Maux Mélés Vol.2 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 27 Décembre 2021

Chronique 2 :

Marquée par sa crainte envers les garçons, Tsukasa, au départ, se sentait un peu déboussolée par l'installation, dans l'auberge familiale, de Matsuoka et Miwa, les deux beaux gosses de son lycée. Mais petit à petit, l'adolescente a commencé à faire fi de ses craintes, pour mieux découvrir les deux jeunes garçons. Bien sûr, elle retrouve en Miwa le sportif adolescent qui, depuis le collège, ne cesse de lui dire qu'il l'aime avec une certaine insouciance, tant et si bien qu'elle ne sait pas trop s'il est si sérieux que ou non. Et dans le même temps, c'est donc surtout Matsuoka que la jeune fille apprend à découvrir, en apprenant petit à petit les raisons pour lesquelles il apparaissait si froid et taciturne. Mieux encore, en aidant celui-ci à rentrer à l'auberge après qu'il a fait un malaise, notre héroïne se retrouve seule à la plage avec lui, pour un petit détour permettant enfin au jeune garçon de s'exprimer un peu plus sur la situation familiale qui lui fait tant de mal... puis, une fois de retour à l'auberge, sur ses propres sentiments pour sa camarade.

Après un premier volume sympathique bien qu'un peu rapide, ce deuxième et déjà dernier tome de Maux Mêlés voit alors la scénariste Meguru Izawa accélérer d'emblée les enjeux sentimentaux puisque, après seulement quelques pages, et comme on pouvait s'y attendre, c'est un triangle amoureux qui se forme, triangle au bout duquel, sans grosse surprise, Tsukasa devra faire un choix. La formule est on ne peut plus classique dans le registre des romances adolescentes, et la conclusion donnée à ce triangle n'étonnera pas... mais l'important ne se situe pas là, mais bel et bien dans la manière dont les deux autrices abordent la chose pour permettre à leurs trois principaux personnages d'avancer dans la vie.

Car ici, chacun(e) des trois adolescent(e)s a, à la base, des problèmes que l'on a pu cerner petit à petit, au moins pour deux d'entre eux, à savoir une Tsukasa s'étant longtemps recroquevillée sur elle-même pour une soi-disant peur des garçons, et un Matsuoka rendu nonchalant par une situation familiale pas du tout évidente à gérer. Quant à Miwa, on finira ici par découvrir, certes vite mais plutôt bien, ce qui se cache exactement derrière son apparente insouciance ainsi que sa manière de toujours dire à notre héroïne qu'il l'aime. Et dans chaque cas, cela traduit différentes difficultés liées aux relations humaines: peur de blesser l'autre voire d'être détesté, ce qu'implique le fait de devoir faire un choix, la complexité de mettre des mots exacts sur ce que lo'n ressent (est-ce de l'amour ou pas ?), etc, etc...

Et la magie de l'oeuvre, c'est bien d'évoquer ces différentes subtilités sur le rapport à l'autre avec une infinie bienveillance. On peut éventuellement penser ici au cadre de l'auberge, où la famille de Tsukasa s'applique à offrir à ses hôtes un cadre réconfortant où ils peuvent trouver refuge. Mais évidemment, il y a surtout la façon très attentionnée dont nos trois personnages principaux se considèrent, notamment la "rivalité" amoureuse de Matsuoka et de Miwa qui n'est jamais toxique, bien au contraire, car ils se respectent et, surtout, respectent Tsukasa en ne la brusquant jamais, lui laissant le temps d'avancer, tout comme elle-même leur permet d'aller de l'avant.

Reste, alors, la question de la rapidité de l'ensemble, qui se ressent malheureusement encore, quand bien même ce deuxième tome est un tout petit peu plus long que le premier opus. Le cas de Miwa reste évoqué bien vite, les enjeux familiaux de Matsuoka auraient peut-être mérité d'être un peu plus prégnants, on aurait éventuellement adoré de voir certains personnages secondaires un peu plus en avant car leur influence et leur caractère promettaient pas mal (on pense notamment à Nono)... mais au moins, les deux mangakas ont le mérite de ne jamais trop s'écarter de leurs principales idées, et à l'arrivée l'aspect relationnel des trois personnages principaux trouve une conclusion qui se tient bien et qui a du sens.

A l'arrivée, Maux Mêlés se révèle donc être une courte série qui, derrière ses allures de romance adolescente "classique", parvient à évoquer, vite mais bien, des thématiques relationnelles humaines avec beaucoup de justesse et de bienveillance, d'autant plus sous le dessin de Tohru Tagura, une artiste capable d'offrir de vrais moments de grâce en termes de douceur, d'émotion et de mise en avant des personnages.


Chronique 1 :

Tsukasa et Matsuoka se sont énormément rapprochés l'un de l'autre. Alors que durant une journée de cours le garçon éprouve un malaise, la jeune fille le raccompagne, et tous deux profitent d'un bol d'air frais sur la plage. A ce moment, Matsuoka se fait plus confident que jamais et s'ouvre encore plus à son amie. Lors les tracas personnels de l'adolescent viennent concerner toute l'auberge, ce dernier fait une déclaration inattendue à Tsukasa.

Ce deuxième volume conclue déjà Maux Mêlés, tranche de vie adolescente et baignée dans un soupçon de romance que l'on doit à Meguru Izawa pour l'intrigue, et à Tohru Tagura pour l'aspect graphique. Le premier volume, dépeint dans une certaine douceur, plantait quelques interrogations chez le lectorat. On se questionnait évidemment sur l'issue de ce petit triangle, sur la concrétisation d'éventuels sentiments ainsi que sur le développement possible des protagonistes, dont Miwa dont on ne savait quoi penser sincèrement. A ceci s'ajoutent les thématiques abordées, notamment la crainte de l'autre, qui prend une tournure des plus raffinées dans cette suite et fin.

L'amorce du tome ne tarde d'ailleurs pas à répondre à l'une de nos questions sur la dimension amoureuse de la série, aussi la déclaration soudaine de Matsuoka donne à l'intrigue un autre élan, au même titre que ses dilemmes familiaux qui viennent créer des enjeux chez le personnage. Ce premier chapitre de volume est une véritable amorce qui guidera le récit jusqu'à sa conclusion, une fin censée et belle, qui parvient à boucler les quelques pistes amorcées de manière plus ou moins complète.

De la déclaration de Matsuoka aux révélations de Miwa le concernant, le tout en passant par le choix que devra faire Tsukasa, ce second tome a un programme encore plus dense que le premier. A ce titre, chaque scène apporte sa petite pierre à l'édifice, et on ressent bien la trame pensée en amont par Meguru Izawa. C'est surtout dans son écriture des personnages que l'intrigue de Maux Mêlés s'apprécie pleinement sur la fin, et on pensera une nouvelle fois à Miwa, adolescent imperceptible qu'on était tentés de mépriser un peu pour son côté avenant mettant sa colocataire mal à l'aise, qui fait office de figure complexe répondant à sa manière à la thématique du rapport à l'autre, et à l'enfermement sur soi. Que ce soit Miwa, Tsukasa ou Matsuoka, les finalités proposés ont toujours quelque chose de touchant, l'optimisme de la conclusion amenant de belles ambiances au même titre que le dessin de Tohru Tagura, raffiné à souhait, et qui sait mettre en exergue la douceur au sein du petit trio. D'ailleurs, cette suite a pour autre argument l'atmosphère qui règne dans le petit groupe d'ami, sorte de petit foyer au sein de l'auberge gérée par la famille de Tsukasa, une ambiance qui gagne en force au fil des développements des personnages. Parce qu'on les découvre en même temps que l'héroïne, notre immersion à leurs côtés se fait plus saisissante, apportant une juste douceur à ce récit adolescent dont les problématiques initiales ne permettaient pas à une telle ivresse de régner.

Chose louable, c'est la dimension que prend le triangle amoureux qui confère à ce deuxième opus une autre force véritable. Du fait que l'héroïne ait deux prétendants, la question logique du « choix », propre aux comédies romantiques, est mise sur la table. Une sorte de pression imposée à Tsukasa que l'ensemble parvient à traiter avec nuance et bon sens, le récit posant même la question d'une telle contrainte. C'est une approche particulièrement saine et qui donne un zeste de fraîcheur à la série, contribuant à sa fin complète. Mais il restera bien un manque, à savoir les enjeux familiaux dans l'histoire de Matsuoka qui auraient mérité un peu plus d'appui sur la toute fin. On comprend l'idée de se centrer sur les choix des personnages et leurs capacités à aller de l'avant, mais cela mène à quelques raccourcis décisifs un poil dommageables.

Cela n'empêche pas cette deuxième moitié de Maux Mêlés de séduire et d'apporter une vision d'ensemble solide. Dans sa globalité, l'œuvre de Meguru Izawa et de Tohru Tagura se sera montrée forte, empreinte d'une douceur grisante aux côtés de personnages attachants et consistants, donnant lieu à une série qu'on aimera relire pour la redécouvrir suite aux révélations de deuxième opus, mais aussi pour profiter de nouveau de ses ambiances et de sa sincérité. Si Meguru Izawa ne semble pas avoir signé d'autre ouvrage à ce jour, on espère pouvoir retrouver la délicate patte de Tohru Tagura via ses autres œuvres, un jour dans nos librairies.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction