Mirages  d'Emanon - Actualité manga
Mirages  d'Emanon - Manga

Mirages d'Emanon : Critiques

Zoku sasurai emanon

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 03 Avril 2019

Chronique 2
  
Le Japon, en 1973. Dans une forêt dense, une belle jeune femme erre seule, l'air complètement perdu, jusqu'à croiser la route d'un d'un jeune homme et à s'évanouir sous ses yeux. Quand elle se réveille, l'homme, Ryozo, l'a transportée dans un hôpital de l'île de Kyushu, mais le mystère reste entier. Personne ne sait d'où vient cette femme. Et elle-même est amnésique. Tout ce dont elle semble se souvenir, c'est une partie de son nom, "Ema"... L'appelant alors Emma, le jeune auteur l'invite à cohabiter avec lui, en attendant, en espérant que la mémoire lui revienne. Et tandis que des sentiments naissent en Ryozo, la jeune femme amnésique, elle, suit un quotidien à la fois paisible et délicat, qui semble ponctué de certains soubresauts de souvenirs cherchant vainement de revenir à sa mémoire...

Après deux premiers volumes fascinants, la saga Emanon revient avec son troisième volet, le dernier en date que Kenji Tsuruta a dessiné, toujours d'après les nouvelles de Shinji Kajio. De son nom original Zoku Sasurai Emanon, Mirages d'Emanon est donc paru dans son pays d'origine assez rapidement après le deuxième volume, Errances d'Emanon, et forcément on attendait donc que ce nouvel opus continue de travailler le lien de la captivante héroïne avec son demi-frère Takuma, qu'elle avait laissé en plan trente ans auparavant. Tsuruta choisit pourtant de s'orienter vers une toute autre voie, mais une voie très loin d'être inintéressante et déconnectée du reste puisque elle crée un lien important avec le premier volume, Souvenirs d'Emanon, en "refermant" une sorte de boucle qui éclaire encore quelques éléments supplémentaires sur l'insaisissable Emanon.

Nous voici donc au début des années 1970, à Kyushu, dans un récit qui sur plus de 200 pages nous dépeint une Emanon qui, forcément, nous apparaît bien différente pour une raison: alors qu'habituellement on suit une Emanon qui possède en elle toute la mémoire du monde, cette fois-ci on la découvre amnésique, sans la moindre mémoire, et cela se ressent très bien aussi à travers les visuels du mangaka, qui parvient à offrir une silhouette féminine certes toujours aussi séduisante, mais au visage un peu plus marqué. On entrevoit une Emanon un peu plus fragile, marquée également par une mélancolie dont elle peine à trouver l'origine exacte, chose que le dessinateur retranscrit à merveille dans quelques brèves scènes de "visions", de "flashbacks" énigmatiques et plus noirs, qui viennent pourtant à peine entacher l'atmosphère toujours très contemplative. Dans ce cadre, Kajio et Tsuruta prennent un eu à contrepied le concept que l'oeuvre montrait jusqu'à présent: alors qu'auparavant le lecteur découvrait peu à peu la nature d'une Emanon connaissant tout du monde, cette fois-ci c'est la belle qui ne sait plus rien, et le lecteur, porté par ses connaissances acquises dans les deux premiers volumes, irait bien dans les pages pour lui crier qui elle est... ou alors simplement pour observer cette figure qui ne perd rien de son pouvoir d'attraction, ce n'est pas Ryozo qui dira le contraire.

La principale magie de l'oeuvre reste bel et bien le pouvoir de suggestion que Tsuruta immisce dans ses pages. Bien souvent les textes sont minimes voire absents, et le dessinateur s'applique plutôt à faire comprendre le ressenti et l'évolution de ses personnages à travers ses planches, qu'il faut toujours scruter longuement tant elles sont fines et riches. Les tourments liés à l'amnésie d'Emanon, l'évolution sentimentale... sont autant de choses que le mangaka laisse comprendre simplement à travers ses visuels toujours aussi travaillés. Et au bout du compte, quand la vérité finit enfin par se dévoiler pleinement sur l'amnésie d'Emanon, le lien avec le tome 1 est définitivement fait, et le résultat vient nous rappeler l'une des faces les plus dures, les plus difficiles à appréhender de l'insaisissable et atemporelle figure d'Emanon.

Après tout ceci, les dernières pages du volume viennent nous offrir une sorte d'épilogue se déroulant quelques années plus tard, réellement superbe, en deux parties, l'une en couleurs et l'autre en noir et blanc. Tout ceci appelle volontiers une suite, que l'on espère évidemment voir un jour mise en images par Tsuruta. Si cela n'arrive pas, hé bien ce n'est pas si grave, après tout la captivante Emanon est de ces figures qui traversent le temps en conservant leur aspect insaisissable et leur part de mystère...
  
  
Chronique 1
  
Emanon, détentrice de la mémoire du monde depuis sa naissance, poursuit son voyage et ses errances, mais fait cette fois face à un véritable mirage. Échouée sur l'île de Kyushu, elle est retrouvée par un jeune chercheur du nom de Ryozo, qui conduit aussitôt la demoiselle à l'hôpital. A son réveil, Emanon constate la terrible vérité : elle est amnésique, et ne sait plus qui elle est. Une cohabitation entre elle et Ryozo débute alors, un nouveau voyage teinté de quiétude mêlée à de la mélancolie.

Dernière adaptation en date des romans Emanon par Shinji Kajio, parue en 2013 au Japon, Mirages d'Emanon fait le lien avec le premier one-shot, Souvenirs d'Emanon. Mais petite surprise cette fois-ci : notre héros qui transcende les générations a perdu la mémoire, et n'a donc plus la possibilité d'observer les souvenirs du monde.

Pour cette nouvelle histoire, le choix est plutôt audacieux puisqu'il redistribue les cartes, aussi bien aux personnages qu'au lecteur. Emanon est désormais une protagoniste différente, tandis que le lecteur est le seul à avoir conscience de sa vraie nature. Sachant que l'ouvrage est directement relié au premier one-shot, il y a un réel contrepied, plus qu'habile, puisque c'est nous qui pourrions renseigner Emanon sur sa véritable identité, plutôt que l'inverse.

Sur l'ensemble du volume, un mystère demeure alors : Pourquoi Emanon est-elle amnésique ? La réponse finira par être donnée et colle parfaitement au concept que représente l'héroïne, mais il faut avouer que ce n'est pas ce qui intéresse forcément Shinji Kajio, l'écrivain d'origine des aventures d'Emanon, et encore moins Kenji Tsuruta dans sa mise en dessin. Car, une fois encore, le mangaka pousse l'aspect contemplatif de l'oeuvre, si bien que les lecteurs qui ne jurent que par les dialogues feront vite le tour de ce troisième one-shot. Car c'est bien par la narration que toutes les idées et toutes les émotions passent : Après deux premiers opus davantage serein dans leurs représentations visuelles, Mirages d'Emanon met en avant la mélancolie liée à l'amnésie de l'héroïne. Ce ressort scénaristique est davantage une mécanique narrative plus qu'un enjeu scénaristique, et c'est justement ce qui fait la force de ce volume. Ainsi, comme pour les précédents volets, on s'ébahira à plusieurs reprises et pendant de nombreuses minutes devant la mise en image de Kenji Tsuruta, on compatira à la détresse d'Emanon retranscrite parfaitement en de belles illustrations, et on appréciera toute la sérénité qui se dégage de la représentation visuelle du regain d'espoir lié à son quotidien nouveau aux côté de Ryozo.

Aussi clichés que ces mots puissent paraître, Mirages d'Emanon se confirme comme une expérience de lecture particulière qui dépendra du ressenti de chacun, à l'instar de Souvenirs d'Emanon et d'Errances d'Emanon. Outre le concept représenté par la protagoniste, c'est son aura, magnifiée par le trait et la mise en scène de Kenji Tsuruta, qui happe tout le long de la lecture. Et si certains pourront regretter l'absence de liens par rapport à l'intrigue du frère présentée dans l'opus précédent, il est indéniable que « Mirages » raconte quelque chose, de différent certes, mais de puissant au regard d'Emanon : Que serait-elle si le concept qu'elle représente n'est plus ? Et quel avenir si elle existait comme une jeune femme ordinaire ? La réponse nous est donnée à travers un parcours humains, avec ses hauts et ses bas, fouillant la psychologie du personnage, le tout par une narration poétique qui véhicule toute une variété d'émotions.

Et, rappelons-le, l'édition de Ki-oon reste d'excellente facture, que ce soit le travail de relief sur la couverture, le papier épais de très bonne qualité, ou tout simplement le grand format qui permet d'apprécier avec la même saveur les planches de Kenji Tsuruta.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.75 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs