Liens du sang (les) Vol.4 - Actualité manga
Liens du sang (les) Vol.4 - Manga

Liens du sang (les) Vol.4 : Critiques

Chi no Wadachi

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 28 Novembre 2019

Chronique 2

Alors que Seiichi a pu enfin s'exprimer et ouvrir un peu plus son cœur à sa mère, celle-ci se jette sur son enfant et sert sa gorge de ses mains. Pour le jeune homme, voilà une nouvelle expérience traumatisante de cette mère toxique, si bien qu'il ne parvient plus à s'exprimer avec le moindre mot désormais. De son côté, Yuiko est loin d'avoir tourné le dos à ses sentiments. Se rendant compte de l'état dans lequel se trouve Seiichi, elle l'approche de nouveau...

Alors qu'on pensant qu'une fine lueur d'espoir permettait à Seiichi d'aller de l'avant, le volume précédent s'était conclu sur une note particulièrement sombre, dépeinte avec une maestria viscérale par Shûzô Oshimi. Alors, aborder cette suite n'était pas sans crainte. Mais étrangement, l'auteur nous fait cette fois osciller entre plusieurs teintes, rendant la lecture particulièrement éprouvante.

Car si la mère du protagoniste incarne les ténèbres, Yuiko retranscrit la lumière, et c'est toute une dualité qui est développée sur l'ensemble du volume. Le trauma de Seiichi est plus qu'apparent, mais le mangaka vient ici le contrebalancer avec la demoiselle qui se rapproche une nouvelle fois du jeune homme. Face aux scènes éprouvantes portées par la présence de Seiko, Shûzô Oshimi développe des scènes d'une infinies tendresse, exploitant alors une autre facettes des thématiques adolescentes qui lui tiennent à cœurs : celle du premier amour et de l'effet qu'il peut avoir sur un jeune individu.

Outre le fait que la relation entre Seiichi et Yuiko soit passionnante à suivre, l'auteure accumulant les parallèles entre les deux personnages, c'est toute la mise en scène de ces instants amoureux qui nous happe. Si les scènes autour de la mère du héros sont particulièrement sombres et torturées, celles autour de Yuiko présentent une infinie douceur que l'auteur met en exergue à travers un trait plus léger, laissant les teintes sombres du crayon de côté pour laisser place aux lueurs d'adolescent. Évidemment, la relation a un effet sur Seiichi dans son développement, apportant une certaine montée en puissance toujours plus palpable au sein du volume.

Ainsi, malgré tous ces instants de douceur, ce quatrième opus se dote d'une certaine intensité, notamment dans son final qui se rapproche d'un récit d'horreur. Tout renvoie effectivement à la fiction horrifique, l'intrigue comme la mise en scène qui rappellent à chaque fois un peu plus les films d'épouvante. Plus que jamais, l'auteur présente Seiko comme une menace particulièrement effrayante, si bien qu'on hésitera parfois à tourner la page, de peur que le « monstre » attrape Seiichi.

Un final terrifiant et intense, qui laisse place à une conclusion particulièrement évasive. Difficile de savoir ce qui nous attend par la suite, et c'est peut-être ce qu'il y a de plus effrayant. Reste que Les Liens du Sang se révèle toujours plus captivant, artistiquement poussé et d'une densité folle dans les traitements explorés. Shûzô Oshimi continue de nous livrer une de ses plus grandes œuvres.


Chronique 1

Dans un nouvel excès de son insondable folie, Seiko a purement et simplement resserré ses mains autour du coup de son fils, en étant non loin de le tuer, avant de reprendre un comportement tout à fait normalement peu de temps après. Comme le montrent les très fortes premières pages (ces mains sortant de l'ombre, ces regards de Seiko, ces ténèbres...), Seiichi en fait forcément des cauchemars. Même un mois plus tard. Lui qui avait déjà, depuis quelque temps, des problèmes d'élocution face au comportement de sa mère, le voici qui ne parvient tout simplement plus à parler, y compris en cours. Comme si, symboliquement, l'étranglement de sa mère avait définitivement anéanti toute possibilité pour lui de cracher ce qu'il ressent et d'exprimer son être face à l'étouffement maternel. La situation, forcément difficile à vivre pour l'adolescent qui ne sait absolument pas quoi faire, est d'autant plus dure que son mutisme lui vaut bientôt les moqueries de ses "amis", et que les adultes du corps enseignant ne cherchent pas forcément à chercher plus loin. Il ne peut s'appuyer réellement sur personne. Personne, hormis une certaine jeune fille pour qui il en pince, et qui lui montre toujours autant d'intérêt...

Après le nouveau traumatisme vécu par Seiichi, une lueur positive apparaît enfin pleinement auprès de lui en la personne de Yuiko, la si mignonne adolescente ne le lâchant pas des yeux et s'inquiétant pour lui. C'est à ses côtés, en faisant évoluer sa relation avec elle le pus naturellement du monde, que le jeune garçon peut enfin entrevoir de meilleures choses, des accalmies. Et c'est aussi à son contact que, surpassant son traumatisme, il parvient à nouveau à donner de la voix. Yuiko devient ici un personnage essentiel, aussi bien pour Seiichi que pour le récit dans sa globalité, si bien que l'heure est même venue d'entrevoir plus de choses sur le propre contexte familial de la jeune fille, lui aussi peu idéal, et qui pourrait expliquer pourquoi elle se sent si proche de Seiichi.

Entre escapades près l'école jusqu'à tard le soir, petits conversations innocentes pour apprendre à se découvrir et tout connaître l'un de l'autre, voire corps qui se rapprochent, Seiichi semble enfin entamer ici une véritable émancipation, de celles que peuvent connaître les adolescents de son âge. Mais la figure étouffante de sa mère n'est jamais bien loin, et de ce côté-là le mangaka joue à merveille sur l'alternance entre les instants passés avec Yuiko et les moments à la maison. Quand il se sent bien avec Yuiko, loin de la maison qu'il fuit, dès qu'il retourne chez lui l'adolescent retrouve cette atmosphère toxique, où sa mère lui dit sans cesse de ne pas rentrer trop tard, où elle va jusqu'à lui décortiquer son poisson comme s'il ne savait pas le faire lui-même... Entre l'inquiétude naturelle d'une mère pour son enfant et un véritable étouffement empreint de folie, Oshimi entretient toujours aussi efficacement le flou, l'ambiguïté autour de cette mère et du problème qui peut bien résider en elle. Certains instants, comme celui où elle vient s'excuser auprès de son fils en pleine nuit, montrent bien une conscience du mal qu'elle peut faire et de sa détresse, avant que, bien souvent, les faces les plus inquiétantes ne reprennent le dessus...

Portées par la patte visuelle toujours aussi captivante de l'auteur, cette alternance de bonheur (avec Yuiko) et d'angoisse (avec Seiko) ainsi que cette ambiguïté de la mère portent un volume à nouveau fascinant et inquiétant, jusque dans ses dernières dizaines de pages marquant un nouveau moment d'intensité, une nouvelle confrontation... et, peut-être bien, une nouvelle décision pleine d'impact dans les toutes dernières pages.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs