Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 22 Mai 2025
Le ventre ouvert et l'oeil ensanglanté, Kan'ichirô Yoshimura attend la mort, en songeant encore à bien des choses. Ici, il a le sentiment de voir apparaître sous ses yeux le roi des morts Enma et, surtout, son père, avec qui il a une conversation par-delà la vie et la mort. Dans ses choix où il a privilégié sa famille bien-aimée à l'honneur du samouraï, a-t-il fait la fierté de la défunte figure paternelle ? Là, ses toutes dernières pensées vont à sa famille, à son épouse Mitsu qu'il a tant chérie, et à ses trois enfants qu'il s'apprête à laisser sans père. Et parmi ces trois enfants, il y en a un qui, une nouvelle fois, sera au coeur de ce douzième et avant-dernier volume.
De retour dans le présent du récit, on retrouve notre "journaliste" qui fait son retour chez le tenancier du Kadoya. Quelques mois se sont écoulés depuis le premier échange entre les deux hommes, certains événements supplémentaires ont eu lieu pendant ce laps de temps, et à présent notre personnage principal a besoin d'en savoir plus auprès du tenancier qui, enfin, accepte de lui livrer l'entièreté de ses souvenirs, plus précisément autour de la fin du Shinsen Gumi à Hakodate après la défaite de Toba-Fushimi, et d'un certain Gonbee, jeune paysan venu épauler Hijikata et les autres rescapés et ressemblant presque trait pour trait à Kan'ichirô quand il était jeune...
Bien sûr, l'identité réelle de Gonbee, dès son apparition, ne fait absolument aucun doute, et d'ailleurs les auteurs n'essaient pas de jouer la surprise là-dessus: ici, il est surtout question, à travers le personnage du tenancier à qui Kan'ichirô avait justement demander de veiller sur Kaichirô, de sonder le ressenti que pouvait avoir ce dernier, lui qui a vécu pendant 17 années sur les sacrifices de son père et qui semble désormais désireux de lui faire honneur en prenant la même voie que lui, alors que c'est précisément ce que Kan'ichirô voulait lui éviter. En résultent des séquences assez touchantes autour de ce lien père-fils voué, comme on le sait déjà via les précédents volumes, à prendre une tournure tragique placée sous le signe de la transmission peut-être absurde de l'esprit guerrier...
Et pourtant, cette fois-ci Takumi Nagayasu ne s'attarde pas tant que ça sur l'aspect personnel et humain autour de Kan'ichirô et de ses proches, pour plutôt proposer une partie très axée sur l'aspect historique autour de la disparition du Shisengumi, pour un résultat assez prenant: tout en restant fidèle aux grandes lignes de l'Histoire telle qu'on la connaît, le récit offre une vision et une interprétation suffisamment intéressantes de certaines figures historiques de premier plan, à commencer par Toshizô Hijikata.
Au bout du compte, l'aspect historique et les éléments plus personnels s'entremêlent assez bien dans cet avant-dernier volume qui, sans être le plus riche dans l'abord des personnages principaux, apporte à son tour sa pierre à l'édifice. Il n'y a désormais plus qu'à attendre le treizième et dernier tome de l'oeuvre, prévu dans notre langue pour le mis d'août.