Limit Vol.2 - Manga

Limit Vol.2 : Critiques

Limit

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 07 Mai 2024

Chronique 2 :


Les cinq adolescentes ayant survécu au tragique accident de bus doivent organiser leur survie au fond du ravin, mais la situation reste critique car elles peinent à coopérer. La raison principale ? L'état d'esprit de Morishige, celle qui servait auparavant de souffre-douleur à la classe et qui, maintenant qu'elle s'est emparée de l'unique arme à disposition, est en position de force et veut voir les rôles s'inverser afin d'avoir sa vengeance. Celle-ci veut ainsi imposer entre elles un système de castes où elle est tout en haut et où, désormais, il convient de décider qui sera l'esclave tout en bas de l'échelle entre Konno et Ichinose lors d'un duel. Alors que Konno refuse de s'en prendre à sa camarade, Morishige trouve les bons mots pour réveiller le complexe d'infériorité d'Ichinose et la pousser à attaquer notre héroïne. Voici Konno désignée esclave... mais quel impact cela aura-t-il exactement sur elle ?

Eh bien à vrai dire, ne vous attendez pas à grand chose sur ce pseudo climax installé à la fin du premier tome, car on aurait presque envie de dire que ce système de castes et cette désignation d'esclave ne servent tout compte fait quasiment à rien dans l'immédiat, principalement grâce à l'intervention d'une Kamiya qui continue de garder la tête sur les épaules, bien aidée par ses notions sur la nature et sur la survie (en gros, heureusement qu'elle fait partie des cinq survivantes, celle-là, sinon les quatre autres n'en mèneraient vraiment pas large).

Plus que les concepts de castes et d'esclaves en eux-même, ce sont plutôt certains conséquences psychologiques qui en découlent qui montrent plus d'intérêt, en particulier dans le cas de Konno et d'Ichinose qui ressortent grandies de cette éprouvante expérience. Ichinose a beau avoir blessé Konno dans cette situation mentalement difficile à gérer, elle s'en veut terriblement en ne manque pas de se faire pardonner. Quant à Konno, elle qui autrefois prenait toujours soin de suivre la vague et de garder juste ce qu'il faut de distance avec les autres pour ne pas subir à nouveau ce qu'elle a vécu au collège, elle continue de comprendre que ce n'était clairement pas la bonne solution et que, face à l'adversité, mieux vaut s'entraider. Ainsi montre-t-elle ici plusieurs fois son évolution dans le bon sens... mais cela suffira-t-il pour s'en sortir toutes ensemble ? Pas si sûr, car les autres filles du groupe montrent des choses assez diverses. Si Morishige devient étonnamment plus discrète dans ce tome (tout en nous laissant entrevoir sur quelques cases très expéditifs une situation familiale difficile), ce n'est pas le cas d'une Kamiya qui reste ambivalente: elle a beau être marquante dans son désir de revoir ses proches et dans ses notions de survie qui sauvent vraiment toutes les autres, la jeune fille confirme également que, derrière son côté terre à terre, elle pense avant tout à sa propre survie et n'hésiterait peut-être pas à purement laisser tomber sans état d'âme quiconque serait fichu. Reste, enfin, le cas de celle qui était jusque-là la plus discrète des cinq héroïnes: Usui, à la fois peu convaincante et intéressante. Peu convaincante, car soyons franc, Keiko Suenobu lui offre soudainement une évolution paranoïaque hyper caricaturale et si forcée qu'elle pourrait presque prêter à rire. Et intéressante car, derrière ce côté très, très gros de la chose, le fait est que l'on découvre avec curiosité le fond de cette jeune fille discrète, si discrète qu'elle a toujours laissé les autres lui dicter sa conduite sans qu'elle émette ses propres opinions. La voir oser prendre pour la première fois de sa vie des décisions qui sont vraiment les siennes ne manque alors pas d'intérêt, mais lesdites décisions sont-elles vraiment les bonnes dans un contexte pareil ?

Que dire de plus ? Eh bien, qu'en dehors des cinq filles coincées au fond du ravin, ça commence à s'alerter et à bouger un peu du côté de l'école et de la compagnie de bus. Faiblement, avec là aussi quelques gros clichés, mais ça bouge quand même, sans oublier la présence d'une mystérieuse silhouette que l'on attendra de découvrir. En attendant, on a un deuxième tome parfois maladroit et trop caricatural, mais dont le fond reste globalement intéressant. Prendre un cadre de survie comme prétexte pour aborder à nouveau les thèmes sociaux (brimades, hiérarchie scolaire...) qui lui sont si chers reste une bonne idée de la part de Keiko Suenobu, mais on espère que la mangaka saura gommer ses maladresses par la suite.



Chronique 1 :


Mizuki, Haru, Chieko, Usui et Morishige semblent être les cinq seules survivantes de leur classe, suite à l'accident de bus survenu en plein voyage scolaire. Livrées à elles-mêmes et dépassées par les événements, elles sont en proie au doute, et finissent sous l'autorité de Morishige qui, après avoir été maltraitée sans cesse au sein de son lycée, s'impose à la tête du groupe, telle une vengeance méritée. L'équilibre de la bande est fragile, et leur situation ne fera que jongler les choses entre moments d'espoir et instants de désillusion...

Le premier volume de Limit plantait le cadre d'un récit de survie prometteur, mais qui pouvait toutefois rebuter par certains caractères de personnages proches du cliché. Morishige s'inscrit dans un schéma d'adolescente brimée par ses semblables et dont le rôle sonne comme une vendetta. Pourtant, loin d'avoir créé ces caractères pour le pur sensationnalisme, Keiko Suenobu ne s'est jamais éloigné de la thématique du harcèlement, si importante pour elle, et ce deuxième opus confirme cette optique.

Dans cette suite, le ton semble s'adoucir un tantinet tandis qu'une part est dédiée au pur récit de survie, dans un cadre plus apaisé et apaisant. À ce titre, le petit trio formé par Mizuki, Haru et Chieko est particulièrement efficace et permet l'amorce d'une humanité plus positive au sein du groupe. La mangaka se sert de ce climat effroyable pour faire évoluer le tempérament de son héroïne, après l'avoir placé au sein d'un vrai système où règne la loi du plus fort. La tournure est donc habile en plus de permettre à l'œuvre de sortir de son pessimisme. Aussi, rarement une phase de pèche n'aura mis autant de baume au cœur !

Pourtant, tout n'est pas que quiétude. Car le "système" auquel s'est autrefois soumis Mizuki laisse indéniablement des traces, allant jusqu'à justifier certaines réactions de personnages qui peuvent sembler excessives à première vue. Il est indéniable que cela permet à l'autrice d'apporter quelques rebondissements et de côtoyer une intensité négative qui rappelle parfois Battle Royale (en bien moins extrême, fort heureusement), en jouant sur la psychologie fragile de certaines figures dans un cadre si particulier, dans lequel la solitude rime avec le danger. Si quelques tournures de l'intrigue peuvent sembler forcées, tout le traitement de fond est limpide et censé, rendant le titre plus malin qu'il n'y paraît par moment.

Mais là où le volume se révèle vraiment surprenant, c'est dans sa manière de s'intéresser au monde des adultes lié au voyage scolaire, un point de vue qu'on n’attendait pas forcément. Keiko Suenobu n'hésite pas à être acerbe, quitte à être là aussi un poil extrême dans ses caractères de personnages. Voilà qui, tout en dirigeant un éventuel espoir pour le groupe d'adolescentes perdues, plante une autre thématique qu'on attend de voir se développer dans les quatre opus suivants. Car il ne reste déjà que quatre tomes avant la conclusion de Limit, ce qui semble aussi bien assez que trop peu, étant donné que la mangaka joue très bien la carte du récit de survie avec un véritable traitement de fond, pointant du doigt l'individualisme de la société sous différents aspects.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs