Make a Beautiful Sound - Actualité manga

Make a Beautiful Sound : Critiques

Amaku kanadete

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 11 Septembre 2019

Dibi est un auteur de hentai sortant quelque peu de ce que l'on a l'habitude de voir: avec une patte graphique bien à lui, celui-ci, en quelques années de carrière, s'est surtout fait une spécialité des récits coquins jouant sur un créneau bien précis, à base d'hommes jeunes voire très jeunes, soumis et à tendances masochistes, qui se voient "pris en main" par des femmes perverses se faisant un plaisir de les faire jouir dans la "douleur". Paru en 2018 chez Wanimagazine sous le titre Amaku kanadete, Make a Beautiful Sound s'inscrit bel et bien dans ce registre, à travers neuf histoires courtes d'une vingtaine de pages chacune.

Une femme qui décide de consoler à sa manière un jeune garçon venant de se faire plaquer par sa copine. Un jeune écrivain devant se pier aux exigences de sa responsable éditoriale et d'une autre romancière. Une infirmière donnant une leçon très particulière à son jeune patient, qui n'arrive à jouir que quand elle le martyrise. Une sorcière recueillant un jeune homme-loup pour en faire son familier après l'avoir "éduqué". La première fois d'un jeune homme dans un bordel de l'ère Meiji. Un futur où ce qui reste des humains a été réduit au rang de simples animaux de compagnie ou d'esclaves par une nouvelle race mi-homme mi-animale. Un autre futur où un robot féminin assoit son autorité sur un humain, dans un monde où ces deux races sont en guerre. Etc etc...

Qu'on se le dise: ici, ce sont bel et bien les femmes qui dominent, toujours ! Et pour faire ressortir cela, dibi n'hésite pas à diversifier les situations. Que ce soit dans les scènes de sexe, où les jeunes garçons peuvent très bien se retrouver complètement asservis par une ou deux femmes, sombrer dans le plaisir en se sentant dominés, humiliés voire gentiment torturés, se prendre un gode-ceinture par des miss qui s'en font un plaisir... Ou dans les situations de départ, puisque le mangaka se fait une joie d'offrir des contextes très variés, allant de notre époque moderne à la fantasy en passant par de futurs alternatifs. Dans ces mondes, l'originalité est assez souvent là en offrant des contextes qu'on n'a pas souvent l'occasion de voir dans les hentai parus en France, et cela même si certains univers auraient pu être largement plus exploités.

Pour accompagner ces histoires où les garçons se laissent dominer avec plaisir par les femmes, l'auteur livre un rendu visuel qui se veut assez riche et personnel. Tandis que les corps masculins sont toujours très fins/gringalets, ceux des femmes se veulent un peu plus imposants, faisant ressortir leur côté dominateur, et l'on reprochera simplement qu'elles aient toutes exactement le même gabarit: visage sévère ou vicieux, et poitrine démesurée par rapport à leur taille de guêpe. Certains détails pourraient aussi décontenancer, comme l'allure somme toute assez juvénile des garçons (notons que l'auteur fait aussi dans le shotacon au Japon), la façon dont les pieds sont dessinés, ou les organes génitaux (aussi bien féminins que masculins) qui restent très lisses, mais l'essentiel est assurément ailleurs et se situent dans les visions de domination des garçons par les femmes, le mangaka offrant quelques compositions du plus bel effet sur ce plan-là. Enfin, dibi est un dessinateur qui, souvent, soigne pas mal ses décors, et c'est plutôt le cas ici: ils sont assez présents, suffisamment travaillés, et en adéquation avec les différents univers proposés afin de faire ressortir des cadres très divers.

Assez unique dans le paysage du hentai en France, Make a Beautiful Sound est une expérience de lecture à part entière, qui pourrait ravir les amateurs de soumission et de masochisme masculins, ou tout simplement intriguer les plus curieux.

Côté édition, pas grand chose à redire: on a l'habituelle bonne qualité de papier et d'impression de Hot Manga, ainsi qu'une traduction assez efficace d'Yves Bohmler. Et à défaut d'avoir droit à des pages couleurs (sans doute n'y en a-t-il pas non plus dans l'édition japonaise), on trouve en fin de volume une courte nouvelle exclusive.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction