Murciélago Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 01 Novembre 2018

Chronique 2
  
Après My Teen Romantic Comedy, les éditions Ototo ont lancé leur deuxième nouvelle série de la rentrée 2018 : Murciélago. Titre signé Kana Yoshimura (ou Yoshimurakana selon la transcription officielle), la série est en cours depuis 2013 dans le Young Gangan des éditions Square Enix, avec 12 tomes au compteur au Japon. D'ailleurs, son succès est tel qu'un spin-off est proposé depuis cette année : Murciélago ARAÑA , dessiné par Shin Arakawa, l'auteur de Bad Luck Witch.

Kuroko Kômori n'aurait pas dû continuer à vivre. Psycopathe, criminelle et perverse absolue, elle doit sa vie à ses talents d'assassin. Car la criminalité est croissante dans le pays, si bien que Kuroko est recrutée par l'Etat en tant que tueuse à gage. Ainsi, aux côtés de Hinako, pilote hors pair, fanatique de véhicules et chargée de la surveillance de l'ex condamnée à mort, Kuroko accomplit les tâches que le gouvernement lui confie à travers des missions toujours plus explosives... durant lesquelles la psycopathe a toujours l'oeil pour dénicher les beautés qui piquent son appétit de perverse.

Une tueuse déjantée qui accomplit les missions qu'on lui donne... Murciélago se présente, à première vue, comme une série d'action somme toute classique, sans grande originalité dans la formule. Pourtant, derrière un schéma très simple, Yoshimurakana nous offre un divertissement particulièrement dynamique, ne serait-ce par son déroulement qui finit par vite briser les codes qu'on lui attribuait à première vue. Si on pensait d'abord découvrir une succession de petites missions misant sur l'excentricité des personnages et le rythme effréné des événements, le mangaka nous prend à contrepied en proposant finalement rapidement des situations assez développées, qui ne semblent pas juste un prétexte à fournir de l'action et du divertissement. Car si la première intrigue, une sorte de mise en place de l'ambiance et des personnages, va dans ce sens, on apprécie le début de deuxième histoire qui se paie le luxe de s'étendre au-delà de ce simple premier volume. Alors, la parution simultanée des deux premiers opus de Murciélago est une excellente initiative des éditions Ototo, puisque la situation qui conclue ce tome d'amorce donne très clairement l'envie de découvrir la suite.

Une formule forte, certes, mais Murciélago semble aussi reposer sur des personnages particulièrement attachant par leurs caractères décalés. Si quelques figures supplémentaires sont introduites sur la seconde histoire (reste à voir si elles resteront sur l'ensemble du récit), c'est Kuroko et Hinako qui sont particulièrement bien dépeintes ici, tant dans leurs psychologies bien barrées que dans leurs interactions. Au final, c'est bien Hinako qui est difficilement définissable, la jeune fille semblant finalement juvénile, tandis que la place de Kuroko en tant que criminelle est bien établie.

Enfin, impossible de ne pas relever le côté aguicheur de la série, présent dès les premières pages qui présentent une Kuroko savourant un bon moment avec l'une de ses conquêtes. Si sur le coup la séquence semble un peu gratuite, elle contribue à l'ambiance décalée de la série, tant les moments coquins sont toujours montrés avec une certaine ironie plus que dans un désir d'émoustiller lecteurs et lectrices. Et si notre anti-héroïne montre régulièrement son besoin de séduire les jolies jeunes filles qui passent, le titre ne va jamais dans le trop vulgaire, et jamais ces points d'humour frivoles n'empiètent sur la narration et sur l'intensité des situations.

Et visuellement, le style de Yoshimurakana s'accorde totalement avec le titre. Son dessin est dynamique et particulièrement expressif, point essentiel quand on cherche à dépeindre des personnages aussi décalés. Le mangaka ne manque d'ailleurs pas de nous afficher quelques mines improbables pour marquer les personnages psychologiquement instables, une sorte d'excès dans la folie qui se marie bien avec l'excentricité du titre.

L'édition est elle aussi de bonne facture : le papier est de qualité, plutôt fin mais jamais transparent, une page couleur en début de titre, une traduction assurée par Nicolas Pujol, et un très sympathique effet argenté sur la couverture.
  
  
Chronique 1
  
Proposant souvent des mangas ancrés dans des univers typés fantasy et/ou bénéficiant déjà d'une certaine popularité via un autre support (anime, light novel...), le catalogue des éditions Ototo s'enrichit cette fois-ci d'une série qui ne fait partie d'aucune de ces catégories ! Première série longue du mangaka Yoshimurakana (qui officie depuis 2010, et qui depuis a signé quelques autres titres) et projet complètement original de l'auteur, Murciélago a vu le jour en 2013 dans les pages du magazine Young Gangan de Square Enix, et est toujours en cour actuellement. Bénéficiant d'un joli petit succès grâce à son cocktail explosif, la série connaît même, depuis cette année, un spin-off au Japon: Murciélago ARAÑA, qui se centre sur le personnage de Reiko Kuchiba (dont on fait la connaissance dès ce 1er tome)

Murciélago nous plonge dans un Japon contemporain, aux côtés d'une héroïne... hum, particulière. Après avoir passé des années à tuer de différentes manières des gens et avoir accumulé 715 victimes à son actif, la tueuse professionnelle Kuroko Kômori s'apprête à passer l'arme à gauche, puisque la peine capitale l'attend. Et pourtant, au lieu d'être exécutée, voici qu'on lui propose un bien étrange marché: travailler directement pour le gouvernement. En effet, la criminalité ne cesse d'augmenter dans le pays, et pour l'éradiquer le gouvernement souhaiter combattre le mal par le mal... Et Kuroko, elle, ne demande pas mieux, puisqu'elle pourra tranquillement continuer de tuer, cette fois-ci uniquement des criminels, mais toujours avec fracas et pas mal de dégâts. Mais ça, elle s'en fiche: mandatée par les plus hautes instances du pays, elle a carte blanche pour dégommer la gangrène criminelle et s'en donne à coeur joie ! Dans ses missions, elle est accompagnée par Hinako Tozakura, une jeune fille au physique et aux mimiques adorables, qui est aussi chargée de surveiller la tueuse, et est une fanatique de véhicules qu'elle conduit comme personne (enfin, à sa manière). Et quand elle ne s'adonne pas aux tueries, Kuroko a un autre loisir: lesbienne, elle prend plaisir à mater et à faire tomber dans ses bras (enfin, surtout dans son lit) les demoiselles qui lui plaisent, de préférence celles à gros seins. Et dans ce domaine là aussi, personne ne lui résiste.

Le premier volume de Murciélago suit un schéma assez classique, en proposant des premières "missions" qui donnent le ton: retrouver et éliminer un ancien catcheur drogué devenu complètement fou et surpuissant, balayer des petites frappes venues la déranger en plein rencard, se sortir d'un manoir piégé... sans oublier en fin de tome le chapitre pilote montrant comment Kuroko a été embauchée et offrant aussi une petite mission. Même si l'histoire au sein du manoir piégé n'est pas encore achevée avec ce tome, Yoshimurakana ne s'embarrasse pas forcément de récits très complexes... et c'est tant mieux, tant le mangaka a à coeur de privilégier tout autre chose: le fun ! Pour l'instant, les premiers récits sont surtout un bon prétexte pour planter le décor avec une redoutable efficacité. Un décor qui repose avant tout sur son (anti)héroïne, Kuroko, qui perce les pages de par son caractère et son comportement. Elle le dit elle-même, elle n'est pas une bonne personne, et ce n'est certainement pas parce qu'elle est désormais aux ordres du gouvernement qu'elle va changer ne serait-ce qu'un peu (de toute façon, elle a été embauchée par le gouvernement précisément parce qu'elle est comme ça). Tueuse sanguinaire, névrosée et lesbienne, Kuroko fait tout simplement ce qui lui plaît et règle les choses à sa manière, généralement en se fichant royalement de ce qui ne l'intéresse pas, et elle le fait d'autant mieux qu'elle est une véritable professionnelle de la mort. Il ne faut donc pas s'étonner de la voir rester neutre ou balancer un petit "oups" nonchalant devant des gens massacrés, de la voir poursuivre tranquillement son repas avec sa mignonne collègue alors que le resto est braqué (enfin, jusqu'à ce qu'on la dérange...), ou de plus penser à ce qu'elle pourrait faire avec les filles qui l'entourent qu'à se sauver quand il y a du danger. Sanglante, sans morale et déconnectée de beaucoup de choses, Kuroko apporte un côté décalé ainsi que beaucoup d'humour noir, et le résultat s'avère facilement jouissif. D'autant plus qu'à ses côtés, Hinako est, elle aussi, une demoiselle assez fun dans son genre. Exagérément mimi, elle apporte un certain contraste... mais accompagne pourtant Kuroko dans ses frasques dès qu'elle peut, et peut être une véritable furie n'ayant peur de rien dès qu'elle a le volant de sa voiture entre les mains, avec à la clé quelque cascades bien frappées pour encore plus de dégâts ! Autour de ces deux-là se mettent en place, discrètement mais sûrement, des visages sans doute voués à être récurrents, comme le Président du clan Yanaoka, Chiyo Yanaoka (une des favorites de Kuroko au lit), l'agent Tsuru et sa collègue Kimihara, sans oublier les différentes têtes apparaissant au sein du manoir piégé.

Pour porter son récit fun, amoral et excessif, l'auteur ne lésine sur rien visuellement. En plus d'avoir un trait d'une grande précision et pouvant être riche en détails, Yoshimurakana se fait plaisir dans les expressions de ses personnages (notamment en proposant des mines souvent décalées par rapport à la situation pour Kuroko, ou en allant même parfois dans le chibi ou le SD, surtout pour Hinako), dans les pointes de gore qui trouvent un bon équilibre (elles sont bien là, avec par exemples boyaux apparents, mais ne sont pas trop exagérées, simplement elles servent bien le ton global), dans les décors urbains qui sont bien présents... et surtout dans un excellent sens du rythme et de la mise en scène ! Le dessinateur propose un bon lot d'action (gunfights, corps-à-corps, pièges...) et de cascades (de ce côté-là, mention spéciale à la conduite bourrine de Hinako) parfois grandiloquentes, et sait toujours bien mettre en avant le tout via des angles de vues fluides, variés, parfois assez originaux, et où on sent tout simplement qu'il se fait plaisir.

Le résultat est une lecture d'une grande efficacité, qui nous immerge d'emblée dans son univers. Si vous cherchez un manga d'action décomplexé, sans morale, avec son lot de violence comique et d'humour noir, les frasques de la forcenée Kuroko Kômori pourraient bien être ce qu'il vous faut !

Côté édition, Ototo livre une excellente copie: jaquette très fidèle à l'originale japonaise, 6 premières pages en couleurs (ou en bichromie pour faire ressortir le rouge du sang), papier bien épais et souple, excellente impression, lettrage soignée... Surtout, le traducteur Nicolas Pujol offre un excellent travail, qui colle bien aux personnages, et qui est souvent très bien dans le ton, surtout pour les petites réparties un peu décalées de Kuroko par rapport à la situation.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction