Garçon du Train (le) - Sois fort, Garçon ! Vol.1 - Actualité manga

Garçon du Train (le) - Sois fort, Garçon ! Vol.1 : Critiques

Densha Otoko - Ganbare doku otoko !

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 20 Janvier 2011

Le garçon du train, ou Densha Otoko, et sans doute le conte de fée moderne le plus connu et le plus populaire du Japon depuis le début de ce vingt-et-unième siècle. Tout commença par une histoire vraie, du moins présentée ainsi même s'il existe encore des détracteurs qui nient la véracité de cette aventure. Un soir, sur 2channel, forum le plus populaire du Japon, un otaku se mit à raconter sur un topic de célibataire une anecdote qui bouleversa sa vie : quelques heures plus tôt, dans un train, il brisa son caractère renfermé en venant en aide à une jeune fille harcelée par un ivrogne. La demoiselle prit ensuite ses coordonnées pour le remercier, et c'est ainsi que débuta l'histoire, que les habitués du forum purent suivre, en conseillant même le héros dans son évolution pour guérir de son rejet du monde et de ses vieilles manies.

Par la suite, la popularité du récit dépassa les cadres du site pour connaitre de nombreuses adaptations, en film, série TV, roman, et ce qui nous intéresse ici : en manga. Il existe pas moins de quatre versions dessinées différentes, trois d'entre elles ayant même été adaptées en français, "Densha Otoko" chez Kurokawa, "Sois fort Garçon" et "Moi aussi je pars à l'aventure" chez Taïfu Comics. Si le récit reste identique dans les grandes lignes, chaque auteur apporte ses nuances, et sa vision différente du garçon du train et de sa belle promise. Voyons donc ce qu'il en est ici avec cet opus réalisé par Hitori Nakano et Daisuke Douke.

Il suffit de tomber sur le rabat de la couverture pour comprendre que les auteurs développeront surtout le côté otaku et looser du héros au cours du récit, et les premières pages ne font que renforcer cette idée : le voilà traînant à Akihabara, vêtue d'une tenue improbable et dialoguant par la pensée avec une figurine récemment acquise... contrastant avec "Hermès", sa dulcinée aux allures de fille parfaite (et fortunée). La peinture qui est faite du reste des internautes est tout aussi pessimiste et caricaturale; là où Hidenori Hara représentait tous les âges et classes sociales derrière les écrans d'ordinateur, les auteurs présentent ici des cas profondément désespérés, entre le "vieux" qui n'a jamais touché la main d'une fille en ving-neuf ans, l'obèse, le brimé à coupe afro et l'ancien hikikomori reconverti, tous se déchaînant de manière exagérée tant dans la forme que dans le fond quand il s'agit de commenter. Leurs divagations occulteraient presque le cœur du récit en lui-même, à savoir l'avancée du "Garçon", de son premier coup de téléphone au premier rendez-vous, sans oublier sa transformation physique. Ici, nous ressentons tous le poids porté par le mot "otaku", au sens bien plus péjoratif au Japon qu'en France : ce mode de vie y est vu comme une tare, un défaut qu'il est bien difficile de modifier une fois à l'intérieur. On est bien loin d'une acceptation assumée à la Genshiken. Heureusement, le récit est quand même porté par beaucoup d'humour, raillant souvent sur cette situation... mais on se surprend à rire parfois jaune dans cette adaptation un peu amère.

Le trait de Daisuke Douke manque également de conviction. Sans être catastrophique non plus, on ressent rapidement l'inexpérience de ce dessinateur, au style peu précis et souffrant de nombreux problèmes d'équilibres et de proportions. Son graphisme ne convainc jamais absolument, qu'il s'agisse des passages en Super Deformed comme aux moments plus intenses. L'abus de trames narratives, proche du shojo, nous dévoile surtout de nombreuses faiblesses et facilités pour combler les blancs autour de ses personnages. L'adaptation offerte par Taïfu est quant à elle plutôt correcte au vu du travail assez lourd sur les discussions virtuelles, mais l'on peut noter quelques problèmes d'encrage.

Au final, cette version du garçon du train se pose surtout comme une adaptation assez opportuniste du récit original, confié à un duo d'auteur débutant qui avait là de quoi percer sans trop d'efforts... Il en ressort un laxisme que l'on ressent tant au point de vue d'un dessin plein de maladresses que d'un scénario très premier degré et caricatural. Il n'empêche que malgré tout, quelque soit la version, ce récit ne perd rien de son caractère enthousiasmant et plein d'espoir pour bon nombre de célibataires !


Tianjun


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
12 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs