Magilumière Co. Ltd. Vol.1 : Critiques

Kabushiki Gaisha MagiLumiere

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 04 Décembre 2024

A l'occasion de la diffusion, depuis le début de cet automne, de son adaptation animée sur la plateforme Prime Video (où elle semble faire très peu parler d'elle), les éditions Kana ont lancé en France, en octobre dernier, la version papier du manga Magilumière Co. Ltd., environ un an après l'avoir lancé numériquement en simultrad. Au Japon, cette oeuvre, déjà riche de 14 volumes à l'heure où ces lignes sont écrites, suit son cours depuis 2021 sur le site Shônen Jump+ des éditions Shûeisha. Il s'agit de la toute première série longue de la carrière du scénariste Sekka Iwata et du dessinateur Yû Aoki.

L'histoire nous immisce dans notre monde contemporain, à ceci près que depuis un certain temps des monstres apparaissent soudainement en semant la zizanie, et que pour lutter contre eux de nombreuses entreprises de magical girls ont vu le jour, allant de gros conglomérats à des petites entités. Ainsi les magical girls sont-elles des employées travaillant pour des entreprises spécialisées dans l'extermination des monstres, et peuvent-elles compter sur différents outils magiques pour exercer au mieux leurs missions. Avec un peu de talent, toutes les femmes peuvent donc devenir magical girls si elles le souhaitent, et si elles arrivent à se faire embaucher dans une entreprise !

Magilumière Co. Ltd. fait précisément partie des entreprises les plus modestes, puisqu'il s'agit d'une petite start-up n'ayant dans ses rangs qu'une seule magical girl: Hitomi Koshigaya, qui a certes du talents et exécutes ses missions sans faillir, mais dont le coté tête brûlée pose parfois des petites problèmes. Face à la recrudescence de monstres et de missions, la jeune femme peine de plus en plus à accomplir son rôle seule, ce qui motive la boîte à enfin commencer des démarches pour embaucher une petite jeunette fraîchement diplômée. Suite à une mission trop complexe pour elle seule, Hitomi verra apparaître sur son chemin celle qui semble être la recrue idéale: Kana Sakuragi, qui vient de finir ses études, rêve de rendre service aux autres et d'être utile, enchaîne les déconvenues lors de ses entretiens avec de grosses entreprises, et qui est alors en perte de confiance en elle. Loin de la dénigrer les membres de Magilumière savent voir les qualités de la jeune femme, à commencer par son dévouement à toute épreuve et sa mémoire hors du commun pour retenir énormément de choses en un instant. Ainsi kana va-t-elle pouvoir faire ses débuts de magical girl... à condition de s'adapter à ce travail et à ses nouveaux collègues/patron parfois exubérants !

Si l'idée de moderniser le concept des magical girls en en faisant un monde d'entreprises n'a rien de nouveau (encore récemment, on a pu découvrir aux éditions Véga/Dupuis le manga Magical Quadra, très médiocre sur son seul premier tome), il faut avouer que Sekka Iwata pense ici de façon très correcte son univers, fait de premiers monstres assez variés (monstre refroidissant, monstre parasitant les constructions), de personnages d'ores et déjà assez hauts en couleurs (on vous laisse la surprise de découvrir par vous-même le patron de Magilumière, qui dénote pas mal pour un boss) et de tout un tas d'outils magiques (balais technologiques en tête) aidant les employées à éradiquer les monstres. Il n'en faut pas plus pour se laisser gentiment entraîner dans un début d'intrigue où, pour le moment, les choses reposent beaucoup sur la découverte par Kana de son nouveau (et premier) travail.

Sur ce dernier point, les auteurs gèrent suffisamment bien les choses aussi, en rendant leur héroïne facilement attachante. On a le coup classique de la fille pleine de bonne volonté, désireuse d'être utile et d'aider les autres, en perte de confiance en elle, et recelant pourtant de grands talents spécifiques. Et il faut avouer que, généralement, ce type de personnage, auquel il y a de quoi s'identifier assez aisément, fonctionne bien. On suit alors sans déplaisir l'acclimatation de Kana à son job, entre découverte de son nouvel entourage lui réservant quelques surprises, apprentissage des spécificités du métier (le vol sur les balais en tête), et participation à sa première mission qui est ponctuées d'imprévus et qui lui confirmera encore un peu plus qu'elle aussi est capable de grandes choses.

Le seul éventuel hic dans tout ça proviendra peut-être de la représentation sans nuances des sociétés du travail. Les auteurs ont beau taper volontiers un peu sur certains des aspects les plus critiques des grandes entreprises (l'horreur des entretiens d'embauche, l'inhumanité des licenciements, la façon dont les employés peuvent être vus uniquement comme des pions remplaçables), il peut vite devenir assez lourd de constater la manière dont, pour l'instant, ils glorifient à tout bout de champ les start-up, comme si tout était parfait dans cet autre système alors que la réalité est radicalement différente. Mais qui sait, peut-être que la suite de la série nuancera ce propos ?

Mais il reste que, dans l'ensemble, il y a quelque chose d'assez entraînant dans ce début de série. On est pour le moment sur une mise en place on ne peut plus classique dans son déroulement, mais l'univers et ses concepts s'installent correctement, l'héroïne est facilement attachante, les personnages secondaires ne manquent pas de piquant... Il n'y a plus qu'à voir comment tout ça va se développer et se renouveler sur la longueur.

Côté édition, on a droit au format seinen standard de la collection Big Kana, avec un papier souple, plutôt fin mais globalement assez opaque, quatre premières pages en couleurs sur papier glacé, une qualité d'impression correcte, une traduction très claire de Sophie Lucas, et une jaquette adaptant soigneusement l'originale japonaise.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.25 20
Note de la rédaction