même si l'on attendait éventuellement un peu plus du duel au sommet de ce tome, Tetsuhiro Hirakawa marie joliment la baston, la tranche de vie et l'humour comme il l'avait déjà fait dans Clover, le tout avec cette dimension familiale supplémentaire qui continue d'apporter son cachet à l'oeuvre.
Chronique 1 :
Élève de terminale, Shiranui est bien parti pour devenir le prochain chef du lycée Aoba. Dans ces conditions, Kanamori ne peut rester sans agir et envoie Gaku, Harumi et Mako se confronter à Nekoya et Inutsuka, les deux lieutenants de Shiranui. Quant à ce dernier, c’est Wagatsuma, le fidèle bras droit de Kanamori, qui l’affronte dans un duel sans merci…
L’acte de la rivalité avec Shiranui nous a offert un très bel affrontement dans le volume précédent, et c’est avec l’entrée en scène du charismatique (mais mystérieux) Wagatsuma qu’il se conclue. Peut-être même de manière trop hâtive tant on en attendait plus de leur querelle qui signe la domination du lycée Aoba, première étape de l’unification des établissements de la ville. Le duel opposant le bras droit de Kanamori à Shiranui ne manque clairement pas de panache, mais il surprend par sa courte durée bien qu’il permette au récit de rebondir pour se focaliser sur un aspect tout autre.
La bagarre n’a donc qu’une place mineure dans ce quatrième opus dans lequel Tetsuhiro Hirakawa joue à fond avec son inspiration principale, celle du premier opus de la trilogie « Retour vers le futur ». Référence complètement assumée par le mangaka, elle mène ainsi Gaku un peu plus frontalement face à ses origines, ce qui ancre davantage le titre dans une forme de tranche de vie vintage à travers laquelle le début des années 2000 de la pop culture nippone transpire. Voilà qui apporte un zeste de drame familial et sentimental, beaucoup de comédie aussi, et une manière toujours aussi douce et sensible pour l’auteur de faire découvrir à son protagoniste ses racines. Quand bien même ce nouveau tome se fait plus sage, il ne manque clairement pas de profondeur et d’intérêt, apportant même quelques « mystères » liés au vécu de ses parents que nous n’attendions pas forcément, histoire de renforcer la dimension dramatique familiale fraîchement amorcée.
Pour les amateurs de furyo plus nerveux (à l’instar de « OUT », pour citer les récents représentants sur le marché français), « Nine Peaks » pourrait avoir cette image de récit encore un peu trop tiède, surtout que son pitch de départ a induit bien des lecteurs en erreur via son rapprochement erroné avec « Tokyo Revengers ». Mais pris comme un héritier des films de Robert Zemeckis, le manga de Tetsuhiro Hirakawa sonne juste, nous séduit par son charme, sa sensibilité et ses personnages rafraîchissant, si bien qu’on apprécie grandement que la série ne verse pas constamment dans les bagarres entre clans et entre lycées. Un quatrième tome qui prouve encore un peu plus les orientations de « Nine Peaks », donc, et qui fait du bien dans ce qu’il propose.