Make me up ! Vol.1 - Actualité manga
Make me up ! Vol.1 - Manga

Make me up ! Vol.1 : Critiques

Hoshino, Me o Tsubutte

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 08 Décembre 2020

Chronique 2 :

Publiée en France par Pika Edition de juin 2018 à août 2020, Make Me Up! est une comédie romantique qui semble être passée un peu inaperçue dans notre pays. De son nom original Hoshino, Me o Tsubutte (littéralement "Hoshino, ferme les yeux"), cette oeuvre bouclée en 13 volumes a été prépubliée au Japon de 2016 à 2018 dans le célèbre Shônen Magazine de Kôdansha (dont sortent bien d'autres comédies romantiques populaires comme Love Hina, Fûka ou plus récemment The Quintessential Quintuplets, ainsi que bien des séries à succès), et il s'agit du premier essai dans le genre et de la première publication française pour Kôhei Nagashii, un mangaka qui fut assistant de Hajime Isayama sur L'Attaque des Titans avant de démarrer sa carrière professionnelle en 2012. Avant Make Me Up!, cet auteur était surtout connu pour diverses productions hentai, ainsi que pour sa toute première série Houkago Sword Club, récit sportif de kendo en 3 tomes.

Make Me Up! nous plonge aux côtés de Kobayakawa, un lycéen en apparence on ne peut plus banal... à ceci près qu'il est complètement asocial. C'est bien simple: hormis quelques potes comme l'enrobé Nishimura ainsi que le club d'arts plastiques de Mme Yuge où il exerce ses talents en peinture, il exècre tout le reste du lycée, surtout ses camarades de classe qu'il considère comme des m'as-tu-vu, qui entretiennent des amitiés factices en se la jouant cool, comme prisonniers de règles tacites où l'apparence et l'hypocrisie priment. Il préfère donc rester dans son coin, ignorer tout le monde, y compris quand on lui parle, si bien que les autres adolescents ne font même pas l'effort de retenir son nom. Du coup, quand il se fait bousculer dans le couloir par un gars d'un groupe populaire, qu'il ne répond pas aux plaisanteries du groupe et ignore tout le monde, le jeune garçon se prend forcément quelques remarques, le splus virulentes venant de Misaki Hoshino, l'une de ces filles qu'il exècre plus que tout sans même la connaître. Après tout, Hoshino fait partie de ces demoiselles se maquillant à fond, faisant très attention à son apparence pour se fondre dans le groupe des "gens cools", et qui est donc selon lui forcément d'une superficialité complète... mais si la réalité était bien différente ? Un sauvetage de chat et une demande de Mme Yuge plus tard, et voici que les certitudes de Kobayakawa sur Hoshino commencent à s'effriter. Car derrière le maquillage se cache une adolescente bien différente de ce qu'il imaginait, et qui va complètement bouleverser son existence...

Le moins que l'on puisse dire est que Nagashii entame vite et bien son histoire, dans un rythme assez soutenu où il ne lui faut que quelques pages pour bien nous faire comprendre l'état d'esprit asocial de Kobayakawa. Et par la suite, si les premiers rebondissements autour de la vraie rencontre entre lui et Hoshino sont un peu gros (entre le sauvetage du chaton et la demande de Yuge qui arrive à point nommé), c'est pour mieux nous faire ressentir d'emblée que Hoshino est bien différente de ce que laisse penser son apparence, et qu'il ne faut décidément jamais se fier uniquement à cela.

Car sous sa tonne de maquillage, son côté "gal" avec ses loose socks et son allure très sociable et sûre d'elle, Hoshino cache en réalité une multiplicité d'autres facettes, à commencer par la plus problématique d'entre elles et qui est le point de départ de tout: elle n'a en réalité absolument aucune confiance en elle, en sa popularité si elle n'est pas maquillée, a peur de voir ses amis s'éloigner d'elle si son apparence n'est pas assez bien, et se trouve totalement banale voire moche. Il s'agit d'un manque de confiance tel qu'on peut en voir beaucoup, surtout à une période comme l'adolescence, que la jeune fille essaie d'affronter comme elle le peut, à sa manière, quitte à "travestir" ce qu'elle est réellement sous son maquillage. Sur demande de Yuge, c'est cette fille que Kobayakawa, en tant que peintre talentueux, se retrouvera alors à devoir maquiller jour après jour, l'adolescente étant complètement nulle pour se maquiller elle-même (jusqu'à présent, c'est Yuge, amie d'enfance de la jeune fille, qui s'en chargeait). Un concept qui pourrait presque paraître un peu idiot sur le papier, mais que le mangaka exploite déjà très bien pour installer entre ses deux personnages principaux voire même leur entourage une relation vouée à évoluer dans le bon sens.

Ainsi, c'est sous l'oeil de Kobayakawa que l'on découvre en Hoshino une adolescente en manque de confiance si elle n'est pas maquillée... mais a-t-elle totalement besoin de ça ? n'aurait-elle pas, sans l'oser, bien d'autres facettes à faire valoir ? On s'en rend compte très vite en même temps que notre héros, sous son allure artificielle, Hoshino est au contraire une adolescente pas si écervelée et superficielle que ça. Fonçant souvent tête baissée, ayant un côté très franc, disant ce qu'elle pense, n'hésitant pas à plonger pour secourir un chat où à rendre service aux autres quitte à devoir se salir ou se battre, elle montre nombre de facettes très naturelles et bénéfiques... mais pas à ses amis. Et le comportement de cette fille très énergique, que Kobayakawa apprend à découvrir derrière les apparences, ne manque d'avoir déjà, peu à peu, un certain impact sur notre héros. Bien sûr, Kobayakawa garde toujours un côté peu sociable et fait des remarques dans ce sens, mais Hoshino commence clairement à briser sa coquille tant il se rend petit à petit compte de certaines choses. Cette fille agit quand il ne fait rien car il dit que ça ne le concerne pas, mais être en interaction avec elle le poussera à agir pour la première fois pour quelqu'un, à se demander ce qu'il peut faire, et cela passe notamment très bien par le cas d'un autre personnage: Iori Matsukata, camarade très timide du club d'arts plastiques, subissant de sévères brimades, et qui sera sauvée par nos héros (enfin, surtout sous l'impulsion de Hoshino). De quoi déjà ouvrir un peu plus le monde de Kobayakawa, tandis que l'attachante Matsukata s'installe dans la foulée comme un personnage phare de plus, avec à la clé un côté sentimental qui se ressent déjà.

Mais si le fond est bien plus emballant que ce que le pitch de base pourrait laisser envisager, c'est également grâce au ton adopté par Nagashii. En plus d'un rythme permanent, le mangaka ne manque pas d'humour à travers de nombreux aspects, par exemple un paquet de bouilles rigolotes, des séances de maquillage catastrophiques, le côté "double-face" du look de Misaki, des interactions régulièrement tumultueuses grâce au caractère des personnages... Et puis, Misaki, de par sa manière d'agir, de foncer sans hésitation à de nombreuses reprises, n'a aucun mal à nous emmener dans son sillage.

Le résultat est un début de série largement plus emballant que ce que l'on aurait pu croire, tant le mangaka exploite bien son idée et trouve le bon équilibre. Il s'agit d'un très bon lancement, donnant très facilement envie de voir ce qui nous attend par la suite.

L'édition française, elle, n'est pas exempte de défauts. Si la traduction de Soizic Schoonbroodt s'en sort bien, on regrettera une impression qui, sans être mauvaise, souffre trop régulièrement de légers moirages, ainsi que des premières pages (initialement en couleurs dans la prépublication) bien trop sombres. Le travail d'adaptation graphique et de lettrage, lui, est tout à fait honnête.


Chronique 1 :

Être soi-même quitte à se retrouver en marge du groupe ? Ou plutôt se conformer aux codes sociaux pour ne pas se sentir exclu ? Malgré air léger, Make me up! aborde une thématique sérieuse et universelle qui parle à tous, jeune ou moins jeunes. Même si la question du maquillage n'est qu'un prétexte pour aborder le sujet, on verra le côté assez futile de la chose comparé au traumatisme qu'il est censé engendrer pour la jeune fille. Mais pas de quoi remettre en cause le plaisir de lecture pour autant. Make me up! traite avec un ton léger et beaucoup d’humour le poids des apparences en milieu scolaire.


Une fille, Misaki Hoshino. Jolie, sociale, c’est l’archétype de la lycéenne populaire. Un garçon, Koba.. Kobayatruc… Personne ne sait vraiment en fait, car Kobayakawa est plutôt du genre à rester seul et porte un regard méprisant sur ses camarades de classe attachés aux apparences et aux « règles sociales » du lycée pour se faire des amis. Bref, autant dire qu’il existe un énorme fossé entre les deux adolescents et que rien ne devrait les amener à développer des liens d’amitié. C’est d’ailleurs ce qu’il va se passer dès les premières pages du manga, quand Hoshino va envoyer promener Kobayakawa, devant ses amis alors qu’on la sent remplie d’une certaine empathie pour ce jeune homme moqué en raison de son asociabilité. Car derrière cette apparence de jeune fille assez hautaine et légèrement superficielle, se cache en fait une personnalité remplie de complexes et d’un cruel manque de confiance en soi qu’elle cherche à compenser grâce au maquillage. Un secret que va percer, Kobayakawa, sans le vouloir et qui va les pousser à développer une amitié inattendue. Persuadée que sa vraie apparence l’empêcherait de se créer la moindre amie, Hoshino se sent obligée d’être constamment maquillée et de se créer une seconde personnalité. Une obsession qui amène la lycéenne à changer de vêtements pour que l’on n’arrive pas à la reconnaître quand celle-ci n’est pas pomponnée. Quant à notre protagoniste, Kobayakawa, son rejet des autres dissimule en fait un cœur généreux qui va se révéler petit à petit à force de fréquenter la jeune fille.


Make me up! possède un fond de romance ainsi qu'un graphisme propre aux shôjo, on retrouve les mêmes codes.


Bien que traitant un sujet finalement assez sérieux, Make me up! garde un ton très léger tout en étant rempli d’humour. Tellement léger que le terrible secret d’Hoshino semble terriblement anodin comparé à l’état d’excitation que provoque à la jeune fille le simple fait de ne pas être maquillée. Surtout que sa version « naturelle » pourrait très bien incarner sans problème le rôle de la fille kawaii du bahut dans n’importe quel autre manga. Mais une fois accepté ce postulat un peu déroutant, surtout pour un manga shonen dont théoriquement plutôt à destination d’un public masculin, les 200 pages de ce premier volume se lisent d’une traite notamment grâce à son rythme sans véritable temps mort et à un très joli coup de crayon du mangaka Kôhei Nagashii.



Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

15.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koalam
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs