Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 20 Octobre 2010
Imaginez, un monde sans ciel … C’est le quotidien de Mana, depuis que les humains sont relégués dans les souterrains depuis un grand bouleversement de leur fonctionnement. Le ciel est alors plafond, et la jeune fille désespère de retrouver un jour la joie des grands espaces et de la liberté. Avec son grand père, elle nourrit le rêve d’un jour revoir de véritables oiseaux s’élancer dans l’immensité de cet océan azur, au lieu de voir des prototypes s’écraser contre le plafond sous lequel ils vivent. Elle y croit dur comme fer, et la présence à ses côtés de Ciel, un robot plus ou moins en mauvais état de marche, l’aide à garder espoir. En effet, Ciel est capable de reproduire les images de l’extérieur rien qu’en chantant, lui qui a été fabriqué là haut en tant que sbant (les robots de ce manga). Tout se passe pour le mieux dans la vie de Mana, qui aide son grand père à croire en la remontée de l’être humain à la surface. Cependant, ses parents ne l’entendent pas de cette oreille et pour eux toute cette expérience n’est qu’une manière de dilapider l’argent qui doit leur revenir … Sous un coup de sang, le couple va mettre fin aux jours du grand père de Mana dans une sauvagerie sans pareille, tenant des propos plus que désobligeants. Mais cet acte injuste réveille la conscience endormie de Ciel, ancien robot de guerre qui va immédiatement se venger en détruisant les assassins.
C’est là-dessus qu’arrive Mana, qui est bien évidemment profondément perturbée par cette scène d’horreur qui se déroule sous ses yeux. Ciel devient alors un criminel fugitif, trouvant refuge dans un petit groupe de doux rebelles qui eux aussi militent pour le retour à la surface, afin de pouvoir à nouveau admirer les nuages folâtrant dans l’immensité du ciel bleu. Mais cette douce et tendre échappée belle sera bien vite mise à mal par l’intervention de R, un sbant spécialisé dans les arrestations. De là, on découvre un récit assez complexe en apparence mais au final très simple, presque binaire. Revoir le ciel, une vaste quête mais qui est ici sans doute amenée avec trop de brutalité pour être poétique. De plus, si l’on apprécie la partie spéciale consacrée à R, cela efface quelque peu l’impact des sentiments décrits tout au long du manga, qui se diversifient alors pour mieux se brouiller. Toutefois, on retrouve avec plaisir la douceur de narration de l’auteur, son attachement au chant ou à l’art en général, aux significations profondes de certains détails du quotidiens. Dommage que le monde de Mana soit trop éloigné du notre pour que l’on puisse réellement sentir sa détresse, son espoir, sa renaissance à la vue du ciel enfin à portée de main. Le tout reste cependant appréciable quoique loin d’être transcendant. Sans doute manque-t-il un peu d’authenticité pour faire de ce petit one shot une lecture que l’on n’oublierait pas …
Les graphismes sont eux conformes à ce que l’on attendait, bien que l’on ne puisse s’empêcher de remarquer qu’il y a moins de soin accordé sur ce trait là que dans Bienvenue au Wakusei Drops par exemple. Certains personnages sont trop simplifiés une fois sortis du premier plan, et leurs limites corporelles ont tendance à légèrement varier. De plus, le manque de charisme de certains personnages empêche de donner au trait de la mangaka un réel caractère et certaines figures passent à la trappe. Enfin, on ne pourra pourtant pas dénigrer la finesse des dessins, bien agréables et en adéquation avec les thèmes poétiques et réflexifs développés tour à tour dans le manga. Niveau édition, Tonkam ne se démarque réellement ni en bien ni en mal, avec une constance assez régulière dans la qualité du papier et le malheureux manque d’adaptation des onomatopées ! Bref, Un monde sans ciel c’est une jolie réflexion sur notre propre monde, mais cela s’arrête sans doute une fois la dernière page tournée.