Limit Vol.4 - Manga

Limit Vol.4 : Critiques

Limit

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 22 Octobre 2024

Chronique 2 :


Les lycéens survivants viennent de découvrir dans la forêt le corps inerte d'Usui, et il est malheureusement déjà trop tard pour faire quoi que ce soit pour elle: la jeune fille est morte, et tout porte à croire qu'elle a été assassinée au vu de la grande marque de coupure dans son dos, une marque ressemblant à la faucille qui était en sa possession. Alors que Konno s'effondre de tristesse et que les autres accusent aussi le coup, un climat de psychose s'installe dans la foulée: qui a bien pus 'en prendre ainsi à la pauvre Usui ? C'est alors que Morishige apparaît à son tour sur place, couverte de sang, et avec dans la main un bout de verre pouvant faire office de couteau... Alors que les soupçons se tournent naturellement vers elle et qu'elle a encore des paroles méchantes, Morishige semblent en même temps particulièrement choquée par la vision du corps sans vie d'Usui, et affirme avec une émotion forte qu'elle n'y est pour rien. Alors, qui croire, et qui a fait ça ?

Marquante, la toute fin du tome 3 nous laissait sur la vision du corps sans vie d'Usui, et à présent l'heure est venue d'en découvrir toutes les conséquences psychologiques sur les survivants dans un quatrième tome où, de manière plutôt logique au vu de la situation de survie où tout le monde est à bout, chacun(e) ou presque se suspecte, jusqu'à donner lieu à un certain climat de paranoïa qui va occuper une bonne partie du présent opus. le tout est immersif à souhait sous le trait de Keiko Suenobu: avec son dessin volontairement excessif (comme à son habitude), la mangaka dégage beaucoup d'expressivité et, surtout, d'émotion chez ses personnages, surtout quand il s'git de faire ressortir leurs doutes, leur peur de ne plus se souvenir de ce qu'ils ont vraiment fait, leur désespoir face à la possibilité de ne pas être crus... Et pourtant, dans tout ça, il y a toujours une lueur d'espoir.

Car bien évidemment, avec Keiko Suenobu, il est impossible d'avoir droit à un bête récit de survie lambda, et c'est toujours Konno qui continue d'incarner le mieux cette idée. Continuant d'apprendre de ses erreurs passées, l'héroïne de la série évolue dans le bon sens, cherche volontiers à se faire pardonner pour les brimades auxquelles elle a pu participer (car oui, feindre l'indifférence comme si on n'était pas au courant, c'est être coupable aussi) sans pour autant qu'il soit question de l'excuser si facilement, ce qui donne lieu ici à d'assez forts passages à base d'écoute et, surtout de confiance. n'est-ce pas de ça qu'ont besoin ici des figures comme Ichinose et surtout Morishige ?

Le fond reste alors,en soi, très intéressant, tant Keiko Suenobu cherche à explorer le sujet du harcèlement scolaire, thème de toute sa carrière ou presque,sous un jour encore différent par le prisme du récit de survie,en en montrant toutes les conséquences et possibilités dans un contexte extrême. Pour ça, la série a toujours toute notre attention, mais malheureusement cela ne peut suffire à faire oublier les clichés de scénario qui s'accumulent, clichés encore plus visibles aujourd'hui, maintenant que la mode des mangas "survival" est partiellement derrière nous (rappelons que ce manga, bien que publié en France en 2024, date de 2009-2011 au Japon, ce qui a son importance). Il y a de quoi parfois presque déchanter, entre les personnages manquant trop de jugeote (même dans un contexte de tension pareil) malgré la présence de la posée Kamiya (franchement, quel intérêt Morishige aurait-elle eu à se pointer devant les survivants juste après la découverte du corps d'Usui, avec une possible arme/preuve en main ? ), les très grosses ficelles que l'on voit largement venir quand on est un minimum habitué au genre (en tête toute la dernière partie du chapitre 14, qui en deviendrait presque ridicule, d'autant qu'on se doute vite de l'issue finale qu'aura probablement cet élément vu que personne n'a vérifié de près ce qui s'est passé), et la recette où tout le monde se soupçonne sauf un personnage en particulier qui reste en retrait et semble au-dessus des soupçons. Ce dernier point en particulier est très gros (surtout qu'à la base, c'est forcément ce personnage-là le plus louche). Et du coup, les dernières pages font un peu l'effet d'un pétard mouillé. Mais qui sait, peut-être aurons-nous des surprises dans les deux derniers tomes ?

Reste qu'à l'arrivée, au vu des sujets que Keiko Suenobu souhaite aborder (avec une vraie force émotionnelle dans le fond) avec une part d'originalité via l'exploitation du survival, on a largement plus envie de retenir les nombreux points d'intérêt de Limit que ses limites (désolé, c'est pas fait exprès). La série conserve toute notre attention pour ses deux derniers volumes, et on espère vivement que la mangaka saura habilement nous faire démentir sur certains gros poncifs qu'elle utilise.



Chronique 1 :


La découverte du corps sans vie d'Usui provoque un choc au sein du groupe, un choc décuplé quand Morishige surgit à son tour, un objet coupant à la main. Cette dernière promet être innocente, et il n'en faut pas plus qu'une méfiance générale et réciproque s'installe entre les survivants. Leur collaboration ne peut reprendre sereinement sachant que l'assassin est certainement parmi les cinq camarades de classe encore en vie...

La mort d'Usui a provoqué un choc chez le lecteur en guise de dénouement du tome précédent, et c'est maintenant au tour des personnages de subir cette stupeur. Avec sa série, Keiko Suenobu n'est pas toujours là où on l'attend, surtout avec ce quatrième volume qui prend des airs de thriller où les cinq survivants voient leurs méfiances exploser, brisant au passage toute la sérénité que tentait d'installer le récit depuis l'arrivée de Hinata dans le groupe.

Et ce côté polar, la mangaka l'entretient avec une vraie habilité, enchaînant les soupçons et fausses pistes de manière à ce que chaque personnage ait la capacité d'être le criminel. Un résultat séduisant grâce à la psychose des protagonistes qui monte en flèche, un traitement tout à fait pertinent étant donné les déboires vécus par le petit groupe jusqu'à présent. Tout comme Usui, on est entés de doutés des uns et des autres. Mais à l'instar de Konno, une lueur d'espoir en autrui subsiste. Si la dichotomie entre ces deux aspects est présente depuis le départ, elle trouve une force très singulière dans la suite de l'intrigue, qui amorce d'ailleurs la deuxième moitié de l'histoire.

Cette dimension narrative n'empêche pas Keiko Suenobu de développer l'un de ses sujets de prédilection : le harcèlement scolaire. Si les personnages avaient tendance à être victimes de leurs émotions jusqu'à maintenant, entrainant un déluge de situation dont la gravité allait crescendo, la tournure plus posée du récit fait du bien, en plus de permettre à certains personnages d'approcher de la résolution de leurs dilemmes respectifs. L'autrice donne la parole aux protagonistes sans les excuser, et profite de la sincérité ambiante pour redonner de l'authenticité à certaines figures de l'histoire, et ainsi les rendre propices à notre empathie. Ce moment est d'autant plus fort qu'il intervient juste après un autre instant dramatique, qui pourrait paraître téléphoné, mais qui garde une force d'ambiance particulièrement forte.

Au terme de la lecture, il y a donc de quoi être satisfait de la tournure de Limit. La série continue de traiter ses sujets avec pertinences et parvient à se renouveler dans sa dimension survie et dans ses élans dramatiques. Et étant donné la fin de l'opus, le cinquième (et avant-dernier) volume ne semblera pas calmer les choses, raison pour laquelle on l'attendra avec hâte !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

14.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs