New Authentic Magical Girl Vol.1 - Actualité manga
New Authentic Magical Girl Vol.1 - Manga

New Authentic Magical Girl Vol.1 : Critiques

Shinhonkaku Mahou Shoujo Risuka

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 21 Juin 2023

Les éditions Delcourt/Tonkam, en cette mi-juin, lancent en France le manga New Authentic Magical Girl. Cette série voit s'associer deux jolis noms, puisque la mangaka Nao Emoto (Fragments d'elles, Josée, le Tigre et les Poissons, Blooming Girls) adapte ici le light novel "Shin Honkaku Mahô Shojô Risuka" (ou "Magical Girl Risuka") du renommé NisiOisiN, l'auteur des Monogatari Series entre autres oeuvres à succès. Lancé au Japon en avril 2021 dans le Bessatsu Shônen Magazine des éditions Kôdansha, le manga compte 5 volumes à l'heure où ces lignes sont écrites, et est toujours en cours.

Cette oeuvre nous plonge dans un Japon contemporain similaire à notre réalité, à ceci près que des magiciens y existent et sont normalement regroupés dans une forteresse à Nagasaki. L'histoire démarre sur des images-choc donnant d'emblée une assez bonne idée de la personnalité du personnage principal: alors que quatre personnes tombent de façon anormale sur les rails du train et finissent en charpie, cette scène d'horreur ne fait pas sourciller Kizutaka Kugi, enfant de 10 ans, qui voit même comme une chance ce à quoi il vient d'assister. Vu que c'est ce qu'on lui a visiblement inculqué dès sa plus tendre enfance, ce petit garçon est persuadé qu'il est supérieur aux ordres, qu'il a une intelligence un cran au-dessus, et qu'il est destiné à changer le monde... Et c'est précisément son but: alors qu'il est hautain et qu'il voit les autres comme des moutons et des abrutis, il a pour but de régner sur ce monde et de rendre le peuple heureux. Pour ça, il n' hésite pas à considérer les gens uniquement comme des choses, des pions pouvant lui être utiles ou non... et c'est ce qui l'a poussé à faire de Risuka Mizukura, petite fille rencontrée un an auparavant, son alliée de choix: magicienne réputée pour être la "sorcière rouge du temps", celle-ci cherche activement son père disparu deux ans auparavant sans laisser de traces, tout en ayant à coeur de punir les humains apprenant la magie à des fins néfastes. Cette enfant est particulièrement puissante: son pouvoir lui permet de se déplacer instantanément dans le temps quand elle verse du sang, elle peut ainsi se rendre en un instant en un endroit éloigné ou accélérer le temps par exemple, et en plus de ça elle a ses formules magiques incorporées dans son sang, ce qui fait qu'elle peut généralement se passer d'incantations. Alors, tant que Risuka trouve aussi un intérêt à s'allier à lui, pourquoi Kizutaka se priverait-il de la manipuler à ses propres fins ?

Commençons par aborder les deux principaux points potentiellement négatifs, ou en tout cas qui pourront diviser considérablement, le premier des deux étant évidemment la personnalité de Kizutaka. C'est évidemment volontaire de la part de l'auteur d'origine, ce petit garçon apparaît souvent imbuvable: avec son haut statut de fils du chef de la police de la préfecture, sa façon de voir tout le monde comme des êtres inférieurs tout juste bon à être ses pions pour les plus "utiles", ou ses côtés prétentieux et manipulateur, il a régulièrement quelque chose d'un peu détestable, et ressemble un peu, dans sa personnalité arrogante et dans son côté un peu psychopathe en devenir, à une espèce de sous Light Yagami de Death Note. On accrochera ou non à ce type de personnage (personnellement, je les ai en horreur), mais heureusement quelques pages bonus en fin de tome viennent quand même nuancer/contextualiser un petit peu le bonhomme (c'est juste dommage d'avoir dû attendre les bonus pour ça, mais bon). Le deuxième point un peu critique provient de certains éléments un peu bancals. Comment un garçon pareil, mésestimant tout le monde sauf lui, pourrait-il vraiment rendre les autres heureux ? Pourquoi Risuka, alors qu'elle dit elle-même elle veut éviter que les humains apprennent qu'elle utilise la magie, se promène en tenue de magicienne en public ? Et d'ailleurs, pourquoi ce dernier point n'interpelle personne ?

Reste que, au fil de ce tome proposant avant tout une première affaire (retrouver le possible mage à l'origine de quatre morts du train), et sous une narration très introspective sur son personnage principal comme a souvent l'habitude de le faire NisiOisiN, les auteurs parviennent bien à exposer, petit à petit, un paquet de choses plutôt dignes d'intérêt, à commencer par tout ce que l'on a peu à peu l'occasion d'apprendre sur la magie dans ce monde: les magiciens ne peuvent pas quitter le Japon, ils doivent rester à quelques mètres de leurs formules magiques/incantations pour qu'elle marchent, il y a différents type de magie (basés sur les éléments et des catégories, rien d'original en somme), il est quasiment impossible de se suicider avec la magie... sans oublier les quelques petites révélations sur Shingo, le père de Risuka, et ses capacités. Serait-il celui qui enseigne la magie aux humains qui en font un usage néfaste ? Et si oui, pourquoi ferait-il ça ? Mais au fil des pages, ce sont également plusieurs petites choses intrigantes sur Risuka et Kizutaka eux-mêmes que l'auteur distille de manière prometteuse, en s'offrant même l'occasion, à travers ça, de proposer quelques premiers petits twists facilement prenants. On attendra alors, avec suffisamment d'intérêt, de voir ce que donneront les agissements de ces deux-là, comment ils continueront à s'utiliser l'un(e) l'autre pour assouvir leurs desseins, et comment leur relation évoluera.

Ce premier tome est également l'occasion de découvrir pour la première fois sur un shônen plus typé action Nao Emoto, dessinatrice qui nous avait jusque-là plus habitués à des tranches de vie assez douces. Et dans l'ensemble, la mangaka s'en sort bien dans sa mise en images, d'autant plus que les romans de NisiOisiN sont souvent réputés difficiles à bien représenter visuellement (par exemple, il a fallu toute l'expertise d'Oh! Great, du studio Shaft et du réalisateur Akiyuki Shinbo pour représenter avec réussite les délires de la saga Monogatari en manga et en anime). Tout en proposant quelques designs assez marqués (surtout pour Risuka avec ses yeux rouges et son look caractéristique), elle parvient à offrir quelques élans sanglants/malsains assez brutaux via un découpage dynamique, et semble faire de bons choix d'adaptation même si ça narration balance parfois des informations de manière un peu pêle-mêle.

Enfin, du côté de l'édition française, en dehors de quelques moirages dans l'impression c'est assez satisfaisant, avec un papier souple et sans transparence, un lettrage propre de Benoît Lassailly, une traduction de Corentine Sys assez claire, et la présence de 8 pages en couleurs sur papier glacé, 4 au tout début du livre, et 4 à la fin avec une petite galerie d'illustrations de différents auteurs.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.5 20
Note de la rédaction