Lastman Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 16 Janvier 2018

En mars 2013, aux éditions Casterman, débarquait un OVNI dans le paysage habituel du manga : « Lastman », fruit de la collaboration de trois auteurs français : Balak au story-board, Bastien Vivès et Michaël Sanlaville . D'abord en parution gratuite sur le site Delitoon, la série sera ensuite éditée en version papier. 


Alors, qu'est-ce que c'est au juste, « Lastman » ? Et bien juste un des meilleurs mangas français paru à ce jour. Et nous allons voir pourquoi...


Adrian Velba est un jeune garçon de 12, qui fait partie de l'école de Maitre Jansen, une école d'Arts Martiaux un peu spéciale. En effet, dans ce monde, les combattants peuvent réaliser des incantations magiques qui les aideront lors de leurs affrontements. Adrian se fait une joie de participer au tournoi annuel parrainé par le roi Virgil et la reine Efira qui avance à grands pas, un tournoi prestigieux dans le royaume où il habite avec sa mère, Marianne.


Mais lorsque le grand jour arrive, Adrian se retrouve malheureusement sans partenaire. Alors que le jeune garçon est effondré, un homme étrange du nom de Richard Aldana débarque et se propose de faire équipe avec lui...


Lastman commence donc avec un tournoi, lot assez basique de tout bon shonen qui se respecte. Pourtant, ne vous y trompez pas : Lastman n'est pas un shonen, il se rangerait plutôt dans la catégorie des seinens. En effet, si on a une ambiance bon enfant au tout début, avec le personnage candide d'Adrian, très rapidement la série prend une tournure beaucoup plus adulte avec l'arrivée de Richard Aldana. En effet, Richard Aldana ne se démarque pas seulement avec son allure, mais aussi avec sa manière de parler et tout son comportement. Il semble ignorer tous les us et coutumes du royaume et son langage est beaucoup plus cru que la plupart des autres personnages. Autant dire que l'on est intrigué par une telle différence ! Pourquoi avoir créé un tel fossé ? 


Le tome 1 nous apparaît comme une sorte de mise en bouche, se contentant de nous présenter en surface une palette de personnages assez étendue. On est rapidement happé par l'histoire, on dévore les pages sans même s'en rendre, impatient que nous sommes à trépigner devant chaque combat. 


Au niveau du dessin, Lastman risque par contre de diviser. On y reconnaît très bien le style de Bastien Vivès, style très épuré et aux traits assez approximatifs, mais diablement efficaces. Pour ceux habituer au trait très précis du manga, cela risque de faire un drôle d'effet, et c'est tout à fait compréhensible, mais il faut vraiment faire l'effort au début pour s'en accommoder et découvrir cette œuvre riche et vraiment passionnante. On notera quand même que pour ce premier tome, nous ne sommes pas au niveau de dessin que les auteurs atteindront plus tard, et que certains personnages ou certains décors auraient mérité, parfois, quelques traits supplémentaires. 


Mais cela explique-t-il pourquoi Lastman fait, sans conteste, partie des meilleurs « manga français » à ce jour ? Oui, en partie. Lastman est une œuvre atypique, de par son format d'origine (un webtoon), mais aussi par les intentions initiales des auteurs en la créant : faire du manga sans pour autant s'enfermer dans ses codes. Et ils ont brillamment réussi. Car contrairement à des œuvres comme Radiant ou encore Burning Tatoo (toutes les deux de qualité) qui suivent un schéma plus classique intrinsèque au shônen, avec Lastman on a quelque chose de radicalement différent. Dans Lastman, si on a cette quête du progrès avec Adrian, du côté de Richard, on est dans une optique radicalement différente.  On ne sait rien de Richard Aldana, le deuxième personnage principal, et de ses objectifs. Est-il là pour devenir un modèle pour Adrian ? Son maître, alors qu'il semble complètement  en décalage avec ce monde ? Et ce sera la même chose pour le tournoi. Si pour Adrian c'est un événement extrêmement symbolique et important, ce n'est pas du tout même chose pour Richard, qui ne pense qu'à gagner le tournoi. L'honneur, les règles, ce sont bien peu de choses pour lui, qui ne pense qu'à l'emporter. On a donc deux personnages complètement à l'opposé, qui vont faire équipe et qui pourtant s'entende pratiquement à merveille... Le ton assez cru et sans concession de l’œuvre apportée par Richard, contrebalancé à la vision naïve et innocente d'Adrian donne un décalage assez plaisant et nouveau. 


Là où ils sont également brillamment réussis, c'est le découpage. Sachez qu'une fois que vous ouvrez un tome de Lastman, vous n'en ressortirez qu'au moment où vous tournerez la dernière page. Les cases s'enchaînent merveilleusement bien et transportent notre regard d'un bout d'une page à une autre sans jamais nous perdre. Quant aux scènes d'action, elles sont toujours claires et prenantes.


En conclusion, ce premier tome de Lastman est très bon, et engage parfaitement bien la série. On nous laisse sur un cliffhanger assez prenant (bien que classique) qui nous donne l'eau à la bouche pour la suite. 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
kayukichan
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs