Marion Vol.1 - Actualité manga
Marion Vol.1 - Manga

Marion Vol.1 : Critiques

Gohyakunenme no Marion

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 27 Septembre 2018

Après l'excellent Arte, parcours d'une jeune aristo un peu déjantée et déterminée à devenir peintre dans une Renaissance Italienne qui ne laisse pas de place aux femmes, les éditions Komikku accueillent une nouvelle fille forte elle aussi plongée dans une époque historique qui ne lui correspond pas vraiment. Publiée au Japon dans le même magazine qu'Arte (le Comic Zenon, où l'on trouve aussi les séries Angel Heart 2nd Season ou Assassins), Marion est une courte série en deux tomes qui partage donc plus d'un point commun avec l'oeuvre de Kei Ohkubo, et l'éditeur l'a bien compris en jouant sur les liens des deux séries afin de les promouvoir: actuellement, pour l'achat simultané du tome 1 de Marion et d'un volume d'Arte, vous pouvez recevoir en cadeau en librairie un superbe shikishi en carton rigide aux couleurs de la belle artiste italienne.

Deuxième série de la mangaka Yuu Hikasa (la première, Kanayago, est inédite en France, et proposait déjà une héroïne forte, une forgeronne), Marion ne nous plonge pas dans l'Italie de la Renaissance comme Arte, mais dans notre pays, la France, et plus précisément dans le Paris de 1940, à l'aube de l'Occupation. C'est dans cette cité qui voit la guerre se rapprocher petit à petit que vit Marion, 15 ans, jeune fille des rues qui est la meneuse d'une petite bande d'enfants vivant de petits larcins (vols de nourriture sur les marchés du 11e...). Son quotidien a beau être ainsi, la jeune fille n'a pas froid aux yeux, reste droite et digne, et se méfie par dessous des hommes qu'elle déteste. Et pourtant, c'est justement un homme qui se met étonnamment à s'intéresse à elle... En entendant cette môme des rues chanter, Aaron Rosenberg, compositeur et directeur musical du prestigieux music-hall Doelion, a le coup de foudre: lui qui recherchait désespérément une chanteuse principale pour son spectacle "Jeanne d'Arc" qui doit se tenir dans un petit mois, il a enfin la certitude d'avoir trouvé la perle en entendant cette voix époustouflante. Mais Marion est très méfiante et farouche, peine à croire les paroles de cet homme... pourtant, ne s'agirait-il pas là de la chance de sa vie pour réaliser son rêve qu'elle avait mis de côté ? Quel choix fera-t-elle ? Un destin incroyable l'attendrait-il ?

Parlons d'abord d'une qualité qui saute aux yeux dès la jaquette et les premières pages: c'est souvent beau, très beau, au niveau des visuels. En plus de proposer des personnages au design très soigné et précis (en tête desquels, bien sûr, Marion, avec sa silhouette gracile et agile et son visage souvent très décidé, porté par un regard qui ne laisse pas de marbre), Yuu Hikasa leur offre des styles impeccables, allant de tenues et coiffures bien propres pour Aaron et les autres, à des choses crédibles pour Marion et les autres enfants des rues. Avec son pantalon court, ses bretelles, sa coiffure courte et son petit côté garçon manqué parfois, la jeune héroïne fait forte impression dès le départ, d'autant plus que le début du volume offre une petite scène de vol et de course-poursuite virevoltante et montrant bien sa personnalité, et qu'il en sera de même après la proposition d'Aaron ! Mais Hikasa saura aussi jouer sur quelques petites contrastes vestimentaires (dès la jaquette, avec les talons), et faire ressortir plus de charme ou d'élégance chez cette adolescente. A cela s'ajoutent les décors d'époque, omniprésents et contribuant totalement à l'ambiance. Même s'ils ont parfois un côté trop "photo" lors des vues plus lointaines, ces décors du Paris de 1940 bénéficient la plupart du temps d'un excellent travail de l'artiste, surtout quand elle nous invite dans certains recoins: les rues, le marché, Montmartre, la fontaine, ou même les intérieurs qui sont souvent riches en détails. Hikasa fait attention à pas mal de petites choses pour offrir un Paris d'époque qui apparaît très crédible.

A tout ça, l'autrice ajoute un petit aspect historique qui se ressent bien. Si ses personnages ainsi que le Doelion sont fictifs, elle évoque d'autres éléments réels (comme le Moulin Rouge ou les Folies Bergères), et surtout présente aussi vite que bien les différentes évolutions liées à la guerre (l'invasion du Danemark par les allemands, etc...) qui laissent bien comprend que celle-ci se rapproche peu à peu de la capitale française... Un point d'autant plus important à partir de dernier chapitre du tome, qui amène des enjeux supplémentaires.

C'est donc dans ce cadre et se contexte qu'évolue Marion, demoiselle intrépide qui pourrait être promise à un destin incroyable, elle la jeune fille des rues. Charmant d'emblée pour son caractère, la demoiselle saura aussi se dévoiler un peu plus au fil des pages, notamment avec un petit flashback expliquant d'où elle vient, la façon dont ses rêves ont d'abord été brisés quand elle est montée à Paris, l'origine de son dégoût envers les hommes... C'est du très classique dans le fond, mais c'est efficace. Voir son rêve de chanson réapparaître devant elle réveille forcément une autre facette d'elle, mais elle conservera toujours la même détermination... Seulement, ce rêve à portée de mains sera-t-il si idéal ? Malgré toute sa gentillesse et son inquiétude pur Marion, Aaron cache-t-il quelque chose ? Un plan bien précis semble se cacher derrière le spectacle "Jeanne d'Arc", sauver le Doelion pourrait bien passer par autre chose, le jeune homme a clairement peur que les mystérieux événements à venir brisent la vie de l'adolescente et il s'en veut pour ça... Que peut-il donc se tramer en coulisses, et plus précisément du côté de Jules Lion, le directeur du music-hall ? Les débuts de réponses apparaissant en fin de tome n'augurent pas que du bon...

Dans tout ceci, le seul petit regret vient du manque d'intérêt des enfants des rues suivants Marion au début. Ils ne sont pas oubliés une fois le début de tome passé, mais ils n'apparaissent quasiment plus et n'ont pas vraiment de rôle pour le moment. A voir si ce sera différents dans le 2e et dernier volume.

Sur ce premier tome, Marion se présente comme une très belle trouvaille, porté par une héroïne qui laisse une excellente impression, par un cadre et un contexte très convaincants, par des visuels vraiment soignés... Suivre le parcours de cette jeune fille des rues à la personnalité assez affirmée, dans le Paris de 1940, a quelque chose de très plaisant, et on a hâte de voir quel destin l'attend !

Comme d'habitude, les éditions Komikku ont soigné la fabrication de leur édition, avec un papier alliant souplesse et épaisseur, une très bonne impression, une première page en couleur, et une jaquette bénéficiant d'un joli et discret logo-titre ainsi que d'un vernis sélectif sur l'héroïne. La traduction de Yohan Leclerc, elle, s'avère très fluide et agréable.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction