Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 13 Décembre 2012
Akira Ijûin est un jeune garçon qui a deux mamans, jumelles qui plus est, et qui ne connaît pas son père. En apparence, il est comme tous les autres garçons, et pourtant, la nuit, il se transforme en l'Acrobate, un redoutable voleur annonçant à l'avance ses méfaits. Pour qui opère-t-il, et que vole-t-il ? C'est bien simple : il exécute les ordres de ses deux mères aussi capricieuses qu'immatures en dérobant ce dont elles ont envie : un rideau de théâtre qui ferait un superbe tapis, une statue de glace qui rendrait bien dans la piscine, le pâtissier de la reine d'Angleterre parce qu'il fait de bons gâteaux...
Mais sa vie risque de basculer un eu lorsqu'il rencontre Utako, une gamine de 6 ans qui vient de subir une déception amoureuse en étant refoulée par son prof de 17 ans son aîné. En voyant arriver devant elle un petit voleur, elle décide donc... de tomber amoureuse de lui. C'est elle qui le décide.
Voici donc le jeune Akira obligé de jongler entre ses vols pour deux mères irresponsables et ses contacts avec une gamine pas beaucoup mieux, mais dont il semble avoir accepté les sentiments soudains sans trop chercher à comprendre. A ceci vient s'ajouter d'autres d'autres problèmes : Ryû, son voisin de seconde, bien décidé à capturer le fameux Acrobate, sans se douter qu'il s'agit de son jeune voisin....
Oulaaaa. En quelques lignes, on a donc... euh... un tas de débilités laissant entrevoir un ton résolument décalé et parodique. Bah, pourquoi, pas. Mais il aurait été sympathique que les Clamp montrent un minimum de talent dans le domaine. Car le prétexte de la parodie suffit-il à laisser passer une overdose de facilités et d'incohérences ?
Car c'est bien ça que le quatuor nous sert. Si les quelques lignes de résumé si-dessus vous ont déjà fait écarquiller les yeux, sachez que vous n'êtes pas au bout de vos surprises, même si le vrai n'importe quoi commence dès les premières pages pour ne plus jamais s'arrêter. On commence donc avec un vol qui se finit par une fuite sortie de nulle part : en volant, attaché à un rideau rempli de ballons de baudruche... Hé, mais attends, gamin : comment as-tu eu le temps de gonfler tous tes ballons alors que tu étais poursuivi par la police dirigée par Ryû ?
... Euh... De... Quoi ? Ryû qui dirige la police ? Euh... mais, que... Il a bien été dit au début qu'il s'agit d'une voisin de seconde d'Akira, non ? Alors, pourquoi se retrouve-t-il à donner des ordres aux flics ?
Et d'ailleurs, elle est où, la police ? Elle fait quoi ? Parce qu'à part deux ou trois clampins qui courent parfois derrière Ryû, elle n'a pas l'air très compétente, quand on voit la facilité avec laquelle un simple gamin accomplit ses méfaits. Ainsi se retrouve-t-on, par exemple, avec une police qui sait pertinemment où l'Acrobate attaquera vu qu'il prévient toujours à l'avance, et qui visiblement ne prend pas la peine de surveiller le terrain alentour, ce qui est un minimum, et se fait donc surprendre par un gosse masqué (d'ailleurs, parfois il est masqué, parfois non, ne cherchez pas à comprendre) qui arrive sur le haut d'une... grue ?! A cet instant précis, celles et ceux qui n'auront pas encore vu toutes leurs neurones lâcher en se demandant qui pilote la grue pendant qu'Akira se promène dessus, verront alors notre cher voleur s'en aller sans le moindre problème.
Bien bien. Quoi d'autre ? Des broutilles. Une gamine de 6 ans qui tombe amoureuse comme elle change de chaussettes, et qui a une grande soeur qui fait des super blagues (genre, mettre du sel au lieu du sucre dans un gâteau, trop folle !). Un tas de petits détails enfonçant toujours plus la série dans le ridicule (à tout hasard, Ryû étant le voisin d'Akira, il devrait voir, encastré dans sa maison, le ptérodactyle volant - non, puisqu'on vous dit de ne pas chercher à comprendre - qui a servi au vol de la veille, et donc percuter un peu, nan ?). Un docteur sortant un peu de nulle part pour balancer de grandes tirades insupportables sur l'amour et autres choses de ce type, tout en essayant de vaguement intriguer sur l'identité du père d'Akira (hé, faut bien essayer de mettre un vague fil rouge quelque part).
Enfin, visuellement, on a affaire à du vieux Clamp, pauvre et enfantin, qui se paie en plus en découpage confus et une narration totalement décousue (personnages qui arrivent de nulle part, scènes de vol bâclées...).
Bon, c'en est assez. Le voleur aux cent visages est une courte série qui se veut parodique et axée pour les plus jeunes. Le problème, c'est que les Clamp n'ont pas compris qu'il ne suffit pas de mettre du n'importe quoi partout pour faire de la parodie ou du comique. La lecture devient vite insupportable tant elle ne ressemble à rien, et il faut espérer que même des enfants ne se laisseront pas avoir par une telle purge.