Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 30 Décembre 2024

Officiant également sous les pseudonymes BlueBrand et F.blue, Fujimaru est un auteur qui est actif au Japon dans les milieux amateur et professionnel depuis une quinzaine d'année, que ce soit dans l'illustration de light novels, dans le manga "tout public" et dans le hentai. C'est dans cette dernière catégorie qu'on peut le découvrir pour la première fois en France, depuis juin dernier aux éditions Hot Manga, avec l'un de ses recueils coquins: Love Me Tender, ouvrage d'un tout petit peu plus de 200 pages, sorti dans son pays d'origine en 2017 chez l'éditeur Wanimagazine, et regroupant neuf histoires qui furent initialement prépubliées là-bas dans les pages du magazine Comic Kairakuten.

Une fois n'est pas coutume, avant de présenter les histoires en elles-mêmes, on va s'intéresser au style de l'auteur, tant il s'agit là de l'élément qui va apporter le plus de saveur, d'unicité et de fraîcheur au recueil. Car effectivement, on peut dire que le mangaka, s'il a le mérite d'offrir des designs toujours très variés, hyper expressifs et pétillants pour une succession d'héroïnes très craquantes, nous séduit surtout pour sa faculté à garder quasiment toujours des ambiances très légères, rafraichissantes et drôles, y compris lors de certains moments qui s'apparentent un peu à de la tromperie pour abuser de certaines filles (celles-ci restant quand même toujours consentantes). Pour ça, Fujimaru n'hésite pas, plus d'une fois, à distiller un humour loufoque ou décalé qui fait très bien son petit effet, en nous entraînant toujours facilement dans ses situations propices à des scènes de sexe généralement très correctes dans leur mise en scène.

Autant dire que ce style n'a aucun mal à nous emballer dès la première partie du tome: après une première histoire très courte (juste huit pages entièrement en couleurs), très classique avec ses retrouvailles cousin/cousine coquines, mais faisant office de petite amuse-gueule léger, on découvre un deuxième récit bien plus long, s'étirant sur un prologue et trois chapitres pour une grosse soixantaine de pages au total, et nous faisant suivre avec délectation la relation particulière entre un jeune beau gosse qui n'arrive pas à perdre son pucelage malgré son statut de nouvelle star de la musique, et sa manager qui est prête à tout pour le faire briller, y compris à lui proposer son corps sans la moindre gêne ! Naturellement, le gros décalage entre la personnalité totalement décomplexée de la manager et le manque total d'expérience de son protégé va amener des moments très amusants, d'autant plus qu'ici Fujimaru joue également sur des designs chibi rigolos. Mais derrière ces éléments de base, et au gré de quelques épreuves (un autre jeune chanteur ayant des vues sur elle, une idole toute mignonne qui pourrait sortir avec lui) et de coups de théâtre détournant délicieusement des clichés du genre (mieux vaut ne pas essayer de sauter sur cette géniale manager, qui vous le fera payer avec ses grosses mandales bien placées), c'est une relation mine de rien plus sincère qui se mettra en place sous nos yeux.

Certaines des intrigues suivantes possèdent aussi leur charme et leurs originalités, notamment via les manigances d'un garçon pas bien beau pour tourner à son avantage le fait d'être le meilleur pote du plus beau garçon de l'établissement scolaire, et une attaque de grizzly vraiment pas commune, ou même certains fantasmes que la star de la fac va devoir accomplir auprès d'un homme pour maintenir son train de vie, au risque de tomber dans les plaisirs de la luxure. Néanmoins, l'histoire du grizzly, tout aussi originale soit-elle, nous fait déjà sentir certaines limites du recueil: bien que les idées soient là, elles sont exploitées de manière inégale, car tout va très vite. C'est un sentiment qui va malheureusement perdurer pendant toutes les dernières histoires du recueil: bien que Fujimaru montre toujours un vrai talent pour dessiner des héroïnes variées et ayant toutes leur charme, et même si certains récits gardent des idées moins convenues (en tête la dernière histoire), l'ensemble retombe généralement dans des choses plus classiques, qui ne marquent pas vraiment car les situations vont beaucoup trop vite.

Love Me Tender est donc un recueil qui commence fort pour ensuite retomber un peu, mais qui conserve malgré tout un charme indéniable tout au long de ses 200 pages et quelques, grâce à certaines idées plus originales de l'auteur, à la diversité de ses craquantes héroïnes, et surtout à son style pétillant, expressif et très souvent ponctué d'un humour qui fait mouche. Dans l'ensemble, il n'y a donc pas de quoi bouder son plaisir !

Enfin, côté édition, c'est comme souvent du très bon de la part de Hot Manga: la qualité de papier et d'impression est très satisfaisante, les 16 premières pages en couleurs sur papier glacé sont un plaisir, la traduction de Jean-Baptiste Bondis est soignée, le lettrage effectué par Florian Morala est globalement très correct, et les onomatopées ont soigneusement été sous-titrées.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction