Mon amie des ténèbres Vol.1 - Actualité manga
Mon amie des ténèbres Vol.1 - Manga

Mon amie des ténèbres Vol.1 : Critiques

Jijô o Shiranai Tenkousei ga Guigui Kuru

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 16 Septembre 2021

Chronique 2 :

En ce mois de rentrée des classes, nobi nobi!, le label jeunesse de Pika Edition, nous propose de découvrir, depuis quelques jours, un nouveau manga fortement ancré dans le cadre scolaire: Mon amie des ténèbres.

De son nom original Jijô o Shiranai Tenkousei ga Guigui Kuru (que l'on pourrait traduite littéralement par "L'élève transféré qui ne connaît pas les circonstances arrivent "), l'oeuvre est en cours de parution au Japon depuis 2018 dans le magazine Gangan Joker de Square Enix (magazine également connu en France pour les séries Les Mémoires de Vanitas, Gambling School, Danmachi - Sword Oratoria ou encore Secret Service - Maison de Ayakashi, entre autres), et elle arrive dans notre pays en ayant une jolie petite réputation en ayant été, dans son pays d'origine, sélectionnée au "Kono Manga ga Sugoi !" en 2020, toutefois sans faire partie des oeuvres lauréates.

La série est signée Taku Kawamura, mangaka jusqu'à présent inédit en France mais qui est loin d'être un débutant au Japon: actif dans son pays d'origine depuis le début des années 2010, ce prolifique auteur a déjà à son actif pas mal d'histoires courtes (généralement publiées sur pixiv ou sur twitter) ainsi que plusieurs séries chez différents éditeurs (Square Enix, Kadokawa, Akita Shoten). Des récits très souvent ancrés dans la tranche de vie légère, humoristique et romantique. A cela s'ajoutent plusieurs participations à des anthologies collectives, notamment autour de Rent-a-Girlfriend, Arrête de me chauffer Nagatoro ou encore Higurashi no naku koro ni.

Comme le laisse assez bien deviner le titre japonais de la série, tout commence ici par l'arrivée, dans sa nouvelle école primaire, de Taiyô Takada. Débarquant au milieu du cursus scolaire, le jeune garçon n'a donc aucune idée de la "hiérarchie" qui existe dans sa classe, hiérarchie voyant une petite fille du nom d'Akane Nishimura constamment moquée et écartée du groupe. Avec son côté timide et renfermé, ses habits souvent noirs, ses longues mèches retombant sur son visage et ses grands yeux ronds, la fillette est vue comme particulièrement sinistre par les autres qui, dès lors, n'ont de cesse de lancer des rumeurs sur elle, comme quoi elle serait une ténébreuse sorcière. Au fil du temps, la solitaire jeune fille a tâché de s'en accommoder, quitte à mentir à ses parents à la maison quand ils lui demandent si tout va bien. Mais elle ne s'attendait sans doute pas à ce que ce nouvel élève qu'est Taiyô bouscule à ce point son existence. Très, très loin de la trouver sinistre, le jeune garçon n'a aucun a priori sur elle, et la trouve même classe ! Avec pour seules armes sa naïveté enfantine souvent extrême (qui fait qui'l ne comprend même pas qu'Akane est brimée) et sa franchise à toute épreuve, il va nouer avec la jeune fille une amitié à laquelle elle ne se rait jamais attendue, jusqu'à lui permettre de s'ouvrir petit à petit.

Loin d'être nouveau y compris dans le domaine du manga, le harcèlement scolaire est un sujet pouvant toucher tous les pays, dans la mesure où il s'agit d'une réalité aussi dramatique que grave, d'autant plus que les brimades peuvent parfois aller extrêmement loin. Un manga comme Life de Keiko Suenobu, paru en France chez Kurokawa il y a déjà plus de dix ans, ne dira pas le contraire, entre autres séries. Mon amie des ténèbres aurait pu être une série de plus abordant sur un ton grave le problème, mais c'est mal connaître Taku Kawamura qui offre à son histoire un angle résolument différent, abordant la chose par le prisme de la légèreté adorable et du "feel good" total.

Et cela, on le doit au personnage de Taiyô, véritable rayon de soleil comme le laisse deviner son prénom "Taiyô voulant dire "soleil" en japonais). D'un côté, le fait qu'il arrive dans l'école en cours de route et ne connaisse rien de la situation d'Akane fait qu'il n'est en rien concerné par les diktats du groupe condamnant la fillette à l'exclusion, et qu'il n'a aucunement conscience des choses. De l'autre côté, sa franchise à toute épreuve et son côté finalement très ingénu lui font désamorcer toutes les tentatives de brimades et de mises en garde des autres, comme quoi Akane serait une "sorcière des ténèbres" qu'il faut à tout prix éviter. Taiyô, lui, se contente non seulement de trouver ce surnom de "sorcière des ténèbres "hyper classe", et de trouver Akane elle-même trop cool ! Alors quand Kitagawa et Kasahara, les principaux leaders des moqueries envers Akane, passent à l'attaque, il désarme à chaque fois les harceleurs en leur renvoyant, par des paroles simples, leurs moqueries à la figure, à chaque fois sans se rendre compte de leur méchanceté.

En cela, Taiyô a quelque chose de vraiment lumineux: même si son côté pur est volontairement amplifié, il a quelque chose qui fait vraiment du bien... et ce n'est pas Akane qui dira le contraire, tant on se plaît à observe, au gré de ses nombreuses réactions face à ce garçon, ses côtés en réalité touchants, attachants, mignons et adorables, des choses que la grande soeur de Taiyô remarquera elle aussi avec bienveillance et amusement. Même si elle reste encore timide et pas forcément très souriante, Akane ne peut qu'avoir des réactions choupi à souhait (rougissements prononcés, visages caché dans ses mains...) dès que Taiyô lui montre son amitié voire la complimente de façon parfois assez ambiguë (et pourtant sans la moindre arrière-pensée). Et c'est ainsi qu'à ses côtés, la petite fille se montre peu à peu plus heureuse, en nous donnant follement envie de la voir continuer à s'ouvrir à petites doses.

Pour accompagner cette tranche de vie rafraîchissante et salvatrice, Taku Kawamura offre un style visuel tout en légèreté. pas de grandes prouesses graphiques ici, ni de décors extrêmement travaillés, car les choses passent avant tout par l'expressivité des personnages, avec des traits ronds et un aspect un peu épurés qui font vraiment bien ressortir les personnages et leur ressenti.

Enfin côté édition, on a droit à une copie fort plaisante. Bien qu'assez éloigné du nom original japonais, le titre français est vraiment bien trouvé en soulignant une autre des grandes idées du récit, avec cette opposition des termes "amie" et "ténèbres" donnant une excellente idée du contenu. La jaquette, elle, reste proche de l'originale nippone, tout en proposant en plus un fond un petit peu plus riche et, surtout, un logo-titre plus coloré jouant là aussi sur le contraste. A l'intérieur, on a droit à une première page en couleurs sympathique, à une qualité de papier et d'impression tout à fait honorable, à une adaptation graphique soignée du Studio Charon, et à une traduction très convaincante d'Anne-Sophie Thévenon qui sait vraiment bien jouer sur la personnalité des deux personnages principaux, en particulier le côté simple et lumineux de Taiyô.


Chronique 1 :

Pour cette rentrée scolaire, l'éditeur nobi nobi! enrichit son catalogue d'un nouveau titre dirigé vers le milieu écolier avec Mon amie des ténèbres, un choix de calendrier qui ne semble donc pas anodin. Titre de Taku Kawamura, le manga est présenté comme l'amitié entre une jeune fille taciturne dont on se moque, et un nouvel arrivé empli d'entrain. Un joli programme dès le départ, pour un premier tome qui va confirmer la direction engagée de l'artiste.

La série, très contemporaine, démarre en 2018 dans le Gangan Joker des éditions Square Enix, sous le titre original « Jijô wo Shiranai Tenkôsei ga Guigui kuru », qu'on pourrait littéralement traduire par « Un nouvel élève qui ne connaît pas les circonstances débarque ». Un intitulé plutôt vague, là où le choix de nobi nobi!, certes différent de l'intention d'origine, met l'accent sur le leitmotiv de l'histoire tout en tenant compte de la psychologie du jeune garçon, toujours fasciné par les sobriquets donnés à sa nouvelle amie.

L'auteur de l'oeuvre, Taku Kawamura, est sacrément actif depuis les années 2010. Voilà près de 10 ans qu'il cumule les projets en jonglant entre séries et histoires courtes (très souvent orientées vers la tranche de vie, la comédie et la romance), et quelques participations à des anthologies. De notre côté, c'est la première fois que nous pouvons le lire en français, et force est d'admettre que sa patte donne envie de découvrir davantage son œuvre globale.

Taiyô Takada, jeune garçon débordant d'énergie et d'optimiste, vient d'être transféré dans une nouvelle école. Et très rapidement, une de ses camarades l'intrigue : Akane Nishimura. Cette dernière, le visage neutre en partie masqué par ses mèches de cheveux, est toujours seule. Les autres élèves la surnomme la « sorcière des ténèbres », et il n'en faut pas plus pour que Taiyô soit charmé par son charisme ! Aussitôt, il approche la jeune fille et devient son premier ami. Ce qu'il ne comprend pas, c'est que Nishimura est brimée et moquée par le reste de la classe. Mais qu'importe pour le garçon, il veut être l'amie de sa camarade, et cette dernière se retrouve vite déboussolée mais flattée par l'entrain de l'enfant à la candeur rafraichissante.

Tranche de vie scolaire qui se déroule en école primaire, Mon amie des ténèbres montre très rapidement une double optique. D'abord, difficile de ne pas remarquer la volonté de Taku Kawamura de porter son lecteur via l'amitié pleine de fraicheur entre Taiyô et Akane, en jouant avec l'archétype de l'élève taciturne qui va devenir le centre d'un intérêt d'un garçon au cœur on ne peut plus pur. Et il n'en faut pas tellement plus pour donner une aura à ce début d'oeuvre, notamment parce que la patte apurée et rondouillarde du mangaka sublime l'atmosphère. Alors, chaque petit chapitre vient narrer une péripétie et renforcer l'amitié entre les deux congénères. De son côté, le garçon ne manque jamais d'idée pour exprimer sa fascination pour son amie, tandis que la concernée va peu à peu évoluer, accepter les sentiments de son camarade, et admettre que quelqu'un ne cherche ni à la fuir, ni à la moquer.

Bien entendu, le sous-texte de la série est évident et contribue à la force de ce premier opus. Par cette amitié et surtout par le personnage d'Akane surnommé la « sorcière des ténèbres », c'est bien le harcèlement qu'aborde l'auteur avec une positivité décapante. Pas question pour lui de minimiser les dégâts de tels comportements, au contraire même puisque la découverte de la psychologie de la demoiselle permet de comprendre que celle-ci ne croit plus que quelqu'un souhaite devenir son ami. C'est terriblement triste sans verser dans le pathos ou la dramaturgie, mais cet élément se voit contrebalancé par Taiyô, véritable lueur d’espoir pour la demoiselle. Ce dernier prend toujours tout au premier degré, et c'est son énergie mêlée à son caractère candide qui lui permettent d'avoir toujours le mot final face aux harceleurs de son amie. Un harcèlement dont il ne se rend pas compte, ce qui ne l'empêche jamais de mettre les bourreaux d'Akane face à leur stupidité.

Alors, au delà d'une volonté de simplement proposer une comédie scolaire au moment de la rentrée des classes, on peut se dire que nobi nobi! a aussi cherché à profiter de cette actualité pour amener dans son catalogue un titre parlant et actuel. Oui, ce premier tome est frais et drôle, et chaque petite histoire mettant en scène Akane et Taiyô se savoure avec une grande sincérité, comme si le lecteur retrouvait ses 11 ans à leurs côtés. Mais en parallèle, tout le discours sur le harcèlement se trouve astucieusement traité, permettant au récit d'être une belle fiction sur le sujet à mettre en main des plus jeunes lecteurs. Taku Kawamura aborde l'idée de manière étonnante avec son protagoniste comme arme, et c'est ce qui fait la force de ce début de Mon amie des ténèbres en tant que comédie scolaire (et potentiellement sentimentale) juvénile certes, mais aussi engagée.

Concernant l'édition, nobi nobi! livre une bonne copie via un ouvrage proposant une page couleur et profitant d'un papier de qualité. La traduction, signée Anne-Sophie Thévenon, parvient à retranscrire toute la pureté du récit, ce qui en fait une bonne adaptation.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs