Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 23 Septembre 2016
Il souffle un vent de Révolution sur la France ! Le groupe de l’ABC s’est organisé et met en place, doucement, mais sûrement, une révolte pour faire tomber le pouvoir en place, et que la France devienne une République accomplie. Mais c’est le cadet des soucis de Cosette et de Marius qui se sont plus l’un à l’autre, mais demeurent encore séparés. En parallèle, un bandit du nom de Montparnasse prépare l’évasion de Patron Minette, tandis que le jeune Gavroche vit au jour le jour et en vient à prendre sous son aile deux enfants en quête d’asile…
Beaucoup d’événements se déroulent dans le sixième tome de la série qui nous prépare, doucement, mais sûrement, à l’étape charnière du récit qu’est la Révolution française. Concernant cette dernière, c’est en début et fin de tome que l’intrigue prépare les hostilités. La montée en puissance du scénario est donc évidente, mais pour cette adaptation manga, le seul bémol vient de l’absence de développement de l’ABC dans les tomes précédents, présentée furtivement par le regard de Marius sont être tellement décortiquée. Si le lectorat français est l’un des mieux placés pour connaître le contexte historique dépeint, justifiant la montée de l’ABC, ce n’est pas forcément le cas pour les autres cultures, le Japon en premier lieu.
Qu’à cela ne tienne, cet opus se montre, une fois encore, très bon en termes d’adaptation tant il cherche à s’intéresser à tous les grands protagonistes de l’histoire. Takahiro Arai répartit justement ses intrigues avant de donner une égalité à tous ces personnages qui évoluent sur le papier, de Cosette à Gavroche en passant par Eponine et Thénardier. Ainsi, le ton de cet opus bascule d’un extrême à un autre, le triangle amoureux entre Cosette, Marius et Eponine a de quoi émouvoir tandis que l’aventure de Gavroche permet de dessiner un petit bonhomme, courageux et agile, ce qui est d’autant plus cruel que le lecteur français connaît obligatoirement le sort que réservera l’intrigue à ce personnage attachant. Même dans des séquences à portée réduite, comme l’évasion de Patron Minette qui n’est finalement qu’une bande de voleurs, l’intensité est à son comble et nous fait redouter la suite. La mise en scène du mangaka joue donc énormément à l’ambiance de l’intrigue et à l’effet qu’a l’évolution de ces personnages, raison pour laquelle Les Misérables continue d’être un manga remarquable qui ne cherche jamais à trahir l’œuvre littéraire de Hugo.
Pourtant, toutes ces intrigues n’ont pas vraiment d’aboutissement et se contentent de faire évoluer les personnages principaux dans un scénario dont l’issue reste incertaine. Mais c’est bien là une des forces de l’œuvre de Victor Hugo qui conte le destin croisé de cette poignée de protagoniste dans un contexte historique tendu, reste à savoir de quelle manière les chemins se rejoindront et quels sorts attendront ces figures que l’on suit depuis six volumes déjà, pour peu qu’on se contente de cette adaptation manga.
Avec cet excellent volume, riche en points de vue, c’est la partie cruciale de l’intrigue qui se met en place. Alors que la série s’est achevée au Japon, la phase finale du récit est en marche pour le lecteur français. L’attente n’en sera que plus difficile, tout en sachant qu’il reste une option efficace pour les impatients qui aimeraient connaître le fin mot de l’histoire : le roman de Victor Hugo.