Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 23 Juin 2010
Yaoi fantastique, My demon and me illustre l’histoire d’Aki, un adolescent dernier descendant d’une lignée maudite vouée à mourir jeune. D’ailleurs, Aki est atteint d’une grave maladie qui le fait dépérir à petit feu. Le jour de la mort de son grand père, celui-ci confie à son petit fils qu’il ne sera jamais seul … En effet, Aki va réveiller l’esprit qui dort dans l’autel familial. Ce démon, qu’Aki appelle Setsu, s’engage à le guérir, en contrepartie d’un certain plaisir physique qu’il retire de l’affaire. C’est alors que le jeune homme se rend compte que le démon est plus intéressé par son corps que par ce qu’il peut avoir à dire, et le tribut de sa guérison passera par des épreuves disons … éprouvantes. Le prétexte de la malédiction est malheureusement simplement là pour induire une histoire d’érotisme, et les rapports entre Setsu et Aki sont surtout sexuels, bien que l’on aperçoive une ébauche de sentiments peu aboutis, peu justifiés et surtout arrivants comme un cheveu sur la route, et uniquement pour faire plaisir aux lectrices un tant soit peu sentimentales … Ceci dit, l'auteur réussit très bien les scènes sensuelles qu'elle imagine. Mais cela ne fait pas tout !
Les personnages secondaires se retrouvent souvent plus intéressants que la simple relation entre nos deux héros, ce qui est bien dommage. Peut être que si Setsu avait moins de charisme écrasant et qu’Aki servait à autre chose qu’à se faire soigner, on pourrait avoir quelque chose … sur la fin de ce premier tome, la narration s’améliore cependant et devient sympathique sur quelques pages, voire prometteuse. Ce ne serait alors pas un simple un prétexte pour mettre en scène un démon et un humain batifolant joyeusement … ce qui était notre principale angoisse. Il est juste dommage que l’auteur ne se prenne pas assez au sérieux et n’aille pas plus loin dans le développement des personnages et de l’histoire principale, en creusant un peu son sujet pour paraitre plus sérieuse et moins « auteur à la sauvette » comme elle pourrait en donner l’impression. La mangaka nous offre deux nouvelles en fin de tome, dont une trop classique entre un professeur laxiste et son élève séducteur sans le savoir. Rien de bien transcendant, contrairement à la deuxième et dernière, plus intéressante car inhabituelle, montrant des détails et une narration qu’on ne retrouve pas de partout, et plaçant le tout dans une époque différente de la notre. Au final, c’est une impression assez mitigée qui ressort de la lecture de ce premier tome, et on attendra le deuxième pour s’en faire un réel avis. Aki vogue encore entre la naïveté ou la réserve, Setsu entre le charisme écrasant et violent ou la plus subtile aura de force et de domination fragile. A suivre, le tout étant encore un peu incertain et peu représentatif.
Niveau dessins, on apprécie le design assez varié des personnages sauf dans le dernier bonus de My demon and me. Les traits adoptent tous un compromis savamment dosé entre douceur et offensive, avec des pointus dans le regard ou le visage mais également des sourires plus joviaux ou des sentiments exprimés avec justesse. L’ensemble reste un peu simple, avec un cruel manque d’arrières plans, ce qui laisse une grande impression de vide malgré le cadrage maitrisé, la pertinence des expressions et le style plutôt sympathique de Setsu. Asuka continue donc avec force la publication des titres du BexBoy, avec une couverture qui rend les personnages trop durs et peu avenants mais une qualité d’édition satisfaisante, sans plus. Les pages, surtout pour une narration aussi épurée, sont un peu fines mais rien de bien dramatique, d’autant plus que l’on appréciera les traductions, facilement lisibles même dans les petites cases lors de discussions intimistes. En somme, il ne nous reste plus qu’à attendre le volume deux, avec impatience puisque la publicité de fin de tome semble suggérer soit qu’Aki change complètement de look, soit que la mangaka nous entraine dans une histoire tout à fait différente …