Cercle du suicide (le) - Actualité manga

Cercle du suicide (le) : Critiques

Jisatsu Circle

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 23 Octobre 2012

Après avoir fait preuve de poésie et de philosophie avec La musique de Marie, Usamaru Furuya signe son retour avec un titre dérangeant: Le cercle du suicide.

Le 31 mai 2001, à la gare de Shinjuku, 54 écolières se tiennent la main sur le quai. A l'arrivé du train, le groupe saute sur les rails pour faire un suicide collectif. Seule Saya, une lycéenne mal dans sa peau, en réchappe. Kyoko, son amie, se fait naturellement du soucis pour la lycéenne. En effet, Saya n'a qu'un nom en bouche, celui Mitsuko, la fille qu'elle idolâtre et qui est responsable du suicide collectif.

Usamaru Furuya scinde son récit en deux parties, tout en faisant monter la tension au fil des pages. D'une part, il va revenir sur le passé de Saya, il va dévoiler petit à petit les raisons qui l'ont poussé à commettre une tentative de suicide. Le mangaka nous dévoile comment la jeune fille s'est retrouvée seule, livrée à la prostitution. Il nous raconte également sa rencontre avec Mitsuko, qui, telle un gourou, va l'intégrer dans son club du suicide. D'autre part, Usamaru Furuya développe une intrigue teintée de surnaturel autour du personnage de Saya et du club du suicide. Si celle-ci a survécu au suicide collectif du 31 mai, son histoire ne s'arrête pas là. Son amie, Kyoko, va de son côté enquêter sur Saya et ce mystérieux club aussi intrigant que malsain.

Cette narration en deux parties constitue l'une des forces du Cercle du suicide. En effet, cette particularité narrative imprègne le lecteur dans le récit. Pour expliquer, disons que les scènes antérieures au suicide collectif du 31 mai familiarisent le lecteur avec les personnages. Tandis que les séquences faisant suite au suicide collectif tissent une intrigue fantastico-macabre qui tiendra le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. Là où Usamaru Furuya brille dans sa narration, c'est qu'il inverse les rôles de ses parties, et elles finissent par se croiser. Dans le passé, la tension dramatique monte inexorablement. A l'inverse, plus on avance dans le présent, et plus on tombe dans le sentimentalisme. C'est un narration très compliquée à mettre en scène, et Usamaru Furuya s'en sort avec brio.

Les performances graphiques d'Usamaru Furuya contribuent également à la qualité globale de l'ouvrage. Le trait du mangaka est sublime. Cela tend à rendre les héroïnes, Saya et Kyoko, encore plus attachantes. L'auteur soigne parfaitement le design de ses lycéennes, pour les rendre très belle. Mais Usamaru Furuya utilise un contraste en donnant un aspect physique désagréable à certains personnages. Il joue sur ce contraste de beauté pour développer finement les personnalités de ses protagonistes. Et ça marche, le lecteur se laisse facilement entraîner dans son jeu graphique. Outre les qualités du trait de l'auteur, il faut noter qu'Usamaru Furuya pousse loin dans le malsain. Entre les corps démembrés de jeunes écolières, les représentations nues d'une jeune fille scarifiée, et d'autres scènes d'horreur, il faut bien se rendre compte que Le cercle du suicide n'est pas un manga à mettre entre toutes les mains.

Usamaru Furuya se sert d'un découpage de cases inventif pour faire briller sa narration. En effet, la mise en page du manga est très fluide, et cela permet au lecteur de mieux se plonger dans l'univers développer par l'auteur. En plus de cela, le mangaka nous surprend en ajoutant des dates, au dessus des cases, quand le besoin de la narration s'en fait sentir. C'est très efficace pour nous faire voyager entre les différentes périodes de son récit. Mais l'inventivité graphique ne s'arrête pas là. Usamaru Furuya utilise des textes entre les cases pour commenter son récit et ainsi faire avancer l'histoire. C'est un peu déstabilisant, mais c'est diablement efficace. Il utilise aussi des cases, sans dessin, pour faire passer des textes forts. D'autres éléments graphiques cassant les codes du manga sont à découvrir dans Le cercle du suicide, et notamment avec la fin.

Au niveau de l'édition, Sakka fourni un très bon travail. Le papier est d'excellente qualité et la traduction, très fluide, rend le manga facile à lire. Un petit texte sur le parcours professionnel du mangaka est disponible à la fin de l'ouvrage.

Le cercle du suicide est finalement un très bon thriller. L'auteur mêle le psychologique et le mystique avec une très grande habilité tout en traitant du mal-être adolescent. Usamaru Furuya nous livre donc un one shot dont il serait dommage de se passer pour les fans du genre. Malgré tout, et comme le laisse présager le titre, Le cercle du suicide est un manga dérangeant, parfois assez malsain. Il est donc fortement conseillé aux âmes les plus sensibles de passer leur chemin.


jojo81


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
jojo81
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs