Naruto - Edition Hokage Vol.24 : Critiques

Quand Naruto se mêle à l’affrontement contre Pain, il est déjà trop tard pour le village de Konoha, réduit à l’état de chantier. Grâce au chakra senjutsu et au mode hermite, le garçon est pourtant le seul rempart face à celui qui se présente comme le leader de l’Akatsuki. Mais, disposant de plusieurs corps, Pain est un adversaire redoutable pour le porteur de Kyûbi, d’autant plus que le combat met Naruto face à un dilemme à la fois morale et philosophique…

Ce volume met un terme à la lutte contre Pain, et plus globalement à toute une part du conflit contre l’organisation Akatsuki. Une part, oui, car Masashi Kishimoto distille avec brio de nombreux éléments de sa suite au sein de cet opus, confirmant une intrigue qui se dirige vers son segment décisif, mais qui a encore énormément de choses à développer.

Face à un adversaire tel que Pain, l’intensité de l’affrontement était évidente, et l’auteur ne lésine ni sur les rebondissements ni sur sa maestria graphique, la bataille étant palpitante à souhait, sans temps morts et riche de moments forts. Pourtant, ce n’est pas par cet aspect que le volume brille le plus, mais plutôt par tout ce que cette fin d’assaut sur Konoha nous raconte en filigrane. Ainsi, fidèle à sa démarche, l’auteur nous décortique cet antagoniste singulier qu’est Pain, dévoilant de nouvelles parts de cet univers ninja avec une approche plus pragmatique et plus fataliste. À son tour, Kishimoto nourrit son récit de la thématique récurrente des chaînes de la haine forgées par les guerres et la rancœur dans une tonalité douce-amère presque inhabituelle pour le manga. Certes, ‘Naruto’ est une œuvre qui nous a souvent bouleversés par ses histoires dramatiques, mais l’ambiance apportée dans cette réflexion nouvelle se veut plus nuancée, mais aussi plus posée et moins absolue, amenant le lecteur lui-même à la réflexion.

La cerise sur le gâteau vient des connexions que le mangaka parvient à établir avec certains personnages, apportant au passage quelques révélations très attendues. La manière sensible de l’auteur d’amener ces moments est toujours efficace, les scènes faisant mouche sans mal et ce vingt-quatrième tome de l’édition Hokage apportant son lot de moments forts de l’œuvre. Peut-être pouvons-nous affirmer qu’à cette époque, Masashi Kishimoto était à son apogée dans son art narratif.

Puis, la fin de l’arc Pain permet d’enchaîner avec une suite un peu plus politique, mais où l’Akatsuki et les bijû restent au cœur du récit. De son aveu, l’auteur sait où se diriger, et on le ressent par cet échiquier qui s’installe tranquillement. Dès lors, il y a de quoi avoir hâte de voir ce que l’auteur nous réserve !

Pour ce volume de l’édition Hokage, les bonus s’avèrent particulièrement intéressants, nous ne pas dire indispensables : une interview croisée de Kishimoto et de Yoshihiro Togashi, l’auteur de Yuyu Hakusho et de Hunter X Hunter, vient mettre en exergue le respect mutuel des deux mangakas et la vision de leurs œuvres. Un échange des plus passionnants, donc !