Naruto - Hachette collection Vol.19 : Critiques

Naruto

Volume 18 Volume 20

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 28 Juin 2021

Asuma Sarutobi, le mentor de Shikamaru, Ino et Chôji, est mort assassiné par Hidan et Kakuzu. Tandis que les deux membres d'Akatsuki, l'heure est au recueillement et aux funérailles. Malgré ce moment de chagrin intense, l'équipe 10 compte bien finir la mission, et mettre en déroute les meurtriers de leur chef d'équipe. Épaulé par Kakashi et après que Shikamaru ait concocté une tactique solide, le petit groupe se met en route. Pendant ce temps, Naruto poursuit son entraînement afin de donner naissance à une nouvelle technique qui combinerait la mise en forme du chakra via l'orbe tourbillonnant, et la transformation de celui-ci par l'élément du vent. Une tâche que même le quatrième Hokage n'a pu accomplir...

Le volume précédent s'achever sur un moment profondément triste, et on pouvait être surpris que l'ennemi rebrousse chemin aussi rapidement. Masashi Kishimoto fait en réalité une simple interruption dans son récit afin de gérer l'impact émotionnel de la mort d'Asuma, via un premier chapitre touchant et présentant un Shikamaru changé. On pourra même s'amuser de la cigarette que ce dernier tient en bouche à cet instant (rappelons que le personnage n'a pas plus de 16 ans à ce stade du récit), un gimmick pourtant symbolique et qui trouvera un sens dans tout le déroulement du tome.

Alors, c'est rapidement que l'heure est aux représailles contre Hidan et Kakuzu, pour un deuxième round bien plus intense que le premier. L'auteur a volontairement caché certaines compétences des deux compères, ceci pour créer la surprise dans un affrontement qui semble perdu d'avance. Car bien qu'aidés par Kakashi, Shikamaru, Ino et Chôji sont loin d'être des vétérans. Mais c'est aussi ce fossé gigantesque entre les personnages et leurs ennemis qui amène cette adrénaline, avec un maintient permanent du suspense puisqu'on sait d'avance que la stratégie devra miser sur le force pure... Du moins au départ.

Le double combat est donc savoureux, et les résolutions globalement bien trouvée. L'affrontement de Shikamaru demeure le plus surprenant de ce tome, notamment parce que Kishimoto y mêle l'habile travail d'écriture du personnage qui n'est plus le flemmard d'autrefois, et qui sait aujourd'hui assumer son rôle de successeur. Et à côté, les deux trames que furent le combat contre Akatsuki et l'entraînement de Naruto se rejoignent de manière logique. A cet instant, le déroulement scénaristique se veut un peu plus convenu, mais l'auteur parvient pourtant à créer un climax spectaculaire et qui dose tout de même la nouvelle technique surpuissante de Naruto. Il fallait bien un tel équilibre pour ne pas rendre le héros démesurément puissant à ce stade du récit, car le porteur de Kyûbi aura encore le temps d'évoluer...

L'arc « Hidan et Kakuzu » touche alors à sa fin sur une adrénaline propre à la série, en s'enrichissant de traitements justes et de thématiques toujours très pertinentes. Une nouvelle fois, le mangaka aborde l'idée du passage de flambeau par une jeunesse vouée à porter l'avenir vers un futur positif. La chose fut déjà présente dans l'arc du sauvetage de Gaara et trouve une nouvelle pertinence dans cet opus. Preuve que Masashi Kishimoto sait écrire un manga outre sa capacité à narrer une aventure plaisante, chose qu'il ne réitèrera malheureusement pas sur sa série suivante.

Mais cet épais tome 19 de l'édition Hachette (qui correspond aus opus 37 et 38 de la numérotation d'origine) ne se contente pas de cette fin d'arc et amène tout un segment surprenant autour de Sasuke. Nous savions que l'échéance jusqu'à la possession de l'héritier des Uchiwa par Orochimaru approchait à grands pas, aussi Kishimoto vient défaite cet impératif de la manière la plus étonnante, à tel point que certains pourraient rester sceptiques. Sasuke est, lui aussi, un monstre de puissance, si bien que la tournure du tome se révèle déstabilisante. Mais finalement, tout cet agencement résonne avec les thèmes introduits par Kishimoto : Le surpassement de la jeunesse de leurs ainés. C'est fait de manière assez brute de décoffrage dans cette seconde partie d'opus, via une pirouette scénaristique qui nécessitera une petite concentration, mais qui mène à un revirement plus qu'intrigant. Aussi, l'arc du personnage de Sasuke prend un tournant intéressant, permettant l'entrée en scène de nouvelles figures qui font parfois lien avec les tous débuts du manga. Pourquoi pas, tout ceci nous rendant curieux de découvrir la suite.

Masashi Kishimoto nous offre donc un tome dense, tant en terme d'événement que d'écriture, si bien qu'on pourrait s'étendre pendant des paragraphes encore sur chaque intention du scénario. Il en résulte un opus 19 de l'édition Hachette prenant et percutant, habile mais aussi déroutant sur sa fin. C'est pour cette raison que le volume suivant se fera attendre avec hâte. Soulignons néanmoins un couac d'ordre purement éditorial : Cette édition étant une compilation des volumes simples, il est dommage que Kana et Hachette n'aient absolument rien retouché, à tel point qu'on se retrouve avec des messages d'annonce des volets suivants pour 2008... Pour une mouture qui paraît en 2021, voilà qui fait un peu tâche. On espère que ce type d'erreur sera corrigé dans les tomes ultérieurs.