Magic Nail Art Vol.1 - Manga

Magic Nail Art Vol.1 : Critiques

Ikyou no Tsume Nuri Minarai

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 25 Juin 2024

Entre "L'aigle écarlate et le yéti", "Anna et le prince d'Albion" et tout récemment "Le chemin de l'amitié", le manga féminin a une place de choix dans le catalogue de nouveautés des éditions naBan cette année, et cela se confirme encore avec la récente arrivée de "Magic Nail Art", toute première publication française de Marukawa, une mangaka qui a débuté sa carrière en 2018, dont c'est la troisième oeuvre professionnelle, et qui possède une niche de fans assez solide sur ses réseaux sociaux.

De son nom original "Ikyou no Tsume Nuri Minarai" (littéralement "L'Apprenti Etrangère en Peinture sur Ongles"), cette série suit son cours au Japon depuis 2022 dans les pages du magazine PASH! de l'éditeur Shufu To Seikatsusha (le même magazine que "L'aigle écarlate et le yéti", entre autres), et compte 4 volumes à l'heure où ces lignes sont écrites. Et si ce nom vous dit déjà quelque chose, ce ne serait pas étonnant puisque voici déjà quelque temps que la plateforme Piccoma, malheureusement vouée à fermer ses portes en France en septembre, la proposait en version numérique.

Ici, on suit Keiko Sahara, une jeune femme de 24 ans qui, il y a encore peu de temps, menait une vie on ne peut plus banale en tant qu'employée célibataire enchaînant les heures supplémentaires pour un salaire de misère. Son principal plaisir était alors, sur son temps libre, de s'adonner à la manucure qu'elle adore... et c'est précisément en plein travail sur ses ongles qu'elle s'est soudainement et inexplicablement retrouvée projetée dans un autre !

Il faut à peine quelques pages à l'autrice pour nous plonger dans son univers sans le moindre round de présentation, puisque quand le récit démarre Keiko Sahara vit déjà depuis un certain temps dans cet autre monde, et s'y est même parfaitement acclimatée en s'y sentant bien puisque, même si tout le monde s'entête à l'appeler Sarah, elle peut enfin y exercer le métier de ses rêves, à savoir la manucure. Et il s'avère que dans cet autre univers, cet art a une importance capitale, car la magie est concentrée dans les ongles, et la manucure est donc très importante pour les magiciens. Ainsi, à condition de passer outre l'entrée en matière expéditive, on découvre peu à peu un univers qui a sa part d'originalité dans le genre surreprésenté des isekai, et qui intrigue facilement au niveau du fonctionnement exact de cette magie.

Dans ce premier tome, il faut se dire qu'il n'y a pas encore de grande ligne directrice au niveau de l'histoire, car tout est avant tout question de découvrir le nouveau cadre de vie de Keiko/Sarah, et de voir en même temps qu'elle les spécificités et richesses de cet autre monde. On appréciera quand même d'emblée la volonté de notre héroïne de se faire une belle place en tant que femme, dans ce monde où la manucure est avant tout un métier d'homme, même si ceci n'est vraiment qu'évoqué pour le moment. A part ça, on découvre d'abord avec intérêt des personnages secondaires ayant tous leur caractère propre et leurs traits plus amusants, à l'image de Leed le maître de notre héroïne qui est considéré comme un manucure excentrique, le très intrigant Rocco qui est la crème des magiciens et qui semble cacher des aspects plus louches derrière son côté arrogant, imbu et insolent, ou encore Hao, le disciple de ce dernier, plutôt rigolo dans son côté très caractériel (un peu tsundere sur les bords, avouons-le), certains d'entre eux ayant même déjà droit à des bribes d'approfondissement sur leur passé. Puis entre quelques missions annexes comme chasser des monstres perdus, on entrevoit déjà suffisamment de petites informations sur le fonctionnement spécifique de la magie à travers les ongles: différents types de magie, l'équipement nécessaire, les ingrédients (notamment des insectes) pouvant changer le style de magie... les bases n'étant ici qu'installées, mais ayant a priori de quoi offrir beaucoup de possibilités. Enfin, la mangaka prend également soin de distiller de premiers détails sur ce monde en lui-même: le statut des "égarés" (à savoir les transfuges comme notre héroïne), la religion, les pays voisins, le contexte délicat puisqu'une guerre a actuellement lieu... tout ceci affichant, là aussi, d'assez bonnes promesses de développement.

Pour porter tout ça, Marukawa, à défaut d'offrir une narration toujours immersive (la faute à pas mal d'éléments qui restent un peu balancés par-ci- par-là sans être approfondis pour l'instant), peut assurément compter sur une grande qualité: la beauté de ses visuels. Non contente d'offrir des designs de personnages très travaillés au niveau de leur style (coiffures, cils, yeux, et évidemment spécificités de designs selon les espèces...), et offre également des tenues vestimentaires souvent recherchées et assez raffinées, tout ceci nous rappelant un petit peu le style d'une autrice comme Tamekou ("Mon petit ami Genderless" aux éditions Akata, "Rêve de Coucou" aux éditions Hana, "Les noces de Lala" chez Noeve Grafx...). A cela, elle ajoute des décors assez présents quand il le faut voire parfois sublimes de par leurs nombreux motifs, ainsi qu'une petite originalité bien trouvée en la présence de quelques cases ou détails graphiques en couleurs pour souligner quelques détails importants. Et bien sûr, le nail art lui-même n'est pas oublier, avec déjà quelques scènes visuellement assez jolies de ce côté-là. En bref, c'est franchement beau, voire très beau !

A l'arrivée, on a là un volume d'installation assez convaincant. La mangaka devra réussir à hausser un peu sa narration pour mettre en place de façon plus consistante son histoire, mais au bout du compte il y a déjà tout ce qu'il faut pour nous promettre une beau récit: une héroïne séduisante avec son côté résolu, des figures secondaires assez intrigantes, un monde dont les premières composantes sont assez accrocheuses, un plutôt bon mélange de magie, d'aventure et d'humour, et des dessins assurément ravissants. Affaire à suivre, donc !

Enfin, du côté de l'édition française, c'est du tout bon pour naBan, avec une mention spéciale pour la conservation des éléments en couleurs au sein des planches en noir et blanc, détail qui demande toujours une grand application côté impression, cette dernière étant par ailleurs très bonne en ayant été effectuée sur une papier de bonne qualité, à la fois souple et plutôt opaque. On pourra également apprécier cinq premières pages entièrement en couleurs, une traduction assez claire de la part de Philippe Bessault du Studio Mankaï, un lettrage propre signé Ledocteurno, et une jaquette restant proche de l'originale japonaise tout en bénéficiant d'un logo-titre soigné qui a été conçu par Raphaele Fontvieille.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs