Mars Red Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 02 Mai 2022

Depuis son grand renouveau il y a quelques années, coïncidant avec la relance en grandes pompes de Demon Slayer, les éditions Panini se sont développées sur deux optiques principales. D'une part, la réédition de séries manquantes ou autrefois laissées à l'abandon, et de l'autre de nouvelles propositions, surtout à travers de courtes séries. Lancée dans le catalogue de la maison d'origine italienne en octobre dernier, Mars Red appartient donc à cette seconde catégorie.

L’œuvre est un cas assez intéressant tant il s'agit d'une adaptation d'un projet depuis devenu cross-media. A l'origine, Mars Red est une lecture théâtrale et musicale déclinée en trois parties, jouées de 2013 2017 au Japon, le tout écrit et dirigé par Bun-O Fujisawa.
Dès novembre 2019, le magazine Comic Garden de l'éditeur Mag Garden accueille une adaptation manga signée Kemuri Karakara, artiste dont nous avions déjà eu l'occasion de voir les talents avec la courte série :REverSAL, parue chez Doki Doki mais aujourd'hui en arrêt de commercialisation. Le manga s'achève en juillet 2021 avec son troisième tome soit peu avant le lancement de la parution française, laissant croire que Panini a vite jeté son dévolu sur l’œuvre vampirique.
Dans la foulée, en avril 2021, le manga sert de base à une adaptation animée en 13 épisodes réalisée par Kôhei Hatano au sein du studio Signal MD. Chose intéressante, la musique est composée par Toshiyuki Muranaka, déjà en charge du côté musical de la version théâtrale. De notre côté, l'anime est disponible via Wakanim et Crunchyroll, soit une bonne occasion de découvrir en parallèle le manga et son adaptation.
Enfin, parmi les projets exclusifs au Japon, Mars Red a engendré un jeu mobile ainsi qu'une autre adaptation théâtrale sous forme d'opéra rock. Reste à voir maintenant si la licence s'étendra sur de nouveaux projets, ou si elle en restera là.

Mars Red, c'est la combinaison entre récit historique et histoire de vampire. Au XXe siècle, durant la Démocratie Taisho, l'armée nippone cherche un certain prestige, mise en concurrence avec les autres nations depuis l'ouverture des frontières. C'est dans cette optique qu'est créée l'Unité Code Zéro, un petit escadron dont ses quatre membres ont pour particularité d'avoir été transformés en vampires. Parmi eux se trouve Shûtarô, un soldat vampirisé par un monstre de classe S, faisant de lui un combattant plus que redoutable. Officiellement tombé au front, le sort de l'homme n'est pas du goût d'Aoi Shirase, la femme qu'il a laissé derrière lui et qui, en tant que journaliste, va être menée à croiser ces êtres exceptionnels.
De son côté, l'Unité Code Zéro doit honorer sa mission principale : Mettre hors d'état de nuire les vampires et monstres dissimulés parmi le commun des mortels, afin d'éviter toute victime potentielle.

Si le genre du récit de vampire (y compris en manga) a largement été usé, l’œuvre théâtrale de Bun-O Fujisawa en propose une lecture un poil nouvelle, dont la teneur ne s'apprécie qu'au terme de la lecture de ce premier volume. Ici, quelques vampires forment un bataillon secret de l'armée de terre japonaise et agissent dans l'ombre contre d'autres vampires potentiellement hors de contrôle. Seulement, c'est après plus d'une bonne moitié de lecture que toute cette intrigue nous est proposée, cette amorce prenant le temps de planter son contexte et des enjeux qui gravitent autour de la jeune journaliste Aoi, sur le point de côtoyer cette faction unique. Le volume s'ouvre d'ailleurs sur une scène appartenant très certainement au climax de l'histoire, preuve qu'il y a un chemin à parcourir, que des destins se croiseront, et que l'ampleur du récit sera d'ordre théâtrale, renvoyant forcément au format d'origine de Mars Red.

Les vampires sont donc ici des soldats, une optique déjà vue ailleurs (citons Seraph of the End). Pourtant, c'est davantage dans son humanité que ce début d'intrigue se démarque, tant celle-ci a autant à cœur de développer les premières mission de l'Unité Code Zéro que les tourments de certains de ses membres à avoir laissé une vie derrière eux. C'est le cas de Shûtarô, véritable héros voué à sortir du lot, mais pas seulement. En s'intéressant à cet aspect, ce premier tome donne de la consistance à ces deux personnages, tandis que leurs compagnons ne sont pas en reste mais brillent surtout par leurs tempérament plus excentriques.

Et en parallèle, surtout sur son dernier chapitre, la série ose s'aventurer sur un chemin plus politique, traitant de la situation d'époque de l'armée nippone, de ses relations avec l'international, et du rôle que pourraient jouer nos quelques vampires dans ce climat bien particulier. C'est assez audacieux, et il y a de quoi être piqué d'intérêt par rapport à cette pistes tandis que la trame principale semble s'intéresser à un ennemi important, peut-être le principal antagoniste de cette histoire.

Visuellement, le tout est servi par la ravissante patte de Kemuri Karakara, qui s'avère être un bon choix d'artiste. Par la finesse de son trait, ce dernier traduit aussi bien l'aura gothique de l’œuvre que l'élégance esthétique d'époque, des tenues vestimentaires notamment, tandis que les quelques scènes d'action s'avèrent honnêtement narrées.

Au final, le premier volume de Mars Red est une proposition intrigante, classique dans ses premières pages avant de proposer une belle densité, tant dans l'écriture de ses personnages que dans son sous-texte. On attend alors de voir si, sur un format de série courte, l’œuvre se développera et se conclura comme il se doit.

Côté édition, soulignons le bon travail de Panini. Difficile de ne pas évoquer la couverture, stylisée de par son effet métallisé sur un mélange de noirceur et d'écarlate. A côté, Fabien Nabhan offre une traduction convaincante, en phase avec l'ambiance du titre comme avec l'époque de son scénario, tandis que Miriam Esteban Rossi et Massimo Stella proposent un lettrage bien calibré, garantissant le confort de lecture.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction