Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 27 Octobre 2010
Annoncée il y a un long moment, March Story fait enfin son apparition dans nos librairies. Le titre était plutôt attendu puisque l'on retrouve au dessin un certain Yang Kyung-Il, qui a travaillé notamment sur Island et surtout sur Le nouvel Angyo Onshi. Par contre, il sera cette fois-ci accompagné de Kim Hyung-Min au scénario, auteur encore inconnu dans nos contrées.
March est ce que l'on appelle un Shisté Bihaad. Ceux-ci parcourent le monde à la recherche d'objets en tout genre dans lequel sont enfermés des entités démoniaques appelées "ils". Ces esprits prennent le contrôle de quiconque touche l'objet en question et le transforment en tueur sanguinaire. Tant que la personne possédée n'a pas encore fait de victime, elle peut être sauvée. Dans le cas contraire, la seule solution est la mort...
Première chose que l'on remarque, Yang Kyung-Il n'a rien perdu de son talent et nous offre de magnifiques pages à la fois travaillées, détaillées, sombres et torturées, et contribue grandement à rendre la lecture de ce premier tome des plus agréables. On retrouve évidemment quelques similitudes au niveau des personnages pour ce qui est de leur apparence avec ceux des précédents travaux du dessinateur mais ce n'est en rien préjudiciable, d'autant plus qu'ils sont très inspirés. Bref, c'est un régal, et l'on en attendait d'ailleurs pas moins de sa part.
Pour ce qui est de l'histoire, difficile d'émettre un jugement définitif après seulement un volume. L'univers à du potentiel, c'est certain, mais ne déborde pas non plus d'originalité, et c'est bien là le principal soucis. L'ambiance qui règne dans ces premiers chapitres n'est pas sans rappeler une série telle que D.Gray-man par exemple. Mais le chemin emprunté au niveau de l'intrigue est cependant fort différent. On a ici droit à trois petites histoires indépendantes qui permettent de présenter à la fois l'environnement et les principales figures de proue qui le compose ainsi que les tenants et aboutissements du métier de Shisté Bihaad. D'un niveau assez inégal, elles restent néanmoins convaincantes pour un premier jet. Le tome se conclut par un petite retour dans le passé afin d'approfondir, déjà, l'héroine March. Encore une fois, ce n'est pas ce que l'on pourrait qualifier de novateur, mais c'est efficace et bien mit en scène.
Pour ce qui est des autres protagonistes qui peuplent ce premier tome, il y a de quoi faire. Outre l'intrigante March, on retrouve Jake la voyante. Vieille femme à l'apparence grotesque, elle semble être un véritable mentor pour l'héroine et possède un certain charisme. Monsieur Rodin, lui, semble déjà un petit plus commun et se réserver le rôle du dirigeant qui ne pense qu'au profit et escroque le premier venu avec un certain humour. Apparemment, chacun traine également derrière lui un lourd passé, et cela s'inscrit dans la logique de l'intrigue qui fait la part belle à des évènements au ton relativement tragique. Mais qu'il s'agisse de Jake ou de Rodin, ils apportent en tout cas de la variété et rendent l'ensemble d'autant plus dynamique.
L'édition de Panini se montre globalement satisfaisante et dans la lignée de ce que l'éditeur propose. Rien de particulier à noter concernant ce premier tome si ce n'est un papier un peu trop fin.
March Story se présente ainsi comme une bonne petite série à la croisée du seinen et du shonen. Présentant un univers glauque sans trop en faire et portée par des personnages qui en imposent rapidement, elle n'est pas bouleversante d'originalité mais, mise à part une introduction un peu bancale, elle semble maitriser son sujet comme il faut. Reste le rythme de parution assez lent qui risque d'en rebuter certains, mais ce serait dommage vu le potentiel présent.