Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 27 Décembre 2024
Alors que la première partie de Moriarty s'est achevée au Japon en début d'année 2023 et en France en juin dernier, la dessinatrice Hikaru Miyoshi n'est pas restée inactive et a, dans la foulée, dessiné elle-même un spin-off de l'oeuvre: Moriarty - The Remains. Achevé en trois volumes, celui-ci est l'adaptation d'une série de trois romans qui est elle-même un spin-off du manga d'origine, qui a été publié au Japon entre 2018 et 2020, et qui a été écrite par Yosuke Saita.
Le principe est ici assez simple: alors que William et ses frères retournent dans l’ancien manoir Moriarty à Durham qui est désormais abandonné, Louis y retrouve un "journal d'enquêtes" qu'il a tenu pendant plusieurs années et dans lequel il consignait des affaires auxquelles les membres du clan Moriarty. Pour eux, parcourir aujourd'hui ce journal revient à réveiller de vieux souvenirs, qu'ils se mettent à évoquer ensemble.
Ainsi ce manga est-il voué à se composer de différentes petites passées indépendantes, qui sont au nombre de trois dans ce premier volume. Dans l'une, William se remémore avec amusement la fois où il a dû venir en aide à Moran qui fut accusé de triche face à un redoutable joueur qu'il a fallu piéger. Dans l'autre, les trois frères se rappellent un moment très important de leur enfance: celui où ils ont été acceptés comme disciples pour apprendre à se battre par le célèbre Jack l'éventreur, après avoir passé son test. Quant à la troisième histoire, qui n'est pas encore finie à l'issue du tome, on y retrouve un William intrigué par une petite fille dans un grand magasin, sans savoir qu'en voulant veiller sur elle il s'apprête à se retrouver au coeur d'un grave danger.
Au vu de la formule adoptée par le roman d'origine et donc par le manga aussi, chaque récit reste plutôt court, et il va alors de soi que les auteurs y vont à l'essentiel. Mais même si l'on aurait volontiers aimé voir un peu plus d'approfondissements sur certains points mine de rien importants (en tête, le rapport que les Moriarty ont pu avoir avec Jack l'éventreur, figure criminelle historique et légendaire que Saita et Miyoshi se réapproprient de façon aussi étonnante qu'intrigante mais pas assez développée), on sent toute l'expérience de la dessinatrice dans l'univers de Moriarty, qu'après tout elle dessine depuis plusieurs années: son dessin et son rythme narratif restent très bons pour nous emporter dans chacune de ces histoires.
Quant aux histoires, justement, mais si elles restent simples, elles ont le mérite de jouer sur des créneaux assez variés. Dans la première, sur fond de jeux et de paris, c'est le sens de la stratégie de William qui est exploité, avec aussi une petite part d'humour et une présence sympathique de Moran. Dans la deuxième, c'est surtout l'action qui domine via le teste imposé par Jack l'éventreur, le tout mettant en avant la détermination et les talents des trois jeunes Moriarty, tout en jouant sur des séquences forcément plus vives, même si le rendu de l'action reste plutôt classique. Enfin, dans la troisième, on apprécie dans un premier temps l'esprit d'observation, d'analyse et de déduction de Will, avant de voir les choses s'emballer petit à petit autour de la jeune et intrigante Helena, une enfant chez qui on a vite fait de cerner certaines capacités peu communes.
A l'arrivée, ce premier tome se lit tout seul. Les histoires, de par leur rapidité, restent plutôt convenues et manquent parfois d'un petit peu de profondeur, mais chacune d'entre elles a ses propres spécificités, et et soigneusement rythmée et dessinée par la mangaka. En somme, même s'il n'y a rien d'indispensable ici, c'est une bonne manière pour les fans de prolonger le plaisir dans l'univers de Moriarty.
Enfin, côté édition: Kana reste heureusement dans la droite lignée du manga principal: même format, même qualité très correcte de papier et d'impression, même travail de qualité de Patrick Honnoré à la traduction, même charte graphique pour la jaquette qui est soigneusement adaptée de l'origine nippone... Soulignons aussi, en début de tome, le mini poster dépliant nous gratifiant d'une illustration en couleurs.