My Elder Sister Vol.1 - Actualité manga
My Elder Sister Vol.1 - Manga

My Elder Sister Vol.1 : Critiques

Ane Naru Mono

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 04 Octobre 2021

La borderline collection Daitan! des éditions Meian semble un peu capable de tout, puisqu'une comédie bien barrée comme Pop Team Epic peut y côtoyer des oeuvres érotiques sulfureuses telles que le totalement oubliable Les Rives rouges de l'adultère. C'est, d'ailleurs, plus dans ce dernier registre que la collection semble s'enrichir la plupart du temps, en offrant des récits pouvant déstabiliser, notamment par les relations de leurs protagonistes. Ce n'est pas le dénommé Harem in the Fantasy World Dungeon, lancé il y a quelques jours, qui dira le contraire en dépeignant un héros qui se fera son harem dans un autre monde, pour un résultat qui n'hésitera pas à faire dans un érotisme assez poussé sur la longueur. Et pourtant, fin septembre, la collection a également accueilli un autre titre qui, sur le papier, se faisait plus mystérieux en ne disant pas grand chose de son contenu: My Elder Sister.

A l'origine de ce manga, on trouve Ane Naru Mono, qui n'est autre qu'un hentai lancé par la mangaka Iida Pochi en 2015 à titre amateur sous le pseudonyme Pochi-Goya, et qu'elle poursuit toujours aujourd'hui en lui offrant, de temps à autre, de nouveaux chapitres (à ce jour, 11 chapitres X sont parus). C'est l'année suivante, en 2016, que l'autrice a l'occasion de lancer, à titre professionnel cette fois, la version soft qui nous concerne ici, est qui est toujours en cours actuellement au Japon dans le magazine Dengeki G's Comic d'ASCII Media Works/Kadokawa. Inconnue dans notre pays avant cette publication, Iida Pochi. officie discrètement au Japon depuis environ 10 ans et, entre différents doujinshi, a également dessiné quelques séries courtes (tendant généralement vers l'ecchi), a participé à une anthologie collective sur Sword Art Online, et a illustré le light novel Do You Like Your Mom Whose Normal Attack is a Double Hit on All Target? (connu en France pour son adaptation animée diffusé sur Wakanim). Enfin, chose pas si courante que ça: sans avoir eu d'anime à ce jour, My Elder Sister semble jouir d'une certaine popularité dans son pays d'origine, puisque son héroïne a déjà eu droit à plusieurs figurines ces dernières années.

My Elder Sister démarre par les aveux d'un jeune garçon, qui n'est autre que notre héros: pendant une partie de sa vie, il a vécu avec celle qu'il appelait sa grande soeur, une personne dont il se remémore encore la tendresse, le parfum, la douceur... alors qu'en réalité, elle était un démon. Mais un démon qui lui a offert les jours les plus heureux de son existence.

Car quand commence réellement le récit après cette brève introduction, on découvre en Yuu un adolescent qui n'a rien pour être heureux. Ses parents sont morts dans un accident quand il avait seulement 5 ans. Et, depuis, il a constamment été ballotté entre différents membres de sa famille qui, à chaque fois, finissaient par en avoir marre de lui et par le rejeter, tout simplement parce que, à force de vouloir rester discret et silencieux pour ne gêner personne, il apparaissait comme un garçon sinistre. Plusieurs années plus tard, il n'a donc jamais trouvé sa place quelque part, a grandi sans amour, dans la solitude, jusqu'à finir par poser ses bagages, à 14 ans, chez le cousin de sa mère, un homme lui-même assez solitaire et qui l'a accueilli sans rechigner. Malheureusement, suite à l'hospitalisation de longue durée de cet "oncle", Yuu se retrouve à nouveau seul, dans la grande maison de ce dernier... mais est-il tout à fait seul ? Rapidement, l'adolescent est amené à aller à l'encontre de l'interdiction que son oncle lui avait posée: celle de pénétrer dans la remise où l'homme lui-même passait tout son temps. Yuu découvre, en ce lieu, un escalier secret, aboutissant sur une pièce souterraine jonchée d'étranges symboles... Et, bientôt, une silhouette féminine pas tout à fait humaine apparaît sous ses yeux. Avec ses longs cheveux noir tentaculaires, ses jambes d'ongulé et ses cornes sur la tête, elle est ce que le commun des mortels appelle un "démon". Elle a le pouvoir de réaliser un voeu du jeune garçon, en échange de ce qu'il a de plus précieux. Et pour Yuu, qui a grandi malheureux et sans famille aimante, le choix est tout trouvé: il souhaite que cette figure féminine, aussi belle qu'inquiétante, devienne sa grande soeur. Etonnée par cette demande, elle accepte, prend une forme totalement humaine, et adopte le nom de Chiyo. Et c'est ainsi qu'une étrange et fusionnelle vie à deux va commencer...

Une "grande soeur" démoniaque particulièrement magnifique et à la tenue volontiers sexy, un récit puisant sa source dans un hentai, une série publiée dans la collection Daitan!: grosso modo, tout semblait devoir désigner My Elder Sister comme un manga ecchi/érotique de plus, voué à dépeindre une relation sulfureuse... Eh bien, en réalité, ce n'est pas le cas. Il y aura bien, dans les débuts de cette vie à deux, des moments où Iida Pochi. fait ressortir le charme de Chiyo, notamment quand elle taquine avec tendresse Yuu ou lui offre des petits plaisirs embarrassants (le laver, lui curer les oreilles en profondeur de façon très particulière...) et que ce dernier se retrouve embarrassé face à son incroyable charme et à ses formes. mais concrètement il n'y a rien de voyeuriste (même pas de nudité), la dessinatrice s'appliquant plutôt à offrir un certain pouvoir de fascination en son héroïne, dont les traits fins, la douceur et la part d'élégance la rendent simplement belle et envoûtante.

En réalité, la mangaka va donc surtout jouer sur deux autres choses.
Tout d'abord, le lien tendre qui se crée entre les deux personnages. Pour un garçon comme Yuu qui a toujours été seul et qui a grandi sans amour, l'apparition de cette "grande soeur" si attentive est forcément un bonheur inattendu, devant lequel il ne sait pas toujours comment réagir exactement, mais qui lui fait assurément du bien par sa présence attentionnée et par une tendresse qu'il n'avait jamais connue dans sa vie. Quant à Chiyo, elle découvre petit à petit un monde humain que, finalement elle connaissait très mal, tandis qu'elle démystifie certaines croyances habituelles sur les démons (par exemple, si elle propose à Yuu de lui cuisiner du placenta humain au départ, c'est parce que les humains qui 'invoquaient lui offraient toujours ça en offrande, et elle croyait donc que c'était un mets très raffiné). Chiyo a beaucoup de choses à découvrir sur la société humaine, y compris des petites choses anodines (elle confond un tuyaux d'arrosage avec un serpent, par exemple), ce qui lui rajoute une part de candeur.
Ensuite, l'atmosphère générale du récit, qui enveloppe vraiment les deux personnages principaux comme s'ils étaient seuls au monde et hors du temps, simplement heureux ensemble. Seuls dans la grande maison traditionnelle, ils passent leur temps simplement à deux dans une certaine douceur... mais aussi avec une point de mélancolie car, tout du long, l'histoire est racontée directement par Yuu qui semble plus âgé et qui n'a peut-être plus Chiyo à ses côtés.

My Elder Sister est, pour l'instant, un manga bien différent de ce à quoi on pouvait s'attendre. Iida Pochi. ne va pas forcément chercher très loin les premiers moments de vie des deux personnages ensemble, mais elle livre un ensemble facilement agréable, sorte de tranche de vie portée par une héroïne qui n'a finalement pas besoin de trop s'exhiber pour montrer beaucoup de charme, par le lien qui se crée ente elle et Yuu, par une atmosphère un peu hors du monde assez délectable, et par un dessin fin qui entretient plutôt bien cette atmosphère. Il n'y a plus qu'à attendre de voir de quoi la suite sera faite, car quelques interrogations sont forcément là (entre autres, quelle est la chose la plus précieuse que Yuu a pu sacrifier ? Peut-être que ce sera Chiyo elle-même ?).

Concernant l'édition française, Meian livre une copie de bonne facture. Le papier allie souplesse, épaisseur et absence de transparence, tout en permettant une qualité d'impression convenable. La première page en couleurs est appréciable, la traduction de Damien Guinois est très claire, le lettrage de Laurie Baum est soigné, et la jaquette reste proche de l'originale japonaise et bénéficie d'un vernis sélectif sur le logo-titre.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs