Liens du sang (les) Vol.3 - Actualité manga
Liens du sang (les) Vol.3 - Manga

Liens du sang (les) Vol.3 : Critiques

Chi no Wadachi

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 21 Août 2019

Chronique 2

Déstabilisé depuis qu'il a vu sa mère Seiko pousser soudainement de la falaise Shigeru, alors tombé dans le coma, puis cacher la vérité à tout le monde et refuser catégoriquement d'aller le voir à l'hôpital, le jeune Seiichi sent bien que quelque chose ne va pas, que la maman qu'il a toujours aimé cache peut-être quelque chose de toxique pour lui et pour son entourage, et il vient encore d'en avoir la confirmation: alors que la mignonne Yuiko était venue jusque chez lui pour lui remettre une lettre de déclaration, cette mère a fait irruption brutalement dans la chambre, a chassé l'adolescente, puis a déchiré la lettre avant d'adopter envers son fils un comportement on ne peut plus troublant. Si troublant que le jeune garçon peine désormais à s'exprimer, bégaie, comme si quelque chose restait coincé profondément dans sa gorge... au point d'étouffer entièrement son être. Arrivera-t-il alors à cracher ce qu'il ressent, ce qu'il redoute, avant qu'il ne soit trop tard ?

Le malaise est grandissant dans Les Liens du sang, y compris dans ce troisième volume qui ne fait que passer encore un cap dans la mise en images de la folie qui semble imprégner Seiko, et dans l'emprise qu'elle exerce forcément sur son enfant de 13 ans, un âge encore jeune mais où il doit pourtant commencer à sortir des jupon de sa maman. La sortie shopping où il laisse sa mère choisir ses vêtements tout en cachant son visage en passant près de ses connaissances, la réponse pleine de crainte faite à la déclaration de la pourtant irrésistible Yuiko, la visite auprès de son père à un Shigeru toujours dans le coma et méconnaissable, l'incapacité de notre jeune héros à retranscrire les paroles de pardon de sa tante... sont autant d'exemples du trouble régnant désormais entièrement en Seiichi, le rendant quasiment muet, effrayé en son for intérieur, incapable d'exprimer ce qu'il ressent à cette mère pourtant censée être son repère...

Et parallèlement à tout ceci, de nouveaux moments forts, abrupts, ont lieu sous les yeux de l'enfant, témoignant de toute la faiblesse psychologique de sa mère, en particulier lors de deux scènes. Tout d'abord, la dispute avec le père, où Seiko, plus que jamais, martèle ses craintes avec choc, dévoilant une femme encore plus insondable: on la pense ainsi à cause d'une affection trop intense pour son enfant, mais si la vérité était encore ailleurs ? Ensuite, la dernière partie du tome, d'une intensité aussi folle que malsaine et dérangeante, mais qui pourrait pousser le jeune garçon à une réaction... Pour quelles conséquences ?

Shuzo Oshimi brille sur tous les plans. Il dépeint en Seiko une femme toujours plus imperceptible et inquiétante, dont on ne peut prévoir les réactions, et qui suscite alors le trouble et l'effroi à chacune de ses apparitions, autant pour Seiichi que pour le lecteur. Une folie apparente cachant peut-être un appel à l'aide, ou une volonté de tout détruire... Et visuellement, l'artiste ne cesse de faire des merveilles, ses visages étant plus profonds et nuancés que jamais, ses nombreuses hachures sachant s'intensifier quand il le faut jusqu'à des quasi déformations dingues, ses angles de vue étant toujours bien trouvé, ne serait-ce que pour faire ressentir le malaise du quotidien via les décors étouffants ou le poids de la mère sur son enfant à travers certaines contreplongées.

Le récit avance à son rythme, un total éclatement de l'équilibre familial et des repères de l'adolescent ne semble pas loin, tut ceci se déroule dans une atmosphère toujours plus impressionnante dans son genre et personnelle... Les Liens du Sang est une oeuvre qui semble vouée à se bonifier toujours plus à chaque publication, et si ça continue comme ça l'auteur nous offrira bel et bien l'une des très puissantes séries dont il a désormais le secret depuis déjà plusieurs années.


Chronique 1

La vie de Seiichi a pris un tournant troublant depuis que son cousin, Shigeru, est dans le coma. Alors qu'il reçoit la visite de la fille pour laquelle il pince, Yuiko, le garçon voit la lettre d'amour de cette dernière déchirée sous ses yeux par sa mère, bien déterminer à ce que rien ne lui enlève son enfant. Jusqu'ou pourra aller l'emprise de Seiko sur son fils ?

Chaque volume de la série de Shûzô Ôshimi est une véritable expérience de lecture, troublante et dérangeante. Ce troisième tome ne fait pas exception à la règle, si bien qu'il faudra peut-être plusieurs étapes de lectures à certains pour en venir à bout. Ce qui n'est pas un mal, ceci attestant l'efficacité de l'ambiance instaurée par le mangaka, totalement volontaire.

Car depuis la dernière page du volume précédent, la crainte d'un nouveau comportement malsain de Seiko est présente à chacune de ses apparitions. Un climax qui a eu un impact sur Seiichi, le héros se trouvant totalement restabilisé, au point de ne plus s'exprimer correctement. Outre le fait que cela génère des petits moments d'angoisse dans le quotidien du garçon, cette mécanique va avoir du sens tout le long du tome, marquant les troubles du jeune homme à l'égard de sa mère, qui pourraient bien évoluer par la suite.

Toute cette mise en place de l'évolution de Seiichi, qui aura grand besoin de s'affirmer au sein de l’œuvre, est très bien mise en parallèle avec les propres troubles de Seiko. La mère du héros, qui nous terrifie comme elle attise notre soif de connaître les raisons de son comportement, se dévoile davantage. Ses craintes s'exposent, mais c'est un être encore plus imperceptible que nous décortique petit à petit Ôshimi. Ce dernier renforce l'anarchie du personnage en l'amenant à déconstruire totalement le foyer, cliché de la famille japonaise, jusqu'à aboutir à un potentiel éclatement. Des figures de style bien trouvées et qui permettent de marquer une autre idée de l'adolescence : celle de la perte de repères familiaux. Car à qui peut se fier Seiichi ? Ca, le grand final du volume pourra potentiellement apporter une réponse.

Car c'est une conclusion qui pourrait marquer bien des avancées pour la suite que nous présente l'auteur, une fin qui va sublimer le sentiment d'angoisse permanent de la série. Alors, Shûzô Ôshimi nous exposer tout son talent : son écriture des personnages, marqué par les révélations de Seiko comme de Seiichi, mais surtout sa mise en scène, toujours soigneusement calculée. Le mangaka fait alors ressortir tout l'effroi du récit, une peur psychologique marquée par les représentations toujours renouvelées de la mère du héros. On ne peut s'empêcher de toujours se questionner sur son comportement, bien que ce soient les sensations procurées par la narration et la palette artistique de l'auteur qui nous capte avant tout.

Avec ce troisième volume, Les Liens du Sang éclatent. Jouant sur le malaise autour des personnages et la tension grandissante vis à vis de Seiko, Shûzô Ôshimi nous livre une suite confirmant le statut unique de l’œuvre, abordant une écriture complexe tout en véhiculant toutes sortes d'émotions au fil des pages. Conteur de génie, on le savait déjà. Mais il semble que le mangaka nous livre une œuvre de plus en plus poussée et personnelle dans sa réalisation. Rien que pour ça, le manga mérite d'être lu.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs