Liens du sang (les) Vol.6 - Actualité manga
Liens du sang (les) Vol.6 - Manga

Liens du sang (les) Vol.6 : Critiques

Chi no Wadachi

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 15 Mai 2020

Chronique 2

Même lorsque le répit lui était accordé, les yeux de sa mère continuaient de le scruter avec pression. Aussi, Seiichi fait finalement le choix d'abandonner Yuiko et de retourner là où il a toujours vécu. Rapidement, le jeune garçon tombe nez à nez avec sa mère, et c'est les larmes ruisselant sur leurs visages que tous deux s'étreintent. Pour la mère, le moment est venu pour que tous deux s'ouvrent l'un à l'autre, sans faux semblant. Mais qu'en est-il vraiment ?

Le magistrale cinquième volume des Liens du Sang sonnait comme celui de la libération. Pourtant, Shuzo Oshimi n'a pas épargné le seune Seiichi qui a cédé au poids psychologique laissé par sa mère, courant ainsi la rejoindre.

De manière logique, ce sixième opus est celui des retrouvailles... Qui ne seront jamais marquées par une quelconque quiétude, contrairement à ce que laisse sous-entendre la couverture qui présente le petit Seiichi, l'air serein, au milieu de ses camarades. Un contraste d'autant plus marqué par la solitude du protagoniste, bien loin de ce visuel où il est présenté bien entouré.

Avec grande habilité, l'auteur tente de faire tomber le lecteur dans le même piège que Seiichi, dans une grande part du volume. Il joue volontairement avec la vérité, et nous livre ainsi un nouveau face à face terriblement déstabilisant entre la mère et le fils. Qui croire ? La vision que le début de la série nous a montré était-elle l'authentique ? Le trouble s'installe en nous au même rythme que la toxicité de la génitrice refait surface, pour une nouvelle opposition entre mère et fils aussi cruelle que marquante. Car cette fois, Shuzo Oshimi abord en filigrane les premiers émois sexuels d'un adolescents, et le rapport aux parents qui peut se trouver tourmenté à cet instant-là. Évidemment, l'idée est tournée à la sauce du crédit, pour une séquence psychologiquement rude où Oshimi redouble d'inventivité graphique pour entretenir l'aura diabolique d'une Seiko manipulatrice au possible. On pourrait croire que l'auteur fait se succéder les séquences du genre, mais il n'en n'est rien : Outre le renouveau dans la narration, chaque tome propose une idée supplémentaire piquée du chemin de l'adolescence.

Le dernier segment du volume est forcément déstabilisante, la tranquillité présentée n'ayant rien de bien naturel. Par une certaine révélation, nos acquis sont encore plus chamboulés. Que va-t-il advenir des personnages, dans les prochains chapitres ? Ces derniers pourraient être cruciaux, d'autant plus qu'on imagine mal le pauvre Seiichi rester sur ce statut quo, et renier éternellement le monde qui l'entoure. Encore une fois, les enjeux basculent dans Les Liens du Sang, ou pourraient basculer d'un moment à l'autre, selon le développement du scénario. Une chose est sûre : Ce sixième tome s'est montré éprouvant à sa manière, et le prochain sera attendu de pieds fermes.


Chronique 1

L'idylle blanche et pure avec la mignonne et adorable Yuiko, tout juste entachée par un sous-vêtement souillé, ne pouvait finalement pas durer: encore et toujours, Seiichi voyait l'image de sa mère à la place de l'adolescente, comme s'il était impossible pour lui de s'extirper de l'emprise exercée par cette femme. Une emprise ayant quelque chose de naturel puisque Seiko est la mère du jeune garçon... mais une emprise étant surtout toujours aussi toxique concernant cette femme insondable, tour à tour a priori bienveillante et apaisante, puis trop possessive, sombre, folle, effrayante. Au bout d'une fuite après avoir été repérés, les deux adolescents semblaient pourtant sur le point d'aller plus loin sous la pluie battante, mais Seiichi, rongé par ses visions étouffantes, en a décidé autrement: il vient de fuir Yuiko, pour retrouver les bras de Seiko...

Nourri d'une part de clarté grâce à la découverte de l'amour avec Yuiko, le précédent volume des Liens du Sang semble presque en contraste avec ce sixième opus, où la jeune fille n'est pas là, et où Seiko revient plus fortement que jamais exercer son influence suffocante sur l'ensemble des 220 pages. Mais c'est Seiichi lui-même, adolescent encore jeune et forcément troublé par tout ce qui se passe et qu'il croyait normal, qui est retourné de lui-même vers sa mère, comme s'il ne pouvait lui échapper...

La première partie du tome, à certains égards, semble pourtant presque normale, juste et touchante: sous la pluie, une mère éplorée peut enfin serrer dans ses bras son fils qu'elle recherchait désespérément, avant qu'elle ne décide de faire le point avec son enfant en affirmant vouloir une discussion sincère sur toute la vérité de ces dernières semaines, et notamment l'accident de Shigeru... instant précis où, une nouvelle fois, tout dérape vers l'insondable.

Pourtant, dès le début du tome et les retrouvailles larmoyantes, il y a toujours ces petits éléments qu'Oshimi sait distiller pour suggérer l'impossibilité de cerner réellement Seiko ainsi que le trouble en elle: un bisou un peu trop insistant, un sourire impossible à totalement déchiffrer... Et dès que les explications commencent, alors que tout comme Seishi on a presque envie d'y croire, c'est une certaine forme d'effroi qui s'empare de nous en même temps que du jeune garçon. Effroi pour la manière dont elle réinterprète l'"accident" de Shigeru comme ça l'arrange (et comme elle le pense), bien sûr, mais surtout effroi pour toute l'emprise qu'elle continue d'exercer, en permanence, sur son enfant et sur le lecteur (au point qu'on n'est pas loin de croire sa réinterprétation). La suite n'est qu'un enchaînement logique dans la montée en puissance de cette emprise, au travers de la scène particulièrement malsaine et intrusive avec le caleçon.

Et cette emprise, c'est vraiment à travers toute la puissance de son trait qu'Oshimi sait parfaitement la retranscrire. Ses décors sans trames et remplis de hachures y participent beaucoup, mais c'est encore plus le cas quand ce sont les personnages eux-mêmes qui sont nourris de ces hachures, avec des contours redevenant instables et déstabilisants (en particulier à partir de la page 114 où Seiko brandit le caleçon). Ce qui marque aussi, c'est tout le travail sur certaines parties du visage: les focus sur les lèvres de Seiko, comme si sa parole était tout et ne pouvait être contestée, ainsi que tous les gros plans sur les yeux et en particulier sur ceux complètement perdus et effrayés d'un Seiichi qui n'a rien à répondre. Rien, hormis une "allégeance" totale à sa mère...

Oshimi frappe donc à nouveau un grand coup avec ce tome, dont la puissance évocatrice est encore portée par un travail visuel d'orfèvre. La dernière partie du tome, marquée par un événement potentiellement important, ne fait qu'accentuer notre envie de lire au pus vite la suite de cette oeuvre aussi captivante qu'effrayante et déstabilisante.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs