Minato's Coin Laundry Vol.1 - Actualité manga

Minato's Coin Laundry Vol.1 : Critiques

Minato Shouji Coin Laundry

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 03 Mars 2025

Auréolé d'une belle popularité qui lui a d'ores et déjà valu une adaptation en drama sur deux saisons au Japon, le manga Minato's Coin Laundry, alias "Minato Shouji Coin Laundry" en version nippone, a fait ses débuts en France le mois dernier grâce aux éditions Vega. Adaptation par Sawa Kanzume (jusque-là inédite en France, mais ayant déjà quelques titres à son actif depuis ses débuts en 2015) d'une oeuvre originale de Yuzu Tsubaki (dont ce fut la première histoire professionnelle), cette série a un statut un peu hybride: bien que généralement estampillée boy's love, elle intègre la collection seinen de Vega, et suit son cours au Japon depuis 2019 sur le site Gene Pixiv de Media Factory/Kadokawa, site plutôt inclassable dont les oeuvres sont généralement catégorisées shôjo/josei et qui s'offre régulièrement des incursions dans le shônen-ai (la populaire série Sasaki et Miyano provient aussi de ce site, entre autres).

Ce manga s'affranchissant des classifications (et c'est très bien comme ça) nous immisce auprès d'Akira Minato, un homme qui, à l'âge de 28 ans, a décidé de plaquer son ancien travail éreintant pour reprendre depuis six mois la petite laverie que tenait son grand-père, désormais à la retraite. Son travail d"homme d'affaires avait beau être valorisant, il était surtout stressant et éreintant par son nombre d'heures supp', si bien qu'Akira ne s'y sentait ni heureux ni épanoui. Dans le cadre de la laverie où passent régulièrement des habitués du quartier avec qui il a sympathisé, il a alors retrouvé un quotidien plus sain, plus serein, plus adapté à lui... du moins, jusqu'à ce qu'un nouveau client régulier n'apparaisse dans sa vie.

Il s'appelle, Shintaro Katsuki, il s'agit d'un lycéen de 17 ans, et il va passer de plus en plus souvent à la laverie, où il trouve une sorte de refuge plus calme que chez lui, où sa famille nombreuse fait souvent beaucoup de bruit. De fil en aiguille, les deux garçons sympathisent beaucoup, deviennent facilement amis, en viennent à plaisanter, à se taquiner notamment sur leur différence d'âge, voire même à se confier un peu l'un à l'autre... Et c'est précisément lors d'une conversation de ce type qu'Akira, dans le feu de l'action, avoue maladroitement à Shintaro qu'il est gay, juste avant de voir le lycéen s'enfuir. Certain de ne plus revoir Katsuki qu'il a visiblement choqué après cette révélation, Akira le voit finalement revenir à la laverie deux semaines plus tard et reprendre ses visites régulières. Seulement, quelque chose a changé dans le comportement du lycéen, plus audacieux qu'avant...

Tranche de vie romantique jouant en premier lieu sur la différence d'âge entre les deux protagonistes, Minato's Coin Laundry s'avère pour l'instant assez subtil sur cette thématique, la question des années séparant l'adulte Akira et l'adolescent Katsuki n'étant pas là que pour servir un régulier humour léger où notre héros se traite lui-même de vieux: derrière ça, on appréciera surtout de voir Akira tout faire pour conserver une distance avec cet insistant garçon encore mineur, dont il est persuadé qu'il vit seulement là un crusch adolescent, et quand bien même Akira trouve lui-même Katsuki craquant tout plein. Pourtant, on sent toujours plus que, même si Akira résiste pour l'instant à Katsuki avec bienveillance, il y a bel et bien quelque chose de plus profond dans ce que le lycéen ressent: d'un côté il trouve lui-même la force de faire son coming out à sa famille (chose que, subtilement, on cerne uniquement à travers Akira), et de l'autre côté une question finit par apparaître via certains indices: et si l'attrait de Katsuki pour Akira existait depuis bien plus longtemps que le presque trentenaire ne le pense ?

Le déroulement a beau être assez classique du genre pour le moment, les autrices savent alors faire ressortir avec soin ce qu'il faut, d'autant plus que narrativement et visuellement les choses sont joliment emballées. Sur le plan de la narration, l'idée de ne suivre l'histoire qu'à travers les pensées de Minato est intéressante, à la fois pour souligner son mélange d'attrait et de bienveillance pour Katsuki, pour jouer sur l'écart d'âge et sur ses souvenirs de sa propre adolescence, et pour entretenir la petite part de mystère autour du lycéen. Et du côté des dessins, Sawa Kanzume propose un rendu assez clair, très expressif et jouant en premier lieu très bien sur le cadre tranquille de la petite laverie, sorte de lieu un peu hors du monde, où les deux garçons peuvent se retrouver loin de tout autre souci, avant que les choses ne s'étendent évidemment petit à petit à d'autres lieux et d'autres personnages proches de ces deux-là.

On attendra donc avec curiosité et attachement la suite de cette série, car derrière un déroulement assez convenu ce premier volume livre de belles choses en termes d'ambiance, de personnages et d'évolutions relationnelles maîtrisées. Les débuts de Minato's Coin Laundry ont assurément du charme, et il ne reste plus qu'à attendre de voir si la suite saura confirmer cette agréable première impression !

Côté édition française, enfin, la copie proposée par Vega est plutôt correcte dans l'ensemble: jaquette fidèle à l'originale japonaise, logo-titre bien pensé, papier souple et suffisamment opaque, qualité d'impression convaincante, présence de trois jolies premières pages en couleurs sur papier glacé, lettrage assez propre de Vibrant Publishing Studio (même si l'on regrettera que ce genre de chose se retrouve délocalisée en Inde...), et traduction naturelle de la part de Yuki Kakiichi. On reprochera principalement certains sous-titres d'onomatopées plutôt bizarres, mais rien de choquant pour autant.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs