Naruto - Edition Hokage Vol.26 : Critiques

L’assaut mené par Pain sur Konoha laissera d’indélébiles cicatrices. Néanmoins, Naruto est parvenu à guider Nagato sur le chemin de l’apaisement avant qu’il ne rende son dernier souffle. Le porteur de Kyûbi doit désormais s’en tenir à sa philosophie pacifique et à sa détermination de briser les chaînes de la haine. C’est dans ce but qu’il tente de raisonner les ninjas de Kumo lorsque ces derniers souhaitent retrouver la trace de Sasuke, responsable de la disparition de Killer Bee, afin d’obtenir leur vengeance. Et tandis que Danzô est choisi comme nouveau chef de Konoha, les cinq Kaze sont appelés à se réunir au pays du Fer afin d’évoquer le cas de l’Akatsuki, et plus précisément celui de Sasuke.

Suite à la tumultueuse et passionnante bataille contre Pain, Naruto s’engage vers une voix décisive de son scénario, conformément aux propos tenus par Masashi Kishimoto dans le précédent ouvrage. Le récit opte alors pour un virage plus politique, exploitant des points de son univers qu’on attendait de voir mis en avant à l’instar des cinq Kage, afin de planifier les confrontations à venir et faire le moins sur les relations diplomatiques, symboles des guerres du monde ninja. En plus de suivre un cheminement scénaristique logique, Sasuke et l’Akatsuki étant toujours dépeints dans les grands antagonistes de l’histoire, la trame suit une progression thématique cohérente. Puisque le climax du combat contre Pain mettant en guide d’enjeu la Paix avec un grand P au sein de l’univers shinobi, traiter les relations entre les grands pays a du sens. Il en résulte un double opus très bavard, mais ô combien passionnant. Non seulement le pan géopolitique de Naruto prend de l’ampleur, mais il présente une certaine cohérence thématique. A ceci s’ajoute l’aspect mythologique largement approfondi via divers rebondissements, donnant une substance supplémentaire à l’intrigue. Plus que jamais, on sent que l’auteur pose ses cartes en vue du final de son manga. Cette fin n’est pas pour tout de suite, certes, mais ces éléments tendent à la préparer.

C’est par ces développements que se pose une autre réflexion de l’œuvre : celle de la notion de destinée qui gravite autour des personnages. Par des révélations, Kishimoto en profite pour nous questionner sur le caractère inévitable des événements, en mettant les destins et les prophéties en parallèle au cercle de la haine qui ronge les pays et certains personnages. Une autre idée brillante, donc, et qui a un sens encore plus poussé rétrospectivement, à l’heure où la conclusion de Naruto est connue. Aujourd’hui, certains reprochent au manga de contredire le mérite de son héros par cette notion de destin. Le présent opus apporte des éléments de réponse via un héros prêt à briser le caractère inné des événements, ce qui donne une seconde lecture tout à fait plaisante et permet d’affiner son opinion sur la maîtrise ou non des grandes thématiques de la série par son auteur.

Alors, ce vingt-cinquième tome de l’édition Hokage conjugue de nouveaux pans de la série, tous aussi passionnants les uns que les autres, tout en guidant le manga vers une phase importante de son déroulé. On peut y trouver à redire comme une densité verbeuse, un Danzo quand même trop facilement mis en déroute, ou un combat face à Kisami qui coupe un peu l’adrénaline des grands événements. Mais phase à la générosité narrative et philosophique du récit, difficile de ressortir frustré de la lecture, d’autant plus que les grandes révélations amenées donnent une vision nouvelle de plusieurs éléments de l’univers.

En guise de bonus, ce tome propose plusieurs pages explicatives autour des grandes nations ninjas. Des suppléments qui tombent à point nommé pour apporter plus de précision à la géopolitique très présente du récit. C’est donc appréciable.