Live Machine Vol.1 - Actualité manga
Live Machine Vol.1 - Manga

Live Machine Vol.1 : Critiques

Live Machine

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 10 Décembre 2021

Découvert chez Black Box cet été avec le one-shot Le flic de Roppongi, le mangaka Tadashi Matsumori est revenu chez l'éditeur en octobre avec Live ! Machine, une série bouclée en deux volumes et où il n'est que dessinateur, tandis qu'au scénario on retrouve un grand nom bien connu: Caribu Marley. Egalement connu sous différents autres pseudonymes (Garon Tsuchiya, Marginal, Carib Song, Yuho Hijikata...), ce scénariste, disparu en janvier 2018 à l'âge de 71 ans, a signé plus d'une quarantaine d'histoire à partir de ses débuts en 1980, après avoir étudié le manga à la fin des années 70 dans l'école Gekigasonjuku de Kazuo Koike, en même temps que certains autres mangakas de renom comme Akio Tanaka (Coq de combat). En France, il est déjà connu pour plusieurs récits, à commencer par le culte Old Boy, mais aussi le poignant (mais inachevé) Les dessins de la vie, Astral Project, Tokyo River's Edge (justement dessiné par Akio Tanaka), et Blue Corner (où l'on trouve au dessin Jirô Taniguchi, avec qui il a travaillé plusieurs fois dans la première moitié des années 80).

Initialement prépublié au Japon en 1983-1984 dans le magazine réputé Manga Action de Futabasha, Live ! Machine s'ouvre sur une bref flashback où, quelque part dans un conflit armé d'Afrique, une petite troupe de soldats issus d'horizons différents tombe sous les balles. Parmi eux, un survivant, japonais de surcroit: Reiji Ariyama. Aujourd'hui, l'homme est devenu un brillant pianiste de jazz dans un club de Roppongi à Tôkyô... Mais entre son expérience de soldat surentraîné et les horreurs qu'il a pu voir au front, il ne fait aucun doute qu'il a gardé des séquelles de son sombre passé. Et quand ce passé vient se rappeler à lui via une vieille connaissance hostile qu'il est obligé d'abattre, c'est le début de tout: repéré par un mystérieux gourou se faisant appelé "Q" et qui a ressenti en lui le parfum de la mort, Reiji se voit proposer par celui-ci des contrats visant à éliminer d'importants politiciens qui, bien souvent, sont eux-mêmes corrompus d'une manière ou d'une autre. L'ancien soldat, quand il ne joue pas son jazz, se met alors à enfiler la tenue de mercenaire, sous le nom de code de Live Machine.

Sur le plan du développement scénaristique, on peut dire que Live ! Machine prend tout son temps dans ce premier pavé d'environ 250 pages, à tel point que l'intrigue globale ne fait que s'esquisser petit à petit, dès lors qu'on comprend que "Q" cache sans doute quelques desseins secrets et que Reiji s'est mis dans une situation peut-être plus tendue encore que prévue. Quant aux premières missions de mercenaire de notre homme, elles restent plutôt simplistes dans leur abord: à chaque fois la façon dont le mercenaire va approcher et atteindre sa cible n'est évoquée qu'en surface, et il ne faut donc pas attendre de gros détails de ce côté-là.

En revanche, là où l'oeuvre parvient peu à peu à faire des merveilles, c'est dans l'atmosphère qu'elle dégage, atmosphère devant en premier lieu beaucoup au parfum de jazz qui flotte dans l'air tout du long, que ce soit à travers les différents moments où Reiji joue au club ou écoute de la musique, ou via les assez nombreuses références qui en découlent, notamment au jazzman Thelonious Monk et à l'album Solo Monk dont Reiji raffole. On sent que Caribu Marley est lui-même friand du style, et que Tadashi Matsumori fait tout pour que cette musique jazz imprègne les pages, comme on l'entendrait dans un bon film noir d'époque. Et justement, noir, le manga l'est bel et bien: avec son dessin très encré et réaliste, sa mise en scène globalement assez posée voire silencieuse pour mieux faire profiter de l'atmosphère et faire ressortir les quelques instants d'action brute, son héros sombre et souvent impassible aux petits accents "hard-boiled" via son passé, ou ses quelques notes d'érotisme mature, Live ! Machine transpire en permanence d'une ambiance de film noir assez délectable si l'on aime le genre (et personnellement, j'adore).

En attendant (en espérant) de voir l'intrigue gagner en consistance dans le deuxième et dernier volume, Live ! Machine livre donc du très bon en terme d'ambiance. Il n'en faut pas plus pour se laisser happer, d'autant plus que l'édition est à la hauteur: jolie couverture donnant le ton traduction claire de Sébastien Descamps, lettrage suffisamment soigné d'Emi, et papier blanc, souple et qualitatif permettant une bonne qualité d'impression.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction