Liens du sang (les) Vol.5 - Actualité manga
Liens du sang (les) Vol.5 - Manga

Liens du sang (les) Vol.5 : Critiques

Chi no Wadachi

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 24 Décembre 2019

Chronique 2

L'heure de l'émancipation est-elle venue pour Seiichi ? Les événements portent plutôt à croire que oui. Désormais bien conscient que quelque chose ne va pas chez sa mère au point qu'il est souvent effrayé, hanté par celle-ci, le jeune garçon s'est enfui avec la camarade de classe dont il est amoureux, la mignonne Yuiko, qui a même pris sa défense quand Seiko a essayé de le récupérer. Résultat: Seiichi a tenu tête à sa génitrice beaucoup trop "possessive" (si l'on peut appeler ça comme ça)... mais pour quel résultat ? Dans l'immédiat, le collégien n'a plus d'endroit où aller, où rentrer chez lui. C'est alors que son adorable petite amie lui propose de venir dormir chez elle...

Jusqu'à présent, me parcours du jeune Seiichi a très souvent été marqué par des planches sombres, noires, voire déformées parfois, symbolisant le malaise et la perte de repères de l'adolescent face à sa trop envahissante et toxique mère qui ne le laisse aucunement grandir et s'émanciper. C'est encore un peu le cas dans le tout début de ce cinquième opus, les personnages voguant dans la nuit noire, et les quelques cases où l'image de Seiko apparaît à son fils restant assez malaisantes. Et le contraste est alors impeccable avec la blancheur des pages suivantes, dès lors que Seiichi pénètre dans la chambre de Yuiko et découvre cet endroit intime en compagnie de celle dont il est amoureux.

Une grande partie du tome est alors en opposition complète avec le ton des tomes précédents: ce sont des moments d'innocence, presque de grâce, qui attendent Seiichi et Yuiko dans une certaine intimité. Des moments qui apparaissent très purs sous la blancheur partiellement épurée des planches où Oshimi sait créer à merveille une atmosphère où les deux adolescents se rapprochent voire se touchent. Une pureté tout juste entachée par ce que Seiichi commence alors tout juste à découvrir de ses premiers émois amoureux mais aussi corporels, choses on ne peut plus naturelle et logique à son âge. Le mangaka sait vraiment bien dépeindre tout ceci, enveloppe ses deux jeunes personnages dans une sorte de cocon presque hors du temps et de tout... "presque", car malgré tout, malgré ces instants quasiment de béatitude, malgré ce qu'il a encore l'occasion de découvrir sur sa petite amie, sa famille et son désir d'ailleurs, il y a toujours, régulièrement, l'image de cette mère qui apparaît. Jamais totalement nettement, de manière hachurée, avec des expressions faciales indescriptibles...

Le mangaka prouve encore et toujours tout son sens artistique en ne laissant rien au hasard dans ses planches dans son agencement des cases, chaque planche témoignant, sans avoir forcément besoin de mots, de tout le trouble qui réside dans la tête de Seiichi, à la fois hypnotisé par Yuiko, et incapable d'effacer totalement l'image de sa mère même dans ces moments-là, y compris quand arrive le premier baiser. Chaque étape visuelle a un sens, une symbolique chez Oshimi, qui nous offre une première moitié de volume à nouveau assez intense et fascinante.

Mais ces instants peuvent-ils vraiment durer ? Seiko, insondable, n'est jamais très loin, et quand le père de Yuiko s'en mêle cela nous amène jusqu'à une nouvelle montée de tension qui nous laisse sur des dernières pages à nouveau très intenses. Mais avant cela, on a droit à toute une partie ne faisant que semer à nouveau le trouble chez Seiichi en même temps que chez le lecteur, dans la mesure où elle semble dévoiler avec force toute une part de l'état d'esprit de Seiko. On la revoit désespérée, en train de culpabiliser, et même de laisser entrevoir certains éléments de sa propre enfance qui pourraient très bien expliquer en partie sa personnalité paraissant si dérangée. Seiko parvient alors à toucher, tout en continuant d'inquiéter en même temps, comme elle a déjà pu si bien le faire à certains moments des tomes précédents. Car avec elle, et sous le trait d'Oshimi, il y a toujours comme une forme de doute. Où s'arrête la vérité, et où s'arrête la déformation de celle-ci sous ses paroles ?

Shuzo Oshimi, en comptant toujours sur ses merveilles visuelles et son art narratif troublant, offre alors un cinquième opus à la fois assez différent et tout aussi puissant et captivant que ses prédécesseurs. Il est toujours aussi délicat de prévoir où l'auteur va nous emmener, ce qui rend le récit d'autant plus stimulant et intrigant, et en attendant on le suit avec toujours avec les mêmes sentiments contradictoires entremêlés, quelque part entre malaise et fascination.


Chronique 1

Seiichi, grâce à la force que lui procure Yuiko, rejette sa mère en bloc. Celle-ci ne peut que se résigner, mais voilà que le jeune homme n'a plus vraiment d'endroit où aller s'il veut éviter son envahissante génitrice. Voilà que sa petite-amie lui propose le git, mais les deux adolescents devront se montrer discrets pour ne pas se faire prendre... Tandis que Seiichi découvrent ses premiers émois, Seiko va-t-elle véritablement abandonner son emprise sur son fils ?

Si les premiers tomes des Liens du Sang ont dépeint de manière aussi intense que dérangeante la relation toxique entre Seiichi et sa mère, la fin de l'opus précédent amenait un véritable chamboulement au sein de la série. Dans ce portrait d'adolescence dépeint par Shuzo Oshimi, le moment de l'émancipation était-il venu ?

C'est en partie à cette question que l'auteur répond avec un cinquième volet bien différent des précédents, mais particulièrement dense. Seiko est ici presque invisible, l'auteur prenant d'ailleurs souvent soin de ne pas montrer son visage, lorsque la mère envahit les pensées du héros. L'heure est donc aux premiers émois de Seiichi, et par conséquent ceux de Yuiko. La relation entre les deux personnages devenait plus forte au fil des chapitres, et elle atteint ici un pic d'effervescence que le mangaka sublime dans sa mise en image. Encore une fois, les teintes claires et le style épuré de l'artiste vient se confronter aux pages très sombres qui marquaient les confrontations entre Seiichi et Seiko. Shuzo Oshimi apporte toujours une symbolique à tous les instants, qu'elle soit dans l'esthétique ou dans les idées de scénario. Paradoxalement, l'amourette d'une grande pureté, idéalisée par la mise en scène, est la représentation quasi parfait des premiers sentiments d'adolescents. L'auteur continue de croquer cette thématique de manière encore plus magnifiée que dans ses précédentes œuvres, aussi on oublierait presque à certains moments que Seiichi est en cavale.

A travers cette fuite marquée par les premiers contacts entre les deux tourtereaux, Shuzo Oshimi propose un cinquième volume brillant par sa mère en scène, doux dans bon nombre de séquences, et haletant tant on sait que le héros n'est pas en totale sécurité. Un danger renforcé par la petite présence de Seiko, qu'elle soit physique ou spirituelle. Mais Shuzo Oshimi semble cherche plus loin que le simple trauma de la mère dans cet opus : des semblants de développements de la mère sont apportés (pour peu qu'ils soient avérés), même si on en attend peut-être plus de la suite de la série à ce sujet. Néanmoins, cela ne signifie par que l'auteur abandonne la menace presque mystique représentée par Seiko : la fin du volume en est la preuve, celle-ci apportant une nouvelle fois une intensité folle, et une sensation de malaise prouvant que les cicatrices de la mère sont toujours présentes chez Seiichi...

Une fois encore, Les Liens du Sang se lit avec une grande fascination, que ce soit dans les intentions de narration de Shuzo Oshimi, toujours lourdes de sens ou tout simplement pour son intrigue lourde, mais cette fois-ci équilibrée entre douceur et traumatisme, portée par des personnages qui marquent aussi bien le protagoniste que le lectorat. Vers où se dirige la série ? Difficile de le savoir, mais nuls doutes que les prochains volumes devraient répondre à cette question tout en se révélant tout aussi captivants.
    

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.75 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs